Les bons mots de Pascal Légitimus
« Ce livre est comme un scrabble vivant »
Il fait partie du trio des « Inconnus ». Pascal Légitimus, l’acolyte de Bernard Campan et de Didier Bourdon, n’est pas qu’un humoriste. À son arc, les cordes d’acteur, de metteur en scène de réalisateur et de parrain du Phonéton 2019 pour le Fonds Arménien de France. Aujourd’hui, il en ajoute une sixième, celle d’auteur. Sur une idée originale du journaliste people et biographe Gilbert Jouin, il co-signe « L’Alphabêtisier, voyage en termes inconnus », une « farandrôle » de jeux de mots subtiles versus troisième degrés qui ne restera pas inconnue longtemps. Un cadeau à glisser sans hésitation aucune sous le sapin pour s’amuser avec le verbe en famille et entre amis.
Journal Impact European : Après le Larousse et le Robert, il y a maintenant l’Alphabêtisier ?
Pascal Légitimus : Le but n’était pas de concurrencer ces deux mastodontes de la grammaire et de la littérature. En revanche, ce qui est amusant, c’est que « Les Inconnus » sont entrés dans le Larousse en début d’année …
JIE : Comment l’idée de cet Abécédaire est-elle née ?
PL : Cette idée est celle de l’homme de plume et de mots qu’est Gilbert Jouin. Elle est partie d’un amusement et d’une envie commune.
JIE : Quel en était le principe ?
PL : Enlever une lettre à un mot pour en ajouter une autre et former ainsi un nouveau mot auquel on donnerait une définition.
JIE : La langue de Molière ne vous semblait pas suffisamment riche et complexe ?
PL : Notre réflexion n’est pas d’enrichir la langue française, mais de s’en amuser. Si les lecteurs utilisent ces mots dans lesquels sont induites des vérités, la langue française s’en verra enrichie, mais encore une fois, ce n’était pas le but au départ.
JIE : L’avez-vous envoyé à l’Académie Française ?
PL : Pas encore, mais ce livre pourrait être un bonus DVD de l’Académie Française (sourire)…
JIE : Comment votre travail de sourcier s’est-il organisé avec celui du journaliste Gilbert Jouin ?
PL : Il nous aura fallu une petite année, en se voyant régulièrement, en s’appelant, en s’adressant des mails, en faisant des brainstormings avec les éditeurs, pour mener à bien notre projet. On se rectifiait et se complétait l’un l’autre, pour arriver à des néologismes sur l’alphabet. Je me suis davantage attelé à trouver d’autres rubriques.
JIE : Justement, votre réflexion est allée plus loin que celle de revisiter des mots et leur définition ….
PL : Pour donner plus de sens au livre et pour l’enrichir, nous avons élargi le concept initial. J’ai proposé d’y incorporer de fausses maximes, de fausses métaphores, de prendre le féminin et le masculin d’un mot, d’y mettre des parodies de chansons où d’y placer une rubrique « J’aime pas ». À l’arrivée, ça le fait plutôt bien. On souhaite que les gens se l’approprient et l’utilise. Ce livre est comme un scrabble vivant.
JIE : Vous êtes-vous amusez des définitions que vous trouviez à certains ?
PL : Bien sûr ; le but premier étant de rire.
JIE : Figurent également dans ce livre, des parodies de chansons et de comptines. Il faudrait en faire un spectacle …
PL : Peut-être dans une prochaine étape, mais n’étant pas un chanteur, ça risque d’être compliqué.
JIE : Pourquoi cette lettre ouverte à Edmond Santo et pourquoi dans ce livre ?
PL : Parce que je ne voyais pas où le faire ailleurs. C’est une lettre qui a un peu d’humour, au second degré et qui dit des choses assez fortes. Je ne veux pas faire que rire. J’aime qu’il y ait aussi dans ce que je fais une résonnance engagée.
JIE : À mots couverts, avouez-le : le fin mot de ce livre, c’est que vous avez eu pour mot d’ordre de peser vos mots pour mieux les placer et avoir le nouveau mot …
PL : Oui. Ces nouveaux mots peuvent être utilisés dans le parler courant. D’autres gens vont en trouver d’autres et d’ici vingt ou trente ans, des nouveaux mots vont naître ou « re n’être » différemment.
