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18 avril 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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Macron au dîner du Crif a fait une série d’annonces pour lutter contre l’antisémitisme

Lutter contre la haine sur internet, lutter contre « la déscolarisation » des enfants juifs, « l’antisémitisme tue en France »(…) la dissolution de trois associations d’extrême droite.

«Notre pays – comme d’ailleurs l’ensemble de l’Europe et la quasi-totalité des démocraties occidentales – est confronté à une résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde guerre mondiale», face à cette poussée d’antisémitisme, le chef de l’Etat a décrété que le temps des «actes» était venu, réitérant la promesse qu’il avait faite mardi en se rendant à Quatzenheim (Bas-Rhin), où une centaine de tombes du cimetière juif ont été recouvertes de croix gammées.

Comme chacune et chacun, j’aurais souhaité que ce dîner – le deuxième auquel j’ai l’honneur d’assister comme président de la République – se tienne dans des circonstances plus sereines. Nous aurions évoqué avec émotion Claude LANZMANN, ce qu’il donna à la France en entrant en résistance dès l’âge de 18 ans, ce qu’il offrit au monde avec son monument SHOAH, cette œuvre immortelle contre l’inexorable travail d’oubli du temps. Nous nous serions souvenus de Marceline LORIDAN disparue en septembre et son inlassable action pour transmettre la mémoire du génocide et de son insolence. De Georges LOINGER qui nous a quittés en décembre emportant avec lui une vie d’héroïsme, lui qui sauva près de quatre cents enfants juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Nous aurions revécu ensemble cette matinée ensoleillée de juillet où le peuple français rassemblé rue Soufflot communièrent autour des cercueils bleu blanc rouge de Simone et Antoine VEIL. Simone VEIL qui puisa dans l’indicible horreur des camps la force de faire grandir encore par ses combats pour la mémoire, pour les femmes, pour l’Europe l’œuvre universelle de la France. Nous serions certainement revenus sur la relation d’amitié de 70 ans liant la France et Israël, que la saison culturelle croisée de 2018 a fait vivre et que la visite du président RIVLIN à Paris à la mi-janvier est venue sceller. Peut-être même aurions-nous échangé sur le rôle de René CASSIN dans la rédaction de la Déclaration des Droits de l’Homme cette grammaire commune des nations dont nous venons de célébrer le 70ème anniversaire. Oui, chacune et chacun d’entre nous aurait aimé évoquer tout cela. Cette part juive de l’âme française, cette histoire des Français juifs qui a contribué à faire de notre nation belle et grande. Mais le moment que nous vivons appelle un propos autrement plus grave. Depuis plusieurs années – et la situation s’est encore aggravée ces dernières semaines – notre pays, comme d’ailleurs l’ensemble de l’Europe et la quasi-totalité des démocraties occidentales, est confronté à une résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, a-t-il affirmé le chef de l’État.

Le président de la République a dévoilé mercredi soir plusieurs mesures pour lutter contre l’antisémitisme, mercredi soir dans un discours prononcé lors du dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), à Paris. Le chef de l’État a ainsi annoncé que la France allait mettre en oeuvre une définition de l’antisémitisme élargie à l’antisionisme, sans toutefois modifier le Code pénal. La France a connu récemment une multiplication d’actes antisémites, dont la profanation mardi de 96 tombes dans un cimetière juif alsacien.

« Face à cette inacceptable, il serait faux de dire que nous n’avons rien fait. Nous avons condamné beaucoup, adopter des plans, souvent depuis des années et des années, voter des lois parfois. Mais nous n’avons pas su agir efficacement. C’est vrai. Et si nous en sommes là aujourd’hui c’est bien pour cela.
Et cette litanie que je viens de reprendre c’est notre échec.
Trop d’indignation. Trop de mots. Pas assez de résultats.
Le temps est donc venu des actes tranchants, concrets », a-t-il poursuivi le président de la République.

Le chef de l’État a aussi demandé la dissolution « d’associations ou groupements » racistes ou antisémites, à commencer par les organisations d’extrême droite Bastion social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18. « Parce que la période met en cause ce que nous sommes, la France doit tracer de nouvelles lignes rouges (…). J’ai demandé au ministre de l’Intérieur d’engager des procédures visant à dissoudre des associations ou groupements qui par leur comportement nourrissent la haine, promeuvent la discrimination ou appellent à l’action violente », a déclaré Emmanuel Macron.

