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19 avril 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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Les manifestations roumaines visent le gouvernement sur la corruption

GABRIEL MIHAI

Des milliers de Roumains ont protesté à Bucarest craigeant que les plans du gouvernement n’affaiblissent la lutte anti-corruption.

Les projets de décrets montrent une intention de pardonner des condamnations de moins de cinq ans pour plusieurs crimes. Le gouvernement veut aussi dépénaliser l’abus de pouvoir s’il cause un préjudice de moins de 200 000 lei (environ 44 000 euros).

A Bucarest, environ 3 000 personnes ont défilé sur un édifice gouvernemental. D’autres manifestations de moindre importance ont été signalées dans la ville de Cluj, dans l’ouest, ainsi qu’à Sibiu, Iasi et Craiova.

Les manifestants craignent que les mesures ne soient utilisées pour permettre aux politiciens d’échapper aux condamnations pour corruption et de sortir de prison.

Le président de la Roumanie, Klaus Iohannis, est intervenu lors de sa première réunion ministérielle depuis sa prise de fonction en 2014. Il a mis en garde contre les plans qu’il qualifiait « d’éléphants dans la salle » dont personne ne parlait.

Le gouvernement, qui est entré au pouvoir en décembre dernier, a déclaré qu’il fallait que le code criminel soit conforme aux récentes décisions des tribunaux et que les pardons pourraient aider à atténuer le surpeuplement des prisons.

“Le Premier ministre Sorin Grindeanu s’est engagé à ne pas mettre à l’ordre du jour un tel projet rapidement (…), mais, au contraire, à le soumettre à un débat public, comme le prévoit la loi“, a déclaré M. Iohannis au début de la réunion du Conseil.

“Je suis convaincu que nous tous souhaitons une consolidation de l’Etat de droit, ce qui implique le respect des normes en vigueur“, a-t-il martelé lors de cette première participation à un Conseil des ministres depuis le début de son mandat fin 2014.
Le chef de l’Etat de centre droit avait évoqué mardi soir des “rumeurs” selon lesquelles la majorité de gauche s’apprêterait à “blanchir les dossiers” de plusieurs responsables politiques en adoptant deux projets de loi visant une grâce collective et une dépénalisation de certaines infractions. Ces deux textes ont été rendus publics en fin de matinée.

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs grandes villes du pays, selon les médias. A Bucarest, environ 3.000 protestataires se sont rendus devant le siège du gouvernement en scandant “Démission”.

“Nous voulons la démocratie, pas l’amnistie”, ou encore “Votre place est en prison”, pouvait-on lire sur leurs pancartes.

Le Premier ministre s’est défendu des accusations d’avoir voulu adopter ces deux textes en catimini mercredi, mais la date prévue d’entrée en vigueur figurant sur l’un d’entre eux le contredit.

Le ministre de la Justice Florin Iordache a défendu le projet de grâce, qui permettrait selon lui de désengorger les prisons, en mettant en liberté entre 2.300 et 2.500 détenus, sur un total de 27.500.

La Commission européenne, qui surveille de près la réforme de la justice en Roumanie, avait mis en garde dans son rapport annuel de 2015 contre tout projet de loi qui aurait pour effet de “blanchir des individus condamnés pour délits de corruption”.

Mais les responsables juridiques ont critiqué les plans pour changer la loi sans consulter le pouvoir judiciaire ou passer par le Parlement.

L’abus de pouvoir est censé représenter un tiers des enquêtes anti-corruption.

La Commission européenne, dont le système juridique est contrôlé par la Roumanie, a loué les efforts déployés par les juges pour lutter contre la corruption, mais s’inquiète des tentatives des politiciens d’essayer d’affaiblir les enquêtes.

 

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