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22 novembre 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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Des milliers d’Algériens manifestent contre un 5e mandat de Bouteflika

Des milliers d’Algériens ont défilé vendredi dans le centre d’Alger, contre la perspective d’un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, face à une police apparaissant débordée.

En annonçant le 10 février sa candidature à la présidentielle du 18 avril, M. Bouteflika au pouvoir depuis 1999 et qui souffre de séquelles d’un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2013, a mis fin à de longs mois d’incertitude, mais aussi déclenché une contestation d’ampleur inédite en 20 ans et le visant directement, du jamais vu.

Les évènements politiques se sont accélérés ces derniers jours. Ils sont appelés à l’être davantage au fur et à mesure que le 18 avril s’approche. Il y a bien des indices qui augurent ce bouillon politique. D’abord, il y a les manifestations populaires annoncées partout ce vendredi.
A Bouira, Tizi Ouzou, Ghardaïa et Tiaret des dizaines de personnes sont déjà dans la rue pour réclamer au président Bouteflika de renoncer à briguer un 5e mandat. A Alger, l’ancien chef du gouvernement et homme politique, Ali Benflis, a partagé une vidéo le montrant sur Alger-centre.

Le cortège, composé d’hommes et de femmes de tous âges, a remonté le long de l’une des principales artères qui débouchent sur la place, une foule impressionnante, difficile à évaluer précisément, de milliers de manifestants, brandissant des drapeaux algériens, rassemblée près de la Place de la Grande-Poste, bâtiment emblématique du centre de la capitale.

Non loin, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour empêcher des manifestants d’accéder à la Place du 1er Mai, mais a rapidement été débordée par le flux de manifestants convergeant des rues qui y débouchent de plusieurs quartiers.

Un autre long cortège de plusieurs milliers de personnes, parti de la Place des Martyrs, a réussi à forcer plusieurs cordons de policiers antiémeutes qui tentent, à coups de jets de gaz lacrymogènes, de les empêcher de converger eux aussi vers la Grande-Poste.

Depuis plus d’une semaine, des milliers de personnes se sont retrouvées ainsi, sans couleur politique ni encadrement émanant d’un quelconque mouvement dans les rues du pays.

Un journaliste et une photographe de la presse écrite algérienne ont été brièvement interpellés par la police, selon une journaliste de l’AFP sur place, à qui des policiers ont demandé de s’éloigner pour sa « sécurité ».

La réaction des forces de l’ordre, qui ont jusqu’ici largement laissé faire, même à Alger où toute manifestation est interdite depuis 2001, devait être également observée de près, alors que le camp présidentiel a fait savoir cette semaine qu’il n’entendait pas reculer face à la rue.

Certains observateurs craignent que les partisans du chef de l’État n’utilisent la manière forte pour s’éviter une campagne électorale avec le double handicap d’un candidat absent physiquement – M. Bouteflika n’apparait plus qu’à de rares occasions et ne s’est pas adressé à la nation depuis son AVC – et contesté dans la rue.

La candidature de M. Bouteflika sera déposée le 3 mars, a annoncé son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal. « Personne n’a le droit d’empêcher un citoyen algérien de se porter candidat. C’est un droit constitutionnel ».

Le chef de l’État est cependant hospitalisé depuis dimanche à Genève, officiellement « pour des examens médicaux périodiques » et son retour en Algérie n’a toujours pas été annoncé.

La mobilisation, qui s’annonce supérieure à celle de la semaine passée, était le principal enjeu principal de ce vendredi, alors qu’il reste moins de trois jours au camp présidentiel pour déposer dans les délais – jusqu’à dimanche minuit – le dossier de candidature de M. Bouteflika devant le Conseil constitutionnel. Le Conseil constitutionnel rendra publique la liste des candidats en lice pour la présidentielle dans dix jours à compter de la clôture de la période de dépôt des dossiers.

Toute la semaine, les rassemblements d’ampleur variable se sont succédé : mouvement citoyen, avocats, étudiants et journalistes, ont tour à tour manifesté. Jeudi, une dizaine de journalistes algériens ont été détenus durant plusieurs heures après avoir participé à Alger à un rassemblement « contre la censure » dans la couverture de la contestation.

Amnistie internationale a appelé jeudi les forces de l’ordre à « s’abstenir de recourir à une force excessive ou inutile pour disperser des manifestants pacifiques ».

Lundi dernier, le rassemblement organisé par Mouwatana s’est transformé en véritable manifestation à laquelle ont pris part de très nombreuses personnes non concernées au départ.
Dans un premier temps, les policiers ont tenté de faire échouer le mouvement en procédant à de très nombreuses interpellations (plusieurs personnes âgées ont été embarquées) et en se livrant à des intimidations qui ont obtenu l’effet inverse que celui recherché.

Face à certaines images qu’ils ne supportaient pas, les curieux ont rejoint la masse contestataire et plus d’un millier de personnes se sont ainsi retrouvées à manifester au centre de la capitale. Débordées, les forces de l’ordre ont uniquement usé de gaz lacrymogènes pour disperser la foule.
Ce mardi, et peu de temps après la fin des marches organisées par les étudiants et lycéens, des affrontements ont eu lieu (au centre-ville toujours) entre des groupes de jeunes et des CRS. Dans l’ensemble, toutes les marches organisées à travers l’ensemble du pays se sont également déroulées sans incidents.

Art. 102.1 — Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose,à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement.
Le Parlement siégeant en chambres réunies déclare l’état d’empêchement du Président de la République, à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres et charge de l’intérim du Chef de l’Etat, pour une période maximale de quarante cinq (45) jours, le Président du Conseil de la Nation, qui exerce ses prérogatives dans le respect des dispositions de l’article 104 de la Constitution.
En cas de continuation de l’empêchement à l’expiration du délai de quarante cinq (45) jours, il est procédé à une déclaration de vacance par démission de plein droit, selon la procédure visée aux alinéas ci-dessus et selon les dispositions des alinéas suivants du présent article.

Selon la constitution d’Abdelaziz Bouteflika, aurait dû être démis de ses fonctions de président, ainsi que le stipule l’article 102: « Si le président est malade pendant plus de 45 jours, il devra être démis de ses fonctions ».

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