A quelques heures d’un nouveau débat télévisé entre les principaux candidats à la présidence, la déclaration du Comité des droits humains de l’ONU (HCDH) demandant au Brésil de laisser Lula se présenter à l’élection présidentielle, ajoutant que sa candidature ne pourra être annulée «que lorsque ses appels en justice auront été examinés de façon équitable».
Mais le gouvernement ne se sent pas concerné, et la candidature de Lula est toujours suspendue à une décision de la justice.
L’avocat de Lula a réagi immédiatement, Christiano Zanin s’est empressé d’exiger la participation de l’ancien président à la campagne électorale, à la suite du dépôt de sa candidature.
« A partir du moment où le Brésil a adhéré à la juridiction du Comité des droits humains de l’ONU, et cela remonte à 2009, le Brésil est dans l’obligation de respecter les décisions prises par cet organisme international », a-t-il déclaré Zanin.
Ce comité, qui est un organe de surveillance du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, est chargé de veiller au respect du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et au protocole facultatif qui y est associé. Comme le Brésil a ratifié ces deux textes, il est techniquement obligé de respecter les décisions du comité.
Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, Celso Amorim, un proche de Lula, cette polémique pourrait entacher l’image du Brésil à l’étranger. « De deux choses l’une, a-t-il lancé, ou le Brésil respecte cette décision, ou il se pose en paria international ».
Le parquet n’a pour sa part fait aucune déclaration pour le moment, mais le gouvernement brésilien a vite répliqué. Selon le ministère des Affaires étrangères, ce comité de l’ONU ne peut qu’émettre des recommandations, et c’est bien la justice brésilienne qui doit avoir le dernier mot. Or, le Tribunal supérieur électoral n’a pas encore statué sur la validité de la candidature de Lula, condamné pour corruption et incarcéré depuis quatre mois.
Evo Morales, le président de la Bolivie, a également publié un tweet se réjouissant de cette décision du CDH : «Nous saluons le fait que le Comité des droits de l’homme de l’ONU, le plus grand organisme d’intégration mondiale, reconnaît la légitimité de la candidature du frère Lula à la présidence du Brésil. Le monde est conscient de la conspiration entre l’oligarchie et la justice brésilienne. La vérité triomphera… »
Après la déclaration du comité de l’ONU, Dilma Rousseff, qui avait succédé à Lula à la présidente avant d’être destituée en 2016, s’est réjouie de ces conclusions : « Lula est innocent. Lula est candidat à la présidence de la République », a-t-elle écrit sur Twitter.
Le ministre de la Justice, Torquato Jardim, a déclare qu’il n’a pas de pertinence juridique. Tous deux se qualifient pour « l’intrusion politique et l’intrusion idéologique dans une question technico-juridique ».
Sarah Cleveland, vice-président du comité de l’ONU, elle-même expliqué la raison du refus.
« Pour qu’un Etat soit invité à prendre des mesures de précaution, il faut démontrer qu’il viole de manière irréparable certains des préceptes du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ».
La justice brésilienne lui reproche à Lula d’avoir reçu un luxueux appartement en bord de mer de la part d’une entreprise de construction en échange de faveurs dans l’obtention de marchés publics, ce qu’il a toujours catégoriquement nié, invoquant l’absence de preuves et dénonçant un complot visant à l’empêcher de briguer un troisième mandat. Pour nombre de ses soutiens, cette condamnation constitue «un coup d’Etat judiciaire.
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