JIE : Vous ne pourriez qu’être fier si ces mots étaient repris …
PL : Qu’un seul soit utilisé me suffirait.
JIE : Les avez-vous intégrés à votre propre vocabulaire ?
PL : J’en utilise dans mon quotidien.
JIE : On vous retrouve actuellement en tournée dans « L’Ordre des choses » de Marc Fayet, mis en scène par Richard Berry. Quel en est le pitch ?
PL : Thomas, un séduisant trentenaire apprend à Bernard, un sexagénaire vivant avec Juliette, sa jeune compagne, qu’il serait son fils. Chose impossible puisqu’il s’est toujours proclamé stérile. C’est une comédie contemporaine grinçante, mais drôle, autours du désir d’enfant, de la parentalité, de la PMA et de l’adoption.
JIE : Que vous apporte la scène ?
LP : Elle est un moyen d’expression que j’aime beaucoup parce c’est du live. Ça me permet d’une part d’endosser des personnages que je ne pourrais pas jouer dans la vie et d’autre part, ça m’apporte le divertissement, la transmission et le rapport affectif que j’ai avec les gens qui me le renvoient tout de suite.
JIE : Avez-vous une appréhension avant d’y monter ?
LP : Celle de louper le démarrage. Aussi, je me concentre en me mettant dans l’humeur de ce que je dois jouer.
JIE : Que vous dites-vous une fois le rideau rabaissé ?
PL : (D’une voix grave) Le devoir est accompli. Le public s’est réjoui.
JIE : Le public arrive-t-il à vous dissocier de l’humoriste que vous étiez au temps des « Inconnus » ?
PL : Il y a une part affective indélébile. Par mon jeu d’interprétation et par mes personnages, ils arrivent à oublier l’étiquette « Inconnus ».
JIE : En parlant de personnages, vous osez sortir de votre zone de confort…
PL : J’endosse mes personnages. Il y a trois ans environ, pour la série « Accusé » je jouais un épicier de quartier, accusé de viol. J’ai pris 4 kilos, je m’étais rasé la moustache et blanchi les cheveux. On ne me reconnaissait pas. J’avais une manière de respirer et de parler qui était différente. Je conçois mon métier en ayant une tête différente. Je suis polymorphe.
JIE : Êtes-vous nostalgique de cette époque ?
PL : Pas forcément, même si j’aimerai bien que l’on se retrouve une dernière fois avec mes camarades, pour s’amuser. Nous verrons bien ce qui se passe.
JIE : Était-ce plus facile de rire de tout avant ?
PL : Je pense que l’on peut rire de tout aussi aujourd’hui. Simplement, il faut trouver la forme et les angles, réfléchir, prendre son temps et travailler plus pour récolter plus …
JIE : Qu’est-ce que « le mec des Inconnus » aurait envie de dire à Pascal aujourd’hui ?
PL : « Pourvu que ça dure ».
JIE : Quel regard avez-vous sur votre parcours ?
PL : Je reviens de loin. Si je pouvais m’arrêter maintenant je ne serais pas triste, mais j’ai encore plein de choses à dire. J’ai des projets particuliers dans des domaines très différents. Je vais donc encore surprendre.
JIE : D’où votre surnom « Mine de rien »
PL : En effet. Il m’est attribué depuis des années. Je trouve cela assez juste, car je surprends là on ne m’attend pas.
JIE : Quand vous n’êtes pas sur scène, devant ou derrière une caméra, qui est Pascal Légitimus ?
PL : Un homme simple qui cultive son jardin et qui voyage beaucoup pour aller à la rencontre des autres.
JIE : Vous êtes plutôt Alpha ou Bêta ?
PL : Gamma.
JIE : Quel est votre mot préféré ?
PL : Harmonie.
JIE : Qui, pour vous parodier pourrait s’orthographier « Art mot nie » et qui pourrait avoir pour définition le besoin pathologique de créer des mots ?
PL : Ça pourrait être aussi Arménie … mais là, je l’écris normalement.
JIE : En guise de mot de fin, que peut-on vous souhaiter ?
PL : D’être loin du tumulte …
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