Il s’agit de la première visite d’État en France d’un président brésilien depuis 2012, et elle intervient à quelques mois de la COP 30 organisée par le Brésil en novembre prochain.
Avant de faire escale sur les quais de la Seine, Lula a donc déjà beaucoup voyagé. Depuis le 1er janvier 2025, il s’est rendu dans la capitale d’Uruguay (1er mars), pour la prise de fonction du président Yamandu Orsi, puis, fin mars, à Tokyo (Japon) et Hanoï (Vietnam), pour nouer des contacts bilatéraux essentiellement économiques. Les 8 et 9 avril à Tegucigalpa, siège du gouvernement hondurien, il a assisté au sommet de la Communauté d’États latino-américains et Caraïbes (CELAC), puis il s’est rendu au Vatican les 25 et 26 avril aux obsèques du pape François, et le 18 mai pour la messe d’intronisation de Léon XIV. Le 9 mai à Moscou, il était présent aux cérémonies anniversaires de la victoire sur l’Allemagne nazie. Le 12 mai, à Pékin, il a participé au sommet Chine-CELAC.
Sa visite de deux jours à Paris s’inscrit dans une chaîne de rendez-vous diplomatiques en continu. Dans le cadre de son troisième mandat présidentiel, il a effectué 27 voyages internationaux en 2023 et 13 voyages en 2024. Il a, par ailleurs, organisé au Brésil un Sommet sud-américain le 30 mai 2023, un Sommet des pays membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA) à Belém les 8 et 9 août 2023, et un sommet du G20 les 18 et 19 novembre 2024 à Rio de Janeiro. Il s’apprête à recevoir un sommet des BRICS, toujours à Rio de Janeiro, les 6 et 7 juillet 2025, et la COP30 sur le changement climatique à Belém du 10 au 21 novembre 2025.
Le président brésilien a participé à un certain nombre de rencontres internationales, dont :
– l’Assemblée générale annuelle de l’ONU (2023 et 2024) ;
– les sommets du Mercosur (2023 et 2024), les sommets des BRICS (2023 et 2024), le sommet du G77 à La Havane (2023) et le sommet Union européenne-CELAC (2023) ;
– la Conférence des pays de langue portugaise (2023), le Sommet ibéro-américain (2023), le sommet de l’Union africaine (2024), le Forum économique mondial de Davos (2023, 2024 et 2025), le Forum de la coalition mondiale pour la justice sociale à Genève (2024) et le Forum Chine-CELAC (2025).
Sur son agenda sont inscrits, à venir, le 15e sommet des pays de langue portugaise (juillet), l’Assemblée générale des Nations unies (septembre) et deux rencontres du Mercosur (juillet et décembre). À des dates encore non précisées, un G20 en Afrique du Sud, un sommet de l’Organisation des États américains (OEA) en République dominicaine et un sommet de l’OTCA.
La visite de Luiz Inácio Lula da Silva, qui avait lui-même accueilli son homologue français en mars 2024, vise selon le président brésilien à « renforcer » les liens stratégiques entre les deux pays. Une douzaine d’accords de coopération dans les domaines de l’environnement, de la technologie, de la défense, de l’énergie et de la santé devraient être signés.
Dans le contexte mondial mouvementé, marqué notamment par les surtaxes douanières imposées par le président américain Donald Trump à ses partenaires, et par les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, « il est d’autant plus important de retrouver des convergences avec le Brésil, un grand État émergent » qui assure cette année la présidence tournante du bloc des Brics, a souligné l’Élysée.
La France compte notamment sur la mobilisation du Brésil, qui a reconnu l’État palestinien en 2010, pour peser sur l’issue de la conférence organisée par la France et l’Arabie saoudite à l’ONU mi-juin, visant à redonner un élan à une solution politique au conflit israélo-palestinien.
Lula, est en visite officielle en France afin de renforcer les liens stratégiques entre les deux pays. Après avoir été accueillis par une cérémonie aux Invalides, les deux chefs d’État ont déjeuné ensemble à l’Élysée. Pendant ce temps, l’épouse du président du Brésil, Rosangela Lula da Silva était à la Cité scolaire Montaigne, dans le 6e arrondissement de Paris, en compagnie de Brigitte Macron afin de sensibiliser les élèves à la lutte contre le harcèlement scolaire.