« La honte sur ces sujets d’urgence doit changer de camp. Elle ne doit plus ronger les victimes. Elle doit accabler les agresseurs. Enfin, parce que la période met en cause ce que nous sommes, la France doit aussi tracer des nouvelles lignes rouges et nous le ferons par des mesures concrètes et des décisions que la loi permet aujourd’hui de prendre. C’est pourquoi j’ai aussi demandé au Ministre de l’Intérieur d’engager des procédures visant à dissoudre des associations ou groupements qui, par leurs comportements, nourrissent la haine, promeuvent la discrimination ou appellent à l’action violente : Bastion social, Blood & Honour Hexagone et Combat 18 pour commencer. »

Emmanuel Macron a également annoncé que la députée LREM Laëtitia Avia allait déposer une proposition de loi pour lutter contre la haine sur internet « dès le mois de mai », mercredi lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

« Le combat européen doit se poursuivre mais il est trop lent, et nous ne pouvons plus attendre. C’est pourquoi la Député Laetitia AVIA déposera, dès les mois de mai, c’est-à-dire dès la première fenêtre parlementaire possible, au Parlement, une proposition de loi pour lutter contre la haine sur Internet reprenant les propositions de ce rapport. Nous devons, à ce titre, nous inspirer de ce que nous voisins allemands ont su faire, de manière efficace et pragmatique. Apporter des sanctions judiciaires, pénales et pécuniaires ; appeler la responsabilité des individus, comme des plateformes. Il s’agira de mettre fin aux stratégies d’éviction déployées par des sites étrangers qui, changeant régulièrement de serveurs, sont aujourd’hui très difficiles à bloquer. Dans ce contexte, la question de l’anonymat sera évidemment posée. Elle est, trop souvent, le masque des lâches. Et derrière chaque pseudonyme, il y a un nom, un visage, une identité.

Faut-il interdire partout sur Internet l’anonymat ? Je pense que nous pourrions aller par cette voie à quelques égards vers le pire. Il faudra donc y réfléchir à deux fois. Par contre, ce que nous ne pouvons pas accepter, c’est que parce qu’il y a l’anonymat, le contenu ne soit pas retiré dans les meilleurs délais, que l’identité ne soit pas recherchée et ne soit pas donnée. Il y a aujourd’hui encore des plateformes comme Twitter, pour citer les mauvais exemples, qui attend des semaines, quand ça ne l’est des mois, pour donner les identifiants qui permettent d’aller lancer les procédures judiciaires contre ceux qui ont appelé à la haine, au meurtre ; qui, parfois, prend des jours, des semaines pour retirer des contenus ainsi identifiés. Ce que ce texte portera donc, ce sont des dispositions claires imposant le retrait dans les meilleurs délais de tous les contenus appelant à la haine et mettant en œuvre toutes les techniques permettant de repérer l’identité dans les meilleurs délais et enfin appelant à la responsabilité, y compris sur le plan juridique, les dites plateformes. Il nous faut adopter nos sanctions à la société numérique ; nous donner les moyens aussi de pouvoir interdire la présence sur un réseau social de personnes coupables de propos racistes et antisémites, comme on interdit les Hooligans dans les stades, ou à tout le moins faire en sorte que les condamnations pour actes racistes et antisémites soient publiées pour ceux s’en rendant coupables. »

Autre annonce, le gouvernement va lancer un « audit » des établissements scolaires touchés par la « déscolarisation » des enfants de confession juive. Déplorant que des élèves de certains quartiers soient « trop souvent » obligés de « quitter l’école publique », le chef de l’Etat a chargé son ministre de l’Éducation d’évaluer ce phénomène pour que l’école joue à plein « son rôle de rempart républicain ».

« Mais trop souvent, nous avons vu aussi, dans ces quartiers de la République, ces dernières années, des enfants quitter l’école publique, disons-nous les choses franchement, pour aller vers des écoles privées sous contrat, quelle que soit, d’ailleurs, la confession, pour pouvoir changer de quartier, parce que quelque chose se passait, que l’enfant ou les parents eux-mêmes n’osaient pas dire. C’est pourquoi j’ai demandé au ministre de mettre en place des actions spécifiques et de procéder à un audit de tous les établissements marqués par le phénomène de déscolarisation des enfants de confession juive », a précisé Emmanuel Macron.

Dans son discours, le président du Crif, Francis Kalifat, avait lancé un appel aux musulmans et aux imams à lutter contre l’antisémitisme et à «en finir avec la justification religieuse de la haine des juifs». Il avait également dénoncé «l’antisémitisme de certains musulmans, l’antisémitisme de certains gilets jaunes». Ce dîner intervient au lendemain d’une mobilisation en demi-teinte dans plusieurs villes de France.

Selon le ministre de l’Intérieur, 541 actes antisémites ont été recensés en 2018, un chiffre en forte hausse mais qui reste inférieur aux pics de 2014 (851) et 2004 (974).

02 20 Transcription du discours du Président de la République au 34ème dîner annuel du CRIF

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