La 9ème marche mondiale contre Mosanto-Bayer a eu lieu le samedi 15 mai. Elle s’opposait aussi à l’industrie agro-chimique et soutenait le combat de toutes les victimes des guerres chimiques.
A Paris, le rendez-vous a eu lieu samedi 15 mai à 13h, place Stalingrad (75010). Plus de 60 organisations étaient présentes dans le cortège. Elles se sont rendues place de la République qui accueillait des stands associatifs. Toutefois, suite à la manifestation pro-palestinienne, interdite par les autorités mais malgré tout présente, le trajet a été modifié.
Cette manifestation dénonçait le système agrochimique industriel et ses conséquences désastreuses sur la santé humaine et l’environnement partout dans le monde.
Plusieurs revendications étaient à l’ordre du jour, quelques jours après la mobilisation du 9 mai pour le climat. Les principaux thèmes étaient:
– La biodiversité
– La santé de tous
– Les droits des victimes du système agro-industriel (agent orange, chlordécone, glyphosate et autres pesticides)
– L’agroécologie et l’élevage paysan
– L’alimentation saine accessible à tous
– L’agriculture sans pesticides de synthèse, ni OGM
– La redistribution équitable de l’argent de la PAC
– La justice environnementale
– La sortie des traités de libre-échange
– La lutte contre les inégalités
Aujourd’hui, scandales et procédures se multiplient. Ils visent les nouveaux OGM, le glyphosate, l’agent orange ou le chlordécone. Les mobilisations dénoncent le système agro-industriel destructeur. Elles sont là pour promouvoir les alternatives pour en faire un modèle vertueux pour la santé humaine et la biodiversité.
Qu’est-ce que la Marche Mondiale Contre Mosanto-Bayer?
La Marche Contre Monsanto-Bayer (MaM) est une grande action internationale qui a lieu chaque année. Depuis sa création, elle a réuni, plus de 1000 villes dans le monde et plus de 40 villes en France.
Cette année, les 3 grands axes de la Marche étaient:
- Exiger la justice environnementale pour toutes les victimes des multinationales agrochimiques
- Dénoncer les impacts du système agro-industriel actuel et ses inégalités
- Promouvoir une agriculture et une alimentation écologique et autosuffisante pour tous
Chloredécone
Cette année est aussi celle de la reconnaissance du crime du chlordécone, un pesticide utilisé sur les bananeraies. Par leurs actions, Les militants demandent à l’État la reconnaissance du préjudice vécu par les Antillais, depuis les années 1970, début de l’utilisation du chlordécone.
Agent orange / Mosanto-Bayer
En 2018, le groupe français Bayer a racheté l’américain Mosanto. Ce dernier avait fabriqué « l’Agent orange » en 1961, sous la seule direction du gouvernement américain à des fins exclusivement militaires. Les USA sont donc les seuls responsables. Ils ne sont pas seulement le fournisseurs en tant de guerre de son utilisation.
Entre 1961 et 1971, l’armée américaine a utilisé « l’agent orange » pour détruire les forêts où se cachaient les combattants communistes. En l’espace de 10 ans, elle a épandu plus de 80 millions de litres d’herbicides sur les terres vietnamiennes. Au cours de cette période, l’agent orange a causé des effets délétères et irréversibles. En tout, on compte environ 5 millions de victimes de cette pollution. Plus de 40 ans après la fin du conflit, les dommages persistent.
Tran To Nga, victime de « l’Agent orange ».
Tran To Nga, aujourd’hui âgée de 79 ans, n’avait qu’une vingtaine d’années lorsqu’elle a subi la pollution à « l’Agent orange ». Elle était alors engagée dans le camp du Nord au Vietnam.
La santé de l’ancienne journaliste garde de nombreux stigmates de cette époque. Elle dégage plusieurs pathologies dont un cancer du sein, la tuberculose et un taux de dioxine élevé dans le sang. Elle souffre également d’hypertension, de diabète de type 2 et d’anomalies génétiques. La maladie a aussi touché sa famille. Sa fille aînée est morte après seulement quelques mois de vie des suites de malformations, ce qui induit que le poison passe de parents à enfants. En effet, après elle, ses filles et petits-enfants ont contracté ces maladies. On constate 3 générations atteintes dans sa famille.
