Le mois des mémoires 2021 commence le 27 avril et se termine le 10 juin prochain. Il inclut la journée nationale des mémoires de la traite de l’esclavage et de leurs abolitions, célébrée le 10 mai.
Cette année, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage célèbre les 20 ans de la loi Taubira. C’est aussi l’occasion pour elle de coorganiser avec la Réunion des musées nationaux et le parc de la Villette, l’exposition Napoléon et l’esclavage. Elle se tiendra du 19 mai au 19 septembre 2021 à la grande Halle de la Villette. L’ espace dédié à « Bonaparte et l’esclavage » est une première mondiale. Il traite du rétablissement de l’esclavage par un pays qui l’avait aboli. Les visiteurs pourront découvrir des pièces exposées pour la première fois au public.
Qu’est-ce que la Fondation pour la mémoire de l’esclavage?
Avant la création de la fondation, la loi de 2001 a instauré le Comité pour l’histoire et la mémoire de l’esclavage. Le président Chirac lance en 2006, une réflexion sur la création d’une institution concernant la mémoire de l’esclavage. En 2016, François Hollande reprend l’idée.
En septembre 2015, le ministère chargé de l’éducation nationale, le ministère des Outre-mer et le CNMHE organisent un concours scolaire national « La Flamme de l’égalité ». A partir de 2016, la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (DILCRAH) apporte son soutien à ce concours.
La Fondation pour la mémoire de l’esclavage est née en novembre 2019. Elle agit pour l’intérêt général et la cohésion nationale, transmet l’histoire de l’esclavage et parle de ses héritages. Elle bénéficie du soutien de partenaires institutionnel et de représentants associatifs. Le comité de soutien est présidé par Christiane Taubira, ancienne garde des sceaux. Jean-Marc Ayrault, ancien premier ministre en est le président. C’est aussi le moment de
Le mois des mémoires
Le mois des mémoires est un rendez-vous national annuel. Cette année, il commence le 27 avril, date de l’abolition en 1848, et se termine le 10 juin, date de l’abolition en Guyane. Il permet d’honorer les personnes ayant subi l’esclavage et célébrer leur combat. C’est aussi un moyen de lutter contre le racisme, les discriminations et toutes formes modernes d’esclavage.
Journée nationale des mémoires
Le 10 mai est la journée nationale des mémoires de la traite de l’esclavage et de leurs abolitions.
A cette occasion, le président de la République préside une cérémonie, jardin du Luxembourg. Il est accompagné du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin; du ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti; du ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer; de la ministre de la culture, Roselyne Bachelot; de la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno
La cérémonie a commencé par la lecture de 3 extraits du travail des élèves des classes lauréates du concours national de « la Flamme de l’Egalité ».
La comédienne Yasmina Ho-You-Fat a ensuite lu un extrait du Discours de Mme Christiane Taubira devant l’Assemblée Nationale le 18 février 1999.
Un air de musique traditionnelle guadeloupéenne, « Elwa ou ka vwayajé », a précédé le dépôt de gerbes puis la minute de silence.
La Marseillaise interprétée par les lauréats du concours » Voix des Outre-mer » a clôturé la cérémonie.
Loi Taubira
La loi Taubira a 20 ans. Les 81 députés présents ce jour l’ ont votée à l’unanimité. En 2001, la France devenait le premier pays à reconnaître l’esclavage comme crime contre l’humanité.
En 1999, l’ancienne garde des sceaux et député de Guyane, Christiane Taubira présente dans l’hémicycle la loi qui portera son nom. L’année précédente, le 23 mai 1998, une marche silencieuse commémorait le 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Elle réunissait 40 000 personnes à Paris pour honorer la mémoire des victimes. L’article 1er en décrit la teneur.
« La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité ».
Les dates importantes
Le 10 mai 2001, le gouvernement français vote la loi « tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité », à l’égal de la Shoah et des autres génocides du XXe siècle. Il la promulgue le 21 mai 2001.
Le président Jacques Chirac décide d’instaurer une Journée des » Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions« . La date d’ anniversaire du vote de la loi par le Sénat est choisie, soit le 10 mai. Cet initiative suit, 3 ans plus tard, l’instauration par l’UNESCO, d’une « Journée Internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition » le 23 août.
Le 23 août est l’anniversaire d’une grande révolte d’esclaves contre les colons français en 1791, à Saint-Domingue. Les esclaves noirs et affranchis revendiquaient la liberté et l’égalité des droits avec les citoyens blancs.
Le 19 juin 2020, toujours dans le même ordre d’idée, suite à la mort de George Floyd aux Etats-Unis, le Parlement européen, vote à Strasbourg une résolution condamnant la traite occidentale « contre les personnes noires et de couleur ». La commémoration de la journée européenne contre la traite se fera le 2 décembre.
Et maintenant?
Depuis le vote de la loi, il y a 20 ans, on assiste à une campagne de réparation “politique et mémorielle”, de plus en plus importante au cours du temps. L’attitude de la France est bien différente de celle des Etats-Unis. Comme le disait le président Macron: »La France, elle ne déboulonne pas de statues”. Avec la loi Taubira, on pensait tourner la page de 150 ans de déni et de silence sur ces faits, responsables de la mort prématurée de milliers d’hommes et de femmes dans les colonies françaises d’outre-mer.
C’est pourquoi, la traite négrière et l’esclavage ont une place importante dans les programmes scolaires et de recherche.
La Fondation pour la mémoire de l’esclavage et le Mémorial ACTe (Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage) ont vu le jour à Paris et à Pointe-à-Pitre.
Endroits commémoratifