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16 avril 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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Stop aux menace en France de Tafta et Ceta

G. MIHAI

Plusieurs centaines de personnes ont manifestaient samedi après-midi à Paris pour dénoncer le Ceta et le Tafta.

Non au Ceta et au Tafta. C’est le message des opposants aux traités de libre-échange avec le Canada (Ceta) et avec les États-Unis (TTIP ou Tafta). De Quimper à Aix-en-Provence en passant par Macon, des mouvements de protestations ont été organisés dans 35 villes à l’appel du collectif Stop Tafta, qui regroupe des ONG comme Attac, les Amis de la Terre ou encore des syndicats.
Après des manifestations massives en Allemagne et en Belgique à la mi-septembre, c’est au tour de la France de se mobiliser contre le traité de libre-échange avec le Canada et les Etats-Unis.
Le collectif entend relayer l’inquiétude de l’opinion publique européenne qui s’est déjà exprimée dans plusieurs pays ces derniers mois. En Allemagne, entre 163.000 à 320.000 manifestants sont descendus dans la rue mi-septembre dans sept villes. En Belgique, environ 9000 personnes se sont retrouvées fin septembre sous les fenêtres des institutions européennes pour dénoncer les deux traités.
Ses opposants ont manifesté dans toute la France samedi 15 octobre après-midi à l’appel du collectif Stop Tafta, à
Paris, quelque 5 000 personnes selon les organisateurs, 1 200 à 1 500 selon une source policière, ont défilé.
Ces deux accords « auraient des conséquences graves, telles que l’abaissement des barrières tarifaires en matière agricole qui aggraverait la crise que vivent déjà des centaines de milliers de paysans », selon le collectif.
Des manifestations similaires étaient aussi prévues en Pologne et en Espagne. En France, les réticences sont de plus en plus fortes, même si le gouvernement a demandé l’arrêt des négociations sur le Tafta. L’Hexagone soutient en revanche vigoureusement l’accord avec le Canada, présenté comme « l’anti-Tafta ». Le premier ministre Manuel Valls l’a d’ailleurs qualifié dans une tribune publiée mercredi dans le Financial Times d’accord « judicieusement équilibré ». « Sur l’agriculture, les Canadiens, de manière importante, ont accepté 42 indications géographiques françaises », a réaffirmé le secrétaire d’État au Commerce, Matthias Fekl, lors d’une audition mardi soir au Sénat. Selon lui, le Ceta « n’est pas un cheval de Troie » qui permettrait aux États-Unis d’entrer sur le marché européen en passant par le Canada. « Près de 3000 entreprises américaines sont déjà présentes en France pour un demi-million d’emplois créés et n’ont pas besoin du Ceta », a-t-il expliqué aux sénateurs.
À ce jeu de dupes les producteurs français de fromage commencent à voir rouge. D’abord parce qu’ils ont le sentiment d’être l’objet d’un véritable acharnement. En 2009, lorsque l’UE interdit l’importation de bœuf aux hormones américain, l’administration Bush adopte de sévères mesures de rétorsion et dresse une liste de produits européens du terroir condamnés à payer 100 % de droits de douane pour entrer sur le sol américain.
Parmi eux, le roquefort écope d’une surtaxe spéciale de 300 %. La filière en sera durablement affectée. Dans cette guerre qui dure depuis plus de quinze ans, les producteurs français savent aussi que les Américains n’ont aucunement l’intention de rendre les armes. Ainsi lorsqu’en mai 2016 Greenpeace publie 250 pages de documents confidentiels sur les négociations du TAFTA, il apparaît à nouveau que les États-Unis resteront figés sur leur position concernant les indications géographiques.
Volonté de protéger les petits producteurs, nécessité de faire progresser le commerce mondial, mise en valeur des progrès obtenus dans le cadre du CETA, tentative de répondre à ceux qui pensent être les laissés pour compte du libre-échange, ces ambitions multiples et parfois contradictoires constituent un casse-tête pour le gouvernement qui plus que jamais pourrait faire sienne la phrase attribuée au général de Gaulle. « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 365 variétés de fromages ? »
Malgré l’hostilité de l’opinion publique, les négociations du Tafta n’ont pas été suspendues et le 15e round de discussions s’est déroulé la semaine dernière à New York. Quant au Ceta, sa signature doit avoir lieu le 27 octobre prochain au cours d’un sommet Canada-UE à Bruxelles. Le texte devra ensuite être approuvé par les parlements nationaux. En Allemagne, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe a déjà autorisé le gouvernement allemand à approuver l’application provisoire du Ceta. Mais le Parlement de la Wallonie, l’une des assemblées législatives de Belgique, a mis vendredi son veto à la signature par le royaume de l’accord. Le vote du Parlement wallon avait été précédé mercredi d’une résolution similaire adoptée par une autre composante de l’État fédéral belge, la Communauté française de Belgique, ce qui dans les faits empêchera, sauf retournement de dernière minute, le représentant de la Belgique d’apposer sa signature au traité mardi prochain.
La France n’est pas la seule rétive à cet accord dans l’UE. Le ministre de l’économie slovaque, Peter Ziga, dont le pays préside actuellement l’UE, a reconnu lors de la réunion de Bratislava mi-septembre qu’il était « irréaliste » de conclure un accord sur le Tafta d’ici la fin de la présidence de Barack Obama en janvier prochain.

TAFTA ET CETA
TAFTA ET CETA

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PHOTOS: IMPACT EUROPEAN/WPA – BM

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