Pour Tran To Nga, c’est une « extermination familiale « . Selon la juriste en droit international Valérie Cabanes, »6.000 enfants naissent au Vietnam avec des malformations congénitales » .. « La toxicité de l’agent orange est « absolument phénoménale » , soit 13 fois plus importante que celle du glyphosate.
La victime, devenue journaliste a déposé plainte en janvier dernier contre les 14 responsables dont fait partie Bayer-Mosantos.
Le procès
Après des années d’action judiciaire, les batailles de Dewayne Johnson (États-Unis) et Paul François (France), intoxiqués par des produits de Monsanto, ouvrent la voie à de nouvelles victoires. Avant elle, très peu de personnes avaient pu intenter ce type de procès.
Sous l’impulsion de Tran To Nga, Franco-Vietnamienne de 79 ans, le procès inédit contre l’agent orange a débuté le 25 janvier 2021 au tribunal d’Évry.
Selon le Collectif Vietnam Dioxine, Tran To Nga est l’une des seules personnes à pouvoir intenter ce type de procès. Ayant subi la pollution de l’Agent orange, elle a reçu directement cette sorte de pluie visqueuse sur elle.. Avant elle, très peu de personnes avaient pu intenter ce type de procès.
Par ailleurs, vivant en France depuis 1992, le procès se tient en France, pays où peuvent se dérouler des procès multinationaux.
Le verdict
Le 10 mai, le Tribunal d’Evry rend son verdict du procès historique de Tran To Nga contre les multinationales ayant fabriqué ou commercialisé l’agent orange dans les années 60 et 70.
Monsanto-Bayer et Dow Chemical font partie des 14 accusés à l’origine du pesticide qui a fait près de 4 millions de victimes au Vietnam.
Le tribunal déboute Tran To Nga en jugeant « irrecevables les demandes de la Franco-Vietnamienne de 79 ans, dans l’affaire de l’agent orange qui causa un véritable désastre sanitaire. Les 14 multinationales impliquées dans la fabrication de l’agent orange ne sont pas inquiétées, ayant agi sur ordre des États-Unis. Le jugement implique qu’elles « pouvaient se prévaloir de l’immunité de juridiction », contrairement à l’objet de la plainte déposée par Tran Ta Ngo en janvier dernier.
A cette allégation, Tran To Nga répond que les Etats-Unis ont été dupés au sujet de la toxicité du produit.
Appel du jugement
Suite à cette décision, les avocats de la plaignante ont décidé de faire appel immédiatement. Menant le dernier combat de sa vie face aux 14 multinationales, elle souhaite que « la communauté internationale se mobilise pour établir l’écocide créé par l’herbicide durant la guerre du Vietnam.
« On ne peut que s’étonner que le tribunal reconnaisse que les entreprises concernées auraient agi sous la contrainte du gouvernement américain alors qu’elles ont répondu à un appel d’offre”, déclarent maîtres William Bourdon, Amélie Lefèbvre et Bertrand Repolt dans un communiqué. Ils estiment “qu’elles étaient libres ou de le faire ou pas”.
Ils souhaitent que la Cour d’appel puisse avoir accès à des documents relatant les communications entre les entreprises et le gouvernement américain. Leur objectif est de démontrer que ces dernières n’étaient pas dans un rapport de soumission total, et qu’elles disposaient d’une “marge de manœuvre”.
Ce procès exceptionnel aurait pu faire date dans l’histoire de la justice environnementale. Si la responsabilité des entreprises impliquées est reconnue, la reconnaissance de victimes civiles vietnamiennes créera un précédent juridique. Une telle décision contribuerait à la reconnaissance du crime « d’ écocide« à l’échelle internationale.
A ce jour, peu indemnisations ont été versées au nom du préjudice sanitaire causé par l’agent orange. Entre 1987 et 2013, quelques anciens combattants américains, australiens et coréens ont reçu des compensations lors de procès.
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