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18 avril 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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Christianisme: les deux plus grandes confessions chrétiennes en guerre de religion en Europe de l’est et des haines tenaces, concernant la visite du pape dans les Balkans

Les bonnes intentions du pape François: construire des ponts avec les autres chrétiens en 1000 ans, entre chefs des deux plus grandes confessions chrétiennes, l’Eglise orthodoxe bulgare et l’Eglise catholique bulgare.

Le pape se rend dimanche en Bulgarie, puis en Macédoine du Nord, petits pays pauvres d’Europe de l’est. Le souverain pontife poursuit ainsi son exploration des «périphéries» et son «dialogue» ardu avec les chrétiens orthodoxes.

Il entend certes encourager les 44 000 catholiques bulgares, soit 0,6% des 7 millions d’habitants et les 20 000 catholiques macédoniens, soit 0,4% des 2,1 millions d’habitants. Mais sa rencontre avec les Eglises orthodoxes reste essentielle.

Même si ses bonnes intentions de construire des ponts avec les autres chrétiens ont été quelque peu douchées un mois avant son arrivée… Le «synode» qui dirige l’Eglise orthodoxe bulgare a condamné toute participation de prêtres orthodoxes à «une prière pour la paix» prévue lundi sur une place publique de Sofia. Ce genre de rendez-vous interconfessionnel dont raffole le pape a été requalifié en simple «rencontre» par le Vatican.

Les orthodoxes bulgares ont aussi rejeté toute forme de service religieux dimanche dans la cathédrale orthodoxe de Sofia où se rendra le pape.

En Bulgarie, François a pris le risque de saluer la seule Eglise orthodoxe qui ne participe pas à une commission de dialogue théologique officielle avec les catholiques-romains. Repliée sur elle-même, l’Eglise orthodoxe bulgare, marquée par 45 ans d’athéisme officiel sous le communisme, s’est durcie après une scission surmontée en 2001. Pour certains, les catholiques sont encore les dangereux prosélytes des siècles passés.

Ce pas vers l’unité des chrétiens avait été vivement critiqué en Russie par un courant religieux nationaliste et conservateur en 2016. C’est ce même courant qui pousserait les orthodoxes bulgares décidés à freiner l’ouverture plus grande de leur patriarche Néophyte.

L’Eglise catholique se préoccupe seulement depuis une soixantaine d’années du rapprochement entre chrétiens, inscrit dans son concile Vatican II (1962-1965). Une goutte d’eau dans une histoire bi-millénaire marquée par des schismes, de sanglantes guerres de religions en Europe et des haines tenaces.

En février 2016, le pape François et le patriarche orthodoxe russe Kirill avaient pourtant franchi à Cuba un pas historique, avec la première rencontre en 1000 ans entre chefs des deux plus grandes confessions chrétiennes.

Fidèle à son mot d’ordre, le chef des 1,3 milliard de catholiques de la planète avait consacré ses deux premiers voyages européens à l’Albanie (2014) et à la Bosnie-Herzégovine (2015), deux pays majoritairement musulmans. Au risque d’irriter des grands pays catholiques européens. En Bulgarie et en Macédoine du Nord, le Pape répond à une invitation des Etats.

Le voyage de trois jours comptera deux temps forts: une prière à Skopje devant un monument de la plus célèbre native de la capitale macédonienne, sainte mère Teresa de Calcutta, et la visite éclair à Sofia d’un camp de réfugiés. Ce dernier geste risque de susciter l’incompréhension de l’opinion publique, plutôt hostile à l’accueil des migrants, prôné inlassablement par le pape.

Bulgares et Macédoniens attendent avec curiosité, voire une certaine incrédulité, l’arrivée du pape argentin sur leurs petits territoires marginalement catholiques. Avant même d’être élu pape, Jorge Bergoglio avait conseillé à l’Eglise de se décentraliser pour aller vers «les périphéries» géographiques, parfois pour mieux voir le monde avec le regard excentré des plus modestes.

Pour le Premier ministre bulgare Boïko Borissov, la visite de François «illustre son intérêt au développement économique pacifique des Balkans». En Macédoine du Nord, le chef de gouvernement Zoran Zaev a souligné que cette toute première visite d’un pape était attendue avec «gratitude». Le petit pays espère commencer des négociations d’adhésion à l’Union européenne après avoir mis fin à 27 ans de litige avec la Grèce sur son nom.

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