Le premier colloque des imams d’Europe contre la radicalisation a lieu du lundi 17 février au jeudi 20 février à Paris. Une tribune de son organisateur, l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi.
Du 17 au 20 février se tient à Paris le “Colloque des Imams d’Europe” dont l’objectif est d’opposer une digue à la radicalisation des esprits sous l’influence de l’extrémisme islamique. Cette tribune de son organisateur, l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi a commencé par une visite à l’Assemblée Nationale lundi.
« Dénoncer ne suffit plus, il faut combattre ». « Depuis de trop nombreuses années, nous avons pensé que si nous nous engagions davantage sur la place publique, nous risquerions, une fois de plus, de braquer les projecteurs sur nos co-religionnaires qui ne souhaitent finalement que la discrétion et la paix. Nous avions tort. »
« C’est le sens de notre rassemblement, les 16, 17 et 18 février à Paris, nous serons au total une cinquantaine d’imams, venus de toute l’Europe, pour débattre des meilleurs moyens pour lutter contre une radicalisation qui jette le discrédit sur toutes nos communautés »… « C’est le seul moyen de tarir les sources de la contestation islamo-politique et, partant, du jihadisme dont il dérive. Cela est valable pour l’Orient despotique. Concernant l’Occident démocratique où vivent des minorités musulmanes, la problématique est bien différente. »
Une certitude néanmoins : en France, l’imam Chalghoumi conforte le camp islamo-contestataire pour les raisons précitées. Ce qui est un comble pour un individu se présentant comme un rempart contre l’extrémisme. En effet, il ne suffit pas de s’autoproclamer comme tel ; encore faut-il le soutien de la base si l’on veut créer autour de ses valeurs un phénomène d’adhésion. Et c’est là où le bât blesse. Car l’imam Chalghoumi, tel un berger sans troupeau, est totalement isolé. Et cela n’est pas près de changer tant l’évocation de son simple nom suscite un rejet quasi-convulsif chez les français musulmans.
Les retours d’expériences, les savoir-faire et les défis varient d’un pays européen à l’autre. Ce regard croisé doit être la première richesse de ce colloque, une première en dehors du monde musulman. Trois jours de débats, de travaux et de réflexions nourris par la présence exceptionnelle d’intellectuels et de juristes, de représentants des autres religions et de personnalités politiques, comme Robert Badinter.
Au programme, une quinzaine de tables rondes et de prises de paroles sur le djihadisme, le terrorisme, la citoyenneté, l’intégration des musulmans et les textes sacrés. À l’issue des travaux, un livre blanc sera édité, première pierre pour bâtir une nouvelle relation entre l’Islam, les gouvernements européens et nos sociétés. Un colloque qui doit servir de congrès fondateur pour un nouvel Islam européen.
Ce congrès doit permettre aux musulmans d’Europe d’échapper à la tenaille identitaire des uns et des autres en repoussant l’hydre islamiste qui gangrène parfois nos mosquées, tout en délégitimant le discours de haine porté contre nos communautés.
Les imams d’Europe ont tenu un moment de silence en hommage aux victimes de l’attentat de novembre 2015 devant le Bataclan, en présence de nombreuses familles endeuillées par les attentats qui ont frappé la France, le maire du 11 arrondissement de Paris, François Vauglin, et le Adjoint à la Maire de Paris, Patrick Bloche.
Un engagement clair, qui doit montrer concrètement la solidarité de la communauté musulmane à l’égard de toutes les victimes du terrorisme.
Parallèlement, après l’ouverture du colloque par les imams d’Europe, le président français Emmanuel Macron a annoncé à Mulhouse des mesures contre le séparatisme islamiste, il a tenu à affirmer que la lutte contre le «séparatisme islamiste» n’était pas dirigée contre les musulmans, notamment la fin de l’accueil des imams envoyés par certains pays.
«L’islam politique n’a pas sa place» en France, a affirmé mardi Emmanuel Macron à Mulhouse, parlant de ce dossier politiquement sensible à l’approche des élections municipales.
Le Président de la République a notamment annoncé la fin progressive des «imams détachés», c’est-à-dire envoyés par d’autres pays comme la Turquie et l’Algérie, sans préciser à quelle date cette mesure serait appliquée. Sera également mis fin l’accueil des quelque 300 «psalmodieurs» reçus chaque année durant la période du ramadan. Il a également souhaité augmenter parallèlement le nombre d’imams formés en France.
«Notre ennemi est le séparatisme» mais «faire un plan contre l’islam serait une faute profonde», a déclaré le président français dans un discours devant des responsables locaux et des habitants du quartier sensible de Bourtzwiller, à Mulhouse.
«Dans la République, on ne peut pas accepter qu’on refuse de serrer la main à une femme parce qu’elle est femme; dans la République, on ne peut pas accepter que quelqu’un refuse d’être soigné ou éduqué par quelqu’un; dans la République, on ne peut pas accepter la déscolarisation; dans la République, on ne peut pas exiger des certificats de virginité pour se marier; dans la République, on ne doit jamais accepter que les lois de la religion puissent être supérieures aux lois de la République, c’est aussi simple que ça», a-t-il énuméré.
Avant ce discours, le chef de l’Etat s’était rendu au contact des habitants, où, au cours d’un bain de foule d’une heure, il a tenu à affirmer que la lutte contre le «séparatisme islamiste» n’était pas dirigée contre les musulmans.
«L’islam traverse une crise avec une radicalisation de certains et des mouvements très durs qui veulent aller vers l’islam politique. Je dis juste que, chez nous, l’islam politique n’a pas de place», a-t-il déclaré, accompagné de plusieurs membres du gouvernement.
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