GABRIEL MIHAI
Les mondes LGBT se disent bien intégrés dans leur entreprise, ils sont encore nombreux à ne pas parler de leur homosexualité au travail, bien souvent par crainte des discriminations, selon une enquête de l’Ifop dévoilée ce jeudi.
L’Association Autre cercle inscrit son activité et ses actions dans le monde professionnel, inclusif et respectueux de toutes les personnes dans toute leur diversité quelle que soit leur orientation sexuelle ou identité de genre à l’occasion de ses 20 ans. Elle a rendu public les résultats du 1er Baromètre LGBT dans le monde du travail, réalisé par l’IFOP, en présence de Mme Marlène Schiappa, secrétaire d’état chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de Mme Anne Hidalgo, maire de Paris et du Défenseur des droits, M. Jacques Toubon, jeudi 14 décembre à l’Hôtel de ville.
M. Jacques Toubon, le Défenseur des droits a tenu à souligner l’impact positif de la Charte de l’Autre Cercle et a noté les résultats particulièrement encourageants de ce premier baromètre. La lutte contre les discriminations figurant au titre de ses compétences; il a aussi rappelé les divers travaux et actions récemment menés par son institution comme, par exemple, la publication du guide « Agir contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre dans l’emploi » ou encore ses avis et propositions de réforme présentées au Parlement.
« Il est nécessaire d’agir ensemble, l’implication et la pleine mobilisation des associations, des acteurs sociaux, éducatifs, économiques et médiatiques étant indispensables pour lutter efficacement contre toute forme de discrimination » a-t-il dit.
Mme Marlène Schiappa, secrétaire d’état chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a expliqué hier soir, à l’anniversaire des 20 ans d’existence de l’association Autre Cercle à l’Hôtel de Ville, comment elle a appris à connaître la situation des communautés LGBT, leurs vies et leurs problèmes, mais aussi que chaque être humain est le même, indépendamment de leur vie sexuelle, tout le monde a le droit d’aimer.
« Dans la République aucun couple n’est plus digne d’exister qu’un autre, n’a plus le droit de s’aimer qu’un autre. Il ne s’agit pas d’exhiber sa sexualité, il s’agit de vivre librement son identité, son amour. »
Après 20 ans de lutte pour soutenir la diversité et l’identité des communautés LGBT dans l’intégration humaine et la liberté au sein des entreprises françaises, une possibilité de changer la culture et la civilisation au 21ème siècle, d’accepter le mariage pour tous envisageable pour vivre dans le même état de droit commun.
Dans une enquête menée par l’Ifop pour l’association Autre cercle spécialisée sur la question LGBT dans le monde du travail, 89% des personnes lesbiennes, gays et bisexuelles, ainsi que 72% des personnes transsexuelles se sentent bien intégrées au sein de leur entreprise.
77% iraient même jusqu’à recommander à l’un de leurs proches de venir travailler dans la même entreprise. En outre, 59% des LGBT interrogés se disent satisfaits de leurs possibilités d’évolution professionnelle.
Pour un employé LGBT, une question peut se poser lorsqu’on arrive dans une entreprise : dois-je être « visible » ou rester « invisible » ? C’est à dire dois-je parler ou non de mon homosexualité ou de ma bisexualité ? Sur ce point, les résultats de cette enquête sont plutôt encourageants. 71% des des lesbiennes, gays et bisexuels, disent être « visibles » au sein de leur entreprise, dont 75% d’hommes et 64% de femmes.
39% affirment l’avoir dit à certains collègues et 30% à l’ensemble de leurs collègues, en revanche seuls 16% en ont parlé à un de leurs supérieurs et 9% à un membre du service des ressources humaines.
Pour Catherine Tripon, porte-parole de l’Autre Cercle, « c’est un fait très marquant », les dernières études ont montré que seulement un tiers en moyenne des LGBT se rendaient « visibles » au travail, ce pourcentage grimpe à deux tiers au sein des entreprises signataires de la charte.
« Le fait qu’une entreprise s’engage donne une assurance à ces personnes traduit qu on peut en parler plus librement au travail, jouir de droits aux quels on aurait pas forcément eu le droit ».
« C’est le signe de l’existence d’un double plafond de verre », analyse Catherine Tripon qui reconnaît que « la question de la visibilité des lesbiennes et des transgenres pose encore question ». Mais tout n’est pas rose pour autant, les femmes sont nettement moins « out » que les hommes en entreprise.
29% des personnes interrogées, les « invisibles », ne parlent pas de leur homosexualité au boulot, la moitié considérant que c’est encore une difficulté, pour s’assurer qu’ils resteront « invisibles » 73% d’entre eux décident de ne pas évoquer leur vie privée et 14% font croire à leurs collègues et à leur hiérarchie qu’ils sont hétérosexuels.
Parmi les discriminations subies, on retrouve en première place les moqueries de la part des collègues (60%), suivies des mises à l’écart de la part des collègues (31%) et enfin des inégalités dans le déroulement de carrière (29%).
La signature de la charte LGBT a donc eu un impact positif, 60% des répondants savent que leur organisation a signé la charte et 85% l’approuvent. « C’est la première fois que vous avez un document en entreprise qui parle d’homosexualité, d’identité de genre… des mots normalement bannis du discours y compris pour les entreprises qui ont une forte politique de diversité », c’est aussi une façon de dire à ceux que ça dérange « qu’il y a une ligne jaune à ne pas franchir » et que « l’homophobie ou la transphobie ne seront pas tolérées au travail » explique Catherine Tripon.
L’enquête menée par l’IFOP pour le compte de l’Observatoire de l’Autre Cercle, une consultation ouverte a été réalisée du 16 octobre au 12 novembre 2017, auprès de 6 698 collaborateur.rice.s, hétérosexueles.
Dix nouvelles organisations ont choisi de signer la Charte à l’occasion de cette soirée de présentation, de célébration et de reconnaissance du travail accompli au cours des 20 ans d’existence de l’association ’Autre Cercle.
En 2012 l’association a réussi à décrocher 9 signatures de la Charte engagement LGBT, 5 ans après, on compte 72 signatures de la Charte, avec des entreprises comme Aviva France, Clifford Chance , ENGIEgroup, EUGENE PERMA, Hogan Lovells, L’Oreal, NokiaB2B, Pfizer, Seita Officiel et Starbucks.
Pour Michel Ginestet président Pfizer France, il faut « Faire bouger les lignes dans les entreprises pour faire bouger les choses dans la société » .
Autre Cercle fait partie avec d’autres organisations de la société civile du Comité d’entente LBGTI Défenseur des droits. Ce comité se réunit deux fois par an et constitue une instance de concertation et de réflexion visant à dresser un état des lieux des difficultés rencontrées sur le terrain proposant des réflexions sur les propositions de réformes du Défenseur des droits.
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