Les Roumains ne se sont pas bousculés pour se rendre aux urnes un référendum controversé visant à graver dans la Constitution l’interdiction du mariage gay. Pour la gauche au pouvoir, l’espoir était justement de remobiliser son électorat.
L’incertitude était totale sur l’issue du scrutin, le taux de participation n’atteignant pas 12% à la mi-journée. Un seuil de 30% des quelque 19 millions d’inscrits doit être atteint pour valider le référendum. De nombreux Roumains opposent l’indifférence voire une franche hostilité à cette consultation qui propose de changer la définition du mariage dans la Constitution pour faire que seuls «un homme et une femme» puissent s’unir et non plus des «époux», comme stipulé actuellement.
D’un point de vue légal rien ne changera à l’issue du référendum, puisque la législation roumaine n’autorise actuellement ni le mariage entre personnes de même sexe ni l’union civile. Les adversaires du scrutin fustigent un vote dont le seul effet a été de laisser libre cours aux discours homophobes et dont l’enjeu serait de faire oublier les déboires de la gauche au pouvoir.
« On devrait laisser à tout le monde le choix de se marier ou non, sans égard pour l’orientation sexuelle », confie une retraitée, après avoir assisté à la messe dominicale à Bucarest.
L’appel renouvelé, dimanche, du patriarche de la puissante Eglise orthodoxe, Daniel, à consentir « un acte de bienfaisance pour la famille et pour le peuple» n’a pas convaincu non plus un jeune entrepreneur, qui dit «refuser de participer à cette mascarade ».
Les opposants au vote faisant le pari du boycott, la victoire du «oui» à une modification constitutionnelle est assurée, avec un score qui pourrait atteindre 90% des suffrages et une participation de 34%, selon un sondage de l’Institut CURS publié vendredi. Le référendum émane d’une « initiative citoyenne », proche de l’Eglise, qui a présenté les signatures de trois millions de personnes ayant conduit à l’organisation de la consultation pour défendre « la famille traditionnelle ».
« L’agressivité qui a marqué la campagne pour le (oui), la tentative d’instiller la haine contre une minorité ont rendu les Roumains réticents à voter », explique le sociologue Gelu Duminica.
Une interdiction gravée dans la Constitution rendrait plus difficile, voire impossible, tout changement futur de la loi en faveur des couples homosexuels, s’inquiètent les adversaires de la consultation. Ils craignent que d’autres initiatives soient lancées remettant en cause le cadre de l’avortement ou de l’éducation sexuelle. Le référendum a suscité de vives critiques au sein des institutions européennes qui ont rappelé Bucarest à ses engagements en matière de droits de l’Homme.
Le taux de participation définitif sera connu dimanche soir, mais les résultats devraient être publiés lundi, même si une majorité en faveur d’une modification de la constitution ne fait aucun doute.
Malgré l’hystérie du gouvernement contre les homosexuels, faite de clichés et de mensonges, les bureaux de vote n’affichaient qu’un taux de participation de 30 %. Un score qui ne rassure pas les sociaux-démocrates.
« Les hommes politiques exploitent avec cynisme le ressentiment contre la communauté homosexuelle, affirme Florin Buhuceanu, président de l’association Accept, qui représente la communauté LGBT roumaine. Ils veulent nous pousser à prendre nos distances avec l’Union européenne et à nous rapprocher de la Russie et de sa politique anti-UE. En décembre 1989 les Roumains ont sacrifié leur vie pour faire tomber le communisme. Ils ne sont pas morts pour que nous nous tournions de nouveau vers l’Est ».
Ils se sont alliés avec la puissante Eglise orthodoxe qui a vu ses paroisses arrosées de subventions par le gouvernement et les mairies de gauche. Des millions de tracts contre la communauté LGBT ont aussi été distribués par les popes dans les villages, où vivent près de la moitié des 20 millions de Roumains.
Si, en Europe occidentale, la gauche s’est montrée ouverte au mariage homosexuel, les sociaux-démocrates roumains ont choisi d’aller à contre-courant.
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