GABRIEL MIHAI
Une exposition sur les martyrs a été inaugurée le 29 novembre dernier à Berlin.
Cette expo fait scandale en Allemagne et a suscité une protestation officielle de la France car on retrouve aux côtés de personnages comme Martin Luther King ou Socrate, Ismaël Omar Mostefaï, un des terroristes morts lors de l’attaque du Bataclan à Paris.
Intitulée «Le musée des martyrs», l’exposition propose, accrochées sur deux murs, des photographies accompagnées de courtes biographies explicatives de 20 figures historiques présentées comme des «martyrs», personnes «mortes pour leurs convictions».
Sur cette liste hétéroclite, on trouve le philosophe grec Socrate, le militant des droits civiques américains Martin Luther king, mais aussi le français Ismaël Omar Mostefaï, l’un des trois auteurs de la tuerie djihadiste dans la salle de concert du Bataclan à Paris, en novembre 2015, qui avait fait 90 morts.
L’Egyptien Mohammed Atta, chef du commando du 11 septembre 2001 aux États-Unis, figure aussi dans cette exposition et l’adolescente kamikaze daguestanaise, auteur d’un attentat dans le métro de Moscou en 2010.
Cette dernière a été montée par un collectif danois appelé «The Other Eye of the Tiger» (L’Autre OEil du Tigre). Elle est visible au Kunstquartier Bethanien, un lieu culturel berlinois alternatif.
Inaugurée le 29 novembre dernier et prévue pour durer jusqu’à mercredi le 6 décembre seulement, l’exposition a vite suscité l’indignation, en Allemagne comme en France, notamment sur les réseaux sociaux.
L’ambassade de France à Berlin a fait part de sa «consternation», jugeant un «tel parti pris profondément choquant. Tout en rappelant notre attachement à la liberté de la création artistique, nous dénonçons avec force la confusion ainsi faite entre martyre et terrorisme», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
L’ensemble des personnages cités «ont été désignés comme « martyr » par un État, une religion ou une organisation. Aucun ne l’a été par les artistes» eux-mêmes, insistent dans un communiqué les auteurs de l’exposition, disant prendre leurs distances avec toute forme de violence et de terrorisme.
L’exposition veut montrer «l’étendue de l’usage du terme « martyr »» et son «incohérence en fonction des différents contextes et des positions géographiques à travers l’histoire», a expliqué les deux auteurs de l’exposition.
La mairie de Berlin s’est officiellement désolidarisée dans cette exposition, assurant qu’elle ne «la soutenait pas» ni ne la finançait.
Figure du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), la députée de Berlin Beatrix von Storch a annoncé sur Twitter avoir porté plainte «pour apologie publique de meurtre».
Une précédente exposition sur les «martyrs» du collectif «The Other Eye of the Tiger» avait déjà fait l’objet en 2016 au Danemark d’une plainte pour «apologie de terrorisme».
Ismaël Omar Mostefaï le terroriste du Bataclan est devenu martyr.
Le martyr du Bataclan.
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