Dans la soirée, un dîner d’État était organisé au palais de l’Élysée. Après avoir accueilli Lula et son épouse sous la pluie, Brigitte et Emmanuel Macron ont trinqué avec leurs prestigieux invités. Sur place, d’autres personnalités étaient également présentes. Cristina Cordula, d’origine brésilienne, a été conviée, tout comme Vincent Cassel et sa compagne Narah Baptiste également originaire du Brésil. Parmi les invités se trouvaient aussi Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni-Sarkozy, ainsi que Bernard Arnault, directeur général de LVMH.
Au cours d’une conférence de presse à l’Élysée, le président brésilien a exhorté son homologue français à “conclure” l’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne, auquel Paris est opposé dans sa forme actuelle.
“Mon cher Macron, ouvrez un petit peu votre cœur à cette possibilité de conclure cet accord avec notre cher Mercosur. Cet accord, ce serait la meilleure réponse que nos régions puissent apporter face au contexte incertain créé par le retour de l’unilatéralisme et du protectionnisme tarifaire”, a lancé Lula en référence au retour de Donald Trump à la Maison Blanche et à la guerre commerciale qu’il a lancée.
Emmanuel Macron a pour sa part demandé à ce que l’accord soit “amélioré” pour protéger les agriculteurs européens, car les “pays du Mercosur sont pas au même niveau réglementaire”. Nous devons “respecter nos agriculteurs et la cohérence de nos ambitions”, a-t-il affirmé.
Cet accord avec l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay doit permettre à l’UE d’exporter notamment plus de voitures, de machines et de spiritueux, en échange de l’entrée de viandes, sucre, riz, miel ou soja sud-américains. Paris s’oppose à cet accord « dans sa forme actuelle », contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne ou l’Espagne.
Le président brésilien a de nouveau accusé « le gouvernement » israélien de commettre un « génocide prémédité » à Gaza « contre des femmes et des enfants ». Il a estimé que la reconnaissance de l’État palestinien était « un devoir moral, humain et une exigence politique de tous les dirigeants du monde ». Paris, qui songe à une reconnaissance, considère pour sa part que cette reconnaissance doit être accompagnée de celle d’Israël par les pays arabes.
Après ce fastueux repas donné sous les dorures du Palais de l’Elysée, les Macron ont emmené leurs deux invités d’honneur dans Paris, pour une sortie nocturne. Malgré la pluie, les quatre camarades se sont rendus devant la Tour Eiffel, éclairée pour l’occasion aux couleurs du Brésil, et n’ont pas manqué d’immortaliser l’instant avec un selfie publié sur les réseaux sociaux du chef de l’État français. Lula, lui, a préféré partager une vidéo dans laquelle il a déclaré : « Nous sommes à Paris, à la Tour Eiffel. Macron et moi travaillant pour améliorer la France et le Brésil. Nous sommes deux pays amis ». Vidéo qui se termine par une franche empoignade des deux hommes alors que s’éclaire le monument derrière eux.
Luiz Inacio Lula da Silva est reçu en France, avec toutes les considérations qu’imposent la visite d’État de la première puissance économique latino-américaine. Et avec un agenda très chargé pour la figure historique du Parti des travailleurs : cérémonie officielle aux Invalides, séance privée à l’Académie française (un hommage fait à seulement 19 chefs d’État en quatre siècles d’existence – Lula et les Immortels y débattront du mot « multilatéralisme »); entretien avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, rencontre bilatérale et dîner d’État à l’Élysée, réception d’un doctorat honoris causa à l’université de Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis, etc.
Le président brésilien participera le 8 juin à un sommet économique à Monaco, puis sera à Nice le 9 avec le président Macron pour l’ouverture de la conférence de l’ONU sur les océans.





























































































































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