Une journée marquée par des violences en début de matinée, un débat improvisé entre Emmanuel Macron et des agriculteurs et une déambulation houleuse pour le président de la République.
Sifflets, cris, slogans « Macron démission » ont rythmé l’arrivée du Président ce samedi matin sur le salon de l’Agriculture. Les forces de l’ordre, policiers et gendarmes, étaient en nombre pour tenter de faire régner l’ordre.
L’ouverture ce samedi matin du salon de l’agriculture a été perturbée par des manifestations. Les services de sécurité ont été débordés et des gendarmes mobiles ont dû intervenir.
Alors que le président venait d’arriver sur place pour entamer un long marathon sur fond de colère paysanne, des manifestants se sont engouffrés dans la zone. Des dizaines d’entre eux ont même forcé une grille pour entrer dans le salon avant son ouverture officielle et des heurts se sont produits avec le service d’ordre. Un événement que le président de la République, Emmanuel Macron, a dû inaugurer avec plus de quatre heures de retard.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a bien coupé le ruban de l’inauguration. Avec plus de quatre heures de retard. Le chef de l’État a bien déambulé entre des stands et salué quelques agriculteurs. Mais, pendant longtemps, seulement dans un petit périmètre encerclé par des cordons de CRS équipés de boucliers, sous les huées et les sifflets.
« On attend des réponses très claires, une vision très claire », a déclaré Arnaud Gaillot, président des Jeunes Agriculteurs, syndicat proche de la FNSEA, avant l’arrivée d’Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture. « Il a toutes les clés en main pour amener des réponses. A lui de jouer, à lui de redonner un vrai cap à cette agriculture », a-t-il ajouté.
Au vu du chaos qui régnait porte de Versailles depuis les premières heures de la matinée, l’Élysée peut se dire que c’est déjà ça. Que le camouflet n’est pas total. À 8 h, alors que le président de la République venait d’arriver sur place, des manifestants ont effet forcé l’entrée et investi les allées du Hall 1, scandant des « Macron, démission ».
Face à ce désordre, Emmanuel Macron a pris la parole vers 9 h 30 pour appeler « au calme » non sans avoir défendu au préalableles mesures prises par la France pour soutenir l’agriculture française, largement exportatrice.
« Je suis aux côtés de nos agriculteurs et de l’agriculture française », a ensuite assuré Emmanuel Macron, au cours d’un point presse qui se tient après une réunion avec les syndicats agricoles. Celle-ci avait été organisée après l’annulation du Grand débat souhaité par le chef de l’Etat.
Le chef de l’Etat a défendu son bilan sur le secteur agricole estiamant que les Etats généraux de l’alimentation en 2017 ont « donné lieu à plusieurs lois, à des plans de filières inédites pour les revenur et la transition ».
Le projet de loi agricole présenté le 20 mars
Le président de la République annonce que le projet de loi agricole, repoussé à plusieurs reprises, sera présenté en conseil des ministres le 20 mars. Pour le chef de l’Etat, la mobilisation depuis maintenant plus d’un mois des agriculteurs est le symptôme d’une « crise de revenu, d’une crise de confiance et d’une crise de reconnaissance » du monde agricole. « Nous avons besoin de mettre de la reconnaissance, du respect, de la fierté pour le modèle agricole et pour nos agriculteurs », a-t-il poursuivi.
Pour le chef de l’Etat, « on a des filières qui sont en grande difficulté – les fruits et légumes, l’arboriculture, l’élevage –, et on a des régions qui sont en vraie difficulté parce qu’elles ont des problèmes d’adaptation climatique ou sectorielle ». Avant de rappeler les trois objectifs du gouvernement pour répondre à la crise agricole : « avoir une souveraineté agricole et alimentaire en France et en Europe », « protéger nos sols » et « la bataille du revenu ».
« Face à ça, j’ai pris l’engagement ce matin, ici, devant les organisations syndicales, d’abord, de reconnaître notre agriculture et notre alimentation comme un intérêt général majeur de la nation française. Ce sera inscrit dans la loi, ce qui permettra de protéger notre agriculture de manière ferme et solide », a-t-il expliqué.
Le président de la République a affirmé samedi n’avoir jamais songé à lancer une invitation au collectif écologiste radical des Soulèvements de la Terre à un grand débat au premier jour du Salon de l’agriculture, une nouvelle qui avait provoqué la colère des agriculteurs et déclenché un boycott de la FNSEA.
« Je démens totalement cette information. Totalement. Je n’ai jamais songé initier une telle invitation. Et vous parlez au président de la République qui a assumé de faire passer en Conseil des ministres la dissolution des Soulèvement de la Terre », a déclaré le président français aux journalistes. « Toute cette histoire m’a mis en colère à un point que vous ne pouvez pas imaginer (…) Donc là, ça, c’est n’importe quoi », s’est-il emporté, reconnaissant toutefois une « erreur ». « Ce groupement a été cité, mais c’est faux », a poursuivi le chef de l’Etat
« J’ai toujours condamné les associations, les groupements qui rentraient dans les fermes, qui attaquaient », a poursuivi le président de la République, à propos des Soulèvements de la Terre.
Au cours de sa prise de parole, qui a duré plus d’une vingtaine de minutes, Emmanuel Macron a annoncé la tenue d’une réunion « dans le calme » avec « l’ensemble des organisations syndicales, l’ensemble des filières agricoles » dans trois semaines à l’Elysée.
A l’occasion de ce nouveau rendez-vous, le chef de l’Etat souhaite « consolider les mesures d’urgence » annoncées par l’exécutif, « consolider et officialiser les engagements nationaux et européens » et « bâtir un plan d’avenir agricole français et européen à 2040 ».
« Il y a un besoin de vision, de cap pour notre agriculture, qui est essentielle à la nation. Ceci suppose de continuer à travailler avec calme, méthode et détermination », a déclaré le chef de l’Etat, au cours d’un point presse au Salon de l’agriculture.
« Je ne me suis jamais planqué », assure Emmanuel Macron
De manière impromptue, Emmanuel Macron débat actuellement avec plusieurs agriculteurs au Salon de l’agriculture. « Je préfère toujours le dialogue à la confrontation. La confrontation, ça ne produit rien », a-t-il lancé en ouverture de ce débat, alors que la matinée a été marquée par des confrontations entre les CRS et les agriculteurs, aux cris de « Macron démission ».
« A très court terme, il faut que le salon se passe bien. Pour vos collègues, c’est des mois et des années de boulot », a poursuivi le chef de l’Etat dans une ambiance tendue. « Ça ne tient qu’à vous », ont répliqué les agriculteurs présents.
« Non, ça ne tient pas qu’à moi », a répondu Emmanuel Macron. « Je n’ai pas attendu la crise pour m’engager sur l’agriculture : les lois EGalim, l’assurance récolte, les plans de filière, la bataille européenne pour avoir la PAC et bloquer le Mercosur. Je ne me suis jamais planqué. »
Depuis le début de la journée, il y a eu « trois interpellations », a indiqué le parquet de Paris. Il n’y a toutefois eu aucun placement en garde-à-vue, les individus concernés ayant été laissés libres après audition.
Les agriculteurs prennent la parole à tour de rôle face au président de la République, Emmanuel Macron, au ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, et à sa ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher, réclamant des « engagements » de la part de l’exécutif. « Ce n’est pas normal qu’on bloque une autoroute, qu’on bloque la France pour en arriver là », a regretté l’un d’entre eux. Pour un agriculteur de l’Oise, « oui, il y a des mesures de prises au niveau local, mais au niveau national et européen rien ne se passe. Ce n’est pas tolérable pour les agriculteurs. Il faut qu’on ait des réponses concrètes ».
« Il y a eu immédiatement une réaction du gouvernement », a défendu le président de la République durant ce débat au Salon de l’agriculture. Le chef de l’Etat a rappelé que « soixante-deux mesures ont été recensées, elles ont toutes été lancées ».
« Je me suis engagé ce matin avec les organisations syndicales, j’ai fait un point presse pour aller au-delà, pour prendre de nouveaux engagements, a-t-il poursuivi. On ne peut pas faire comme si à chaque fois on repartait de zéro, sinon ce n’est pas sérieux. On a été au contact, les préfectures font le boulot. De grâce ne disons pas tout et son contraire. »
Emmanuel Macron a notamment annoncé samedi matin la mise en place d’un indicateur du coût de production dans chaque filière, qui devra « servir de prix plancher, pour permettre de garantir justement le revenu agricole ».
Le chef de l’Etat a notamment annoncé un « plan de trésorerie d’urgence » pour soulager les agriculteurs, a évoqué l’instauration de prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole et a abordé la question des pesticides.
Le président de la République se trouve actuellement dans le hall 4 du Salon de l’agriculture. Après avoir déjeuné en milieu d’après-midi avec des responsables des principales filières, il reprend sa visite du Salon alors que la situation reste tendue à l’extérieur de ce hall 4 qui est protégé par les forces de l’ordre.
Emmanuel Macron a pris une dernière fois la parole avant de quitter le Salon de l’agriculture, samedi en début de soirée, du hall 4, où le président de la République a passé une partie de l’après-midi. Les agriculteurs manifestant dans le hall 1, plus tôt dans la matinée, avaient été maintenus à l’extérieur de cette partie de la visite par le service d’ordre de l’événement et par les forces de l’ordre.
Le chef de l’Etat a ensuite poursuivi ses critiques envers le Rassemblement national, en déclarant notamment : « Je veux bien un projet qui explique aux gens qu’on va fermer les frontières et que les autres vont continuer à les ouvrir pour nous, mais ça existe pas. (…) On ne peut pas raconter des craques aux agriculteurs, il faut arrêter. »
Macron a finalement détaillé de nouveau les mesures qu’il veut mettre en place pour répondre à la colère des agriculteurs (notamment la poursuite de l’application de la loi EGalim en installant des indicateurs de prix dans toutes les filières, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, ainsi que la création d’une réglementation européenne sur les centrales d’achat pour lutter contre le contournement des négociations commerciales en France). L’échange avec la presse s’est terminé sur une invitation à la presse à aller boire un verre. « Bon bah, on va boire un coup chez les brasseurs, venez ! », a lancé Emmanuel Macron.
BILAN DE LA JOURNÉE
Huit policiers ont été blessés ce samedi, dont “deux un peu plus sérieusement”, lors des tensions en marge du Salon de l’agriculture, annonce le préfet de police de Paris Laurent Nunez. Par ailleurs, les forces de l’ordre ont “procédé à six interpellations, dont trois sur personnes dépositaires de l’autorité publique”, continue le préfet qui “déplore la violence dont ont fait preuve certains manifestants”.
“Il y avait beaucoup de CRS, je le déplore. Mais pourquoi ? Parce qu’il y avait aussi beaucoup de gens qui étaient un peu excités”, affirme Emmanuel Macron. “Aujourd’hui, il y a dû y avoir 40 ou 50.000 entrées, il y avait 300 ou 400 personnes qui étaient énervées. Mettons qu’il y en a eu 500 alors qu’il y a eu 50.000 visiteurs, on ne peut pas dire que c’est la majorité. Il ne faut pas qu’ils empêchent les autres de fonctionner et les familles de circuler. On ne doit jamais céder aux énervements”, met-il encore en avant, jugeant ridicule de la part des agriculteurs d’avoir fait de la violence sur un salon qui est le leur”.
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