Le président de la République, qui s’exprimait depuis l’hôpital de campagne installé à Mulhouse (Alsace), a promis « un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières » dans l’hôpital à la fin de la crise du Covid-19.
Emmanuel Macron a déclaré mercredi qu’un plan d’investissement massif pour l’hôpital serait mis en œuvre après la crise sanitaire que traverse actuellement la France, sans préciser quelles seraient les modalités et financements possibles. « Nos soignants qui se battent aujourd’hui pour sauver des vies se sont hier battus souvent pour sauver l’hôpital, notre médecine. Beaucoup a été fait, sans doute pas suffisamment vite, pas suffisamment fort. L’engagement que je prends ce soir, pour eux et pour la Nation toute entière, c’est qu’à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital, c’est ce que nous leur devons, c’est ce que nous devons à la Nation. Cette réponse sera profonde et dans la durée. »
Emmanuel Macron a également précisé mercredi soir qu’une prime exceptionnelle serait mise en place pour les soignants avec des heures supplémentaires majorées pour « l’ensemble des personnels soignants et des fonctionnaires mobilisés ». Le président de la République a salué « la mémoire des soignants qui ont payé de leur vie leur engagement ».
Remerciant à plusieurs reprises les soignants « en première ligne » dans cette « guerre », le Président a garanti qu’il serait « au rendez-vous de ce que nous devons, au-delà de cette reconnaissance et du respect ». À court terme, il a « demandé au gouvernement d’apporter une réponse claire et de court terme pour l’ensemble des personnels soignants et des fonctionnaires mobilisés par une majoration des heures supplémentaires et des primes exceptionnelles. »
« Je veux aussi saluer l’ensemble des femmes et des hommes qui sont en deuxième ligne et qui permettent à nos soignants de soigner, et au pays de continuer à vivre. Ce sont les femmes et les hommes qui transportent, qui hébergent, qui dépannent, qui nettoient, qui réparent. Ce sont nos agriculteurs, ce sont l’ensemble des femmes et des hommes qui sont dans le secteur de l’alimentation, des commerces de première nécessité, ce sont nos livreurs, nos caissiers et nos caissières, c’est tout ce peuple travailleur de France qui se bat, qui, je le sais, parfois, est angoissé, souvent pour eux-mêmes et leurs familles, mais permet au pays de vivre. Je veux ce soir avec beaucoup de force les remercier et leur apporter tout le soutien de la Nation. Je sais les attentes qu’il y a là aussi pour être mieux protégé et le gouvernement fera le maximum pour apporter toutes les réponses avec les contraintes qui sont les nôtres, toujours en transparence. Vendredi, je rassemblerai l’ensemble des partenaires sociaux et un très gros travail a été fait ces derniers jours pour, secteur par secteur, apporter les meilleures réponses pour organiser le travail, pour mieux protéger au travail. Je veux remercier l’ensemble des employeurs de tous ces secteurs qui ont beaucoup fait là aussi pour que la nation continue à vivre. Cette deuxième ligne est indispensable et je veux remercier tous nos compatriotes qui, avec courage, chaque jour, permettent au pays de continuer à vivre dans ce contexte. Leur travail, leur engagement, leur courage sont aussi notre fierté. »
« Et il y a la troisième ligne, celles et ceux qui peuvent télétravailler ou rester à la maison, arrêter leur activité pour un temps ou qui y sont contraints parce que le secteur d’activité a fermé et qui contribuent aussi à l’effort de la Nation en restant chez eux, en respectant les règles de confinement qui ont été édictées par le gouvernement, en réduisant les contacts, en luttant contre la propagation du virus. Je vous remercie, mes chers compatriotes, de cette part que vous prenez à l’effort collectif. Elle est indispensable, pour protéger notre système de santé, pour ralentir ce virus et protéger l’ensemble de nos soignants, de nos réanimateurs, pour permettre de sauver un maximum de vies, pour protéger aussi nos aînés et les plus fragiles. »
Vingt-cinq premières ordonnances ont été adoptées ce mercredi en Conseil des ministres. En pleine épidémie de coronavirus, ces mesures concernent aussi bien l’économie que la santé, en passant par la justice ou les droits sociaux.
Vingt-cinq ordonnances sur les 43 prévues par la loi d’urgence adoptée dimanche ont été adoptées ce mercredi en Conseil des ministres, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de coronavirus. Elles visent à soutenir la vie économique, garantir des droits sociaux ou encore adapter le fonctionnement de la justice au confinement.
L’état d’urgence sanitaire encadrant la restriction des libertés publiques (confinement, réquisitions…) sera cette fois instauré pour deux mois « à compter de l’entrée en vigueur » de la loi, donc lorsqu’elle aura été promulguée et parue au Journal officiel ce lundi. Il pourra y être mis fin par décret avant l’expiration du délai, si la situation sanitaire s’améliore.
Le projet de loi permet au Premier ministre, tant que l’état d’urgence est actif, de prendre par décret de nouvelles mesures s’il les estiment nécessaires. Ces dernières peuvent notamment restreindre ou interdire la circulation des personnes et des véhicules, interdire aux personnes de sortir de leur domicile, ordonner des mesures ayant pour objet la mise en quarantaine des personnes susceptibles d’être infectées, ordonner la fermeture provisoire d’une ou plusieurs catégories d’établissements recevant du public ainsi que des lieux de réunion, ordonner la réquisition de tous biens et services nécessaires à la lutte contre la catastrophe sanitaire ou encore prendre des mesures temporaires de contrôle des prix de certains produits. Toutes les mesures prises peuvent faire l’objet de recours devant le juge administratif.
« C’est un effort long auquel nous allons tous ensemble faire face », a assuré mercredi Edouard Philippe, à l’issue d’un Conseil des ministres au cours duquel 25 ordonnances ont été adoptées dans le cadre de l’ état d’urgence sanitaire.
« C’est l’urgence sanitaire qui anime tous les esprits aujourd’hui, mais c’est aussi, et ce sera de plus en plus, un choc économique, un choc social : nous ne sommes qu’au début de la crise », a prévenu le Premier ministre, avant de détailler le contenu des ordonnances dont le nombre dans un même Conseil des ministres est un record sous la Ve République.
Comme attendu, cela comprend « la création du fonds de solidarité doté d’un milliard d’euros » orienté vers les « très petites entreprises, micro-entreprises et indépendants », des aides pour le secteur du voyage ou encore une adaptation des règles des marchés publics et de déploiement des réseaux de communication électroniques pour les renforcer plus rapidement.
« Nous ne laisserons personne de côté », a souligné le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, ajoutant que le fonds de solidarité « sera maintenu tant que la crise durera ».
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, présente également, a elle précisé la « refonte complète du système d’indemnisation du chômage partiel », qui indemnise un salarié à hauteur de 70 % du salaire brut et 84 % du salaire net, avec une contribution de l’Etat à hauteur du smic. Muriel Pénicaud a indiqué que 37 000 entreprises avaient déjà demandé à bénéficier de ce dispositif, dont la moitié ont moins de 10 salariés.
Edouard Philippe a également annoncé des ordonnances vouées à « la protection des plus vulnérables ». Les droits sociaux (RSA, allocation adulte handicapés, droits des demandeurs d’emplois) seront « préservés et poursuivis pendant toute la période de confinement ».
Edouard Philippe a également envoyé un message aux soignants, qui doivent être « absolument prioritaires, qu’il s’agisse des équipements de protection, des moyens de transport des malades, de l’hébergement temporaire ou des financements ». « C’est la priorité des priorités du gouvernement », a-t-il martelé.
La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a elle présenté plusieurs mesures d’exception pour la justice, dont certaines devraient permettre de libérer entre 5000 et 6000 détenus des prisons françaises. Pour éviter une crise sanitaire et sécuritaire en prison, elle avait ouvert la voie il y a quelques jours à cette libération anticipée de prisonniers malades et d’autres en fin de peine.
Le gouvernement a aussi annoncé un report des charges fiscales et sociales pour les entreprises touchées, ce qui représente, pour l’Etat, un effort de trésorerie de l’ordre de 35 milliards d’euros. Le texte rend également possible le fait de reporter intégralement ou d’étaler le paiement des loyers, des factures d’eau, de gaz et d’électricité afférents aux locaux professionnels et commerciaux.
L’État s’engage également avec ce projet de loi à garantir 300 milliards d’euros via la Banque publique d’investissement (BPI) France pour assurer les prêts bancaires des entreprises.
Le Parlement avait également adopté vendredi le projet de loi de finances rectificative pour 2020 modifiant la loi initiale pour faire face aux événements actuels via un plan de soutien de quelque 45 milliards d’euros. Le texte instaure le chômage partiel pour les salariés – financé par l’État et l’Unedic à hauteur de 84% du salaire net dans la limite de 4,5 Smic et 100% pour les salariés au Smic. Le montant total provisionné pour les deux mois à venir s’élève à date à 8,2 milliards d’euros.
Un fonds de solidarité doté d’un milliard d’euros (financé à hauteur de 750 millions d’euros par l’Etat et 250 millions par les Régions) est créé à destination des commerçants, artisans et des petites entreprises de moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires ayant connu une baisse de leurs revenus d’au moins 70% entre mars 2019 et mars 2020. Une indemnité de 1.500 euros sera versée aux entreprises éligibles.
Le plan d’aide gouvernemental va se traduire par un creusement du déficit public à 3,9 % du Produit intérieur brut en 2020, au-delà de la règle européenne des 3%.
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