Gabriel MIHAI
Depuis le 21 janvier, plus de 200 000 Sud-coréens se rassemblent, à Séoul et dans toutes les principales villes de Corée, pour rendre hommage à Gu Ji-In, jeune fille de 25 ans séquestrée et tuée par ses parents dans le cadre d’une conversion forcée mais aussi pour faire entendre leur voix face à l’inaction du Gouvernement coréen.
Cette manifestation a été organisée par l’Association des Droits de l’Homme et des victimes de Conversion Forcée (ADHCF) qui est une organisation de la société civile coréenne qui promeut la reconnaissance sociale des violations des droits de l’homme au nom de la religion.
L’affaire Gu Ji-In : la mort de trop
En 2016, Mlle Gu Ji-In avait déjà fait l’objet d’un premier enlèvement de 44 jours, après quoi elle avait adressé une pétition au Président Moon pour dénoncer ces conversions forcées. Cette demande est restée sans réponse.
Le 9 janvier Mlle Gu Ji-In, après avoir été maltraitée et privée de liberté afin de recevoir une conversion forcée dans une villa sécurisée et reculée à Gwangju, dans la province de Jeollanam-do, a été déclarée morte des suites de l’obstruction de ses voies respiratoires par ses parents.
Choqués, plus de 200 000 coréens manifestent dans toutes les régions du pays, pour demander au gouvernement de mettre fin à ces violences perpétrées au nom de la religion.
Ces pratiques violent la liberté de religion clairement énoncée dans l’alinéa 1 de l’article 20 de la Constitution coréenne.
Mme Jae-Eun Song représentante de l’Association des Droits de l’Homme et des victimes de Conversion Forcée (ADHCF) pour la région de Séoul a déclaré lors de sa visite en France : « La Corée est le pays démocratique où nous avons nos droits et notre liberté. J’exhorte tout le monde à ne jamais abandonner, mais je voudrais vous demander de faire entendre notre voix ensemble afin que toute la Corée puisse se réveiller. Le cas de Gu Ji In ne doit jamais se reproduire ! Par conséquent, je vous encourage à continuer à plaider en faveur de ceux qui souffrent dans le cadre de la conversion forcée ».
La manipulation du Conseil Chrétien de Corée
Ce qui pourrait facilement s’apparenter à un simple différent familial relève, en réalité, d’une pratique bien ancrée depuis dix ans en Corée du Sud. Au cours de ces conversions coercitives ou forcées une personne doit se convertir à une religion différente de la sienne.
En 2017, près de 1000 cas de conversions forcées ont été recensés par l’Association des Droits de l’Homme et des victimes de Conversions Forcées (ADHCF) en Corée du Sud. Ces cas sont d’autant plus surprenants qu’ils ont lieu au sein de la même religion, le christianisme.
Derrière ces personnes qui enlèvent et séquestrent leurs proches se dissimule un groupe de pasteurs appartenant au Conseil Chrétien de Corée (CCK), essentiellement issus de la dénomination protestante. Ce groupe ne tolérant pas la présence d’autres communautés chrétiennes, use de techniques de persuasion envers la famille et de violence envers les victimes par l’intermédiaire de leurs proches, en plus d’obtenir de leur part un soutien financier non négligeable.
La Corée du Sud s’est donc mobilisée et une pétition a été postée sur le site du Gouvernement pour réclamer une loi interdisant la conversion forcée et un cadre légal pour sanctionner les comportements violents au nom de la religion.
Après cinq jours seulement 135 000 signatures, sur 200 000 exigées, avaient déjà été réunies en soutien à cette pétition. Le seuil exigé pour obtenir une réponse du président étant pratiquement atteint cette pétition fut supprimée sans aucune explication du Gouvernement.
Manifestation à Gwangwamun, Sejongno le 28 janvier 2017
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