GABRIEL MIHAI
Le retrait du décret qui aurait permis à des hommes politiques d’échapper à des poursuites n’a pas apaisé la colère des manifestants qui étaient environ 300.000 à Bucarest dimanche.
La mobilisation en Roumanie ne faiblit pas malgré le recul du gouvernement sur le décret controversé assouplissant la législation anticorruption. Selon les médias, près de 600.000 personnes ont manifesté, dimanche 5 février, dans une cinquantaine de villes à travers le pays. Il s’agirait d’un nouveau record depuis 25 ans, après celui du mercredi 1er février.
Le président du PSD et principale cible des opposants, Liviu Dragnea, a lui haussé le ton en dénonçant un « plan ourdi » par l’opposition pour faire tomber son gouvernement. Le parti menace depuis plusieurs jours de faire venir « un million » de ses partisans à Bucarest depuis la campagne pour une contre-manifestation.
Après les promesses, les actes : le gouvernement roumain a capitulé dimanche en abrogeant, comme il l’avait annoncé, le décret assouplissant la législation anticorruption afin d’éteindre la colère des protestataires qui assurent rester mobilisés après six jours de manifestations massives.
« Le gouvernement a approuvé le projet d’abrogation du décret (pris) d’urgence », a annoncé le gouvernement social-démocrate dont les ministres ont participé dimanche à une réunion extraordinaire pour retirer ce texte ayant donné lieu au plus grand mouvement de contestation populaire depuis la chute du communisme.
Critiqué après avoir fait adopter cette révision du code pénal par décret, laissant de côté le parlement, le Premier ministre Sorin Grindeanu a promis de « rapidement ouvrir des débats publics avec tous les partis politiques et avec la société civile ». Le texte initial réduisait sensiblement les peines encourues pour abus de pouvoir et introduisait un seuil minimum de préjudice de 200.000 lei (44.000 euros) pour entamer des poursuites dans la plupart des affaires de corruption.
Le Premier ministre a expliqué son revirement en affirmant qu’il ne souhaitait pas « diviser la Roumanie » avec cette réforme pénale.
Il a réaffirmé que la motivation du gouvernement avait été de mettre le code pénal en conformité avec la Constitution. Le gouvernement disait aussi vouloir ainsi désengorger les prisons.
Ce texte faisait craindre une régression de la lutte contre la corruption alors que, sous la pression de l’UE et de magistrats très offensifs, des centaines de dossiers sur des malversations ont été instruits ces dernières années en Roumanie, marquant un tournant pour la justice du pays.
Le gouvernement a été critiqué pour avoir voulu mettre à l’abri de la justice le chef du parti social-démocrate (PSD), Liviu Dragnea, actuellement en procès dans une affaire d’emplois fictifs. La Commission européenne et le département d’Etat américain avaient exprimé leur préoccupation.
M. Dragnea, qui s’est déjà vu infliger deux ans de prison avec sursis dans un précédent dossier, s’est défendu d’être l’un des bénéficiaires du décret, dénonçant une campagne de désinformation.
Le gouvernement a par ailleurs transmis cette semaine au parlement un projet de loi, également critiqué, visant à gracier 2.500 détenus, dont certains pourraient être des élus condamnés.
Chassé du pouvoir fin 2015 par des manifestations contre la corruption, le PSD jouit d’une solide base électorale dans les milieux ruraux et défavorisés, qui l’ont à nouveau plébiscité aux législatives de décembre, sur fond de promesses de hausse des prestations sociales.
Mais le premier ministre social-démocrate, Sorin Grindeanu a exclu de démissionner, déclarant, lors d’une interview télévisée, avoir « une responsabilité envers les gens qui ont voté » pour son parti lors des législatives du 11 décembre. Le parti social-démocrate (PSD) avait emporté 45,5 % des suffrages et dispose d’une large majorité au Parlement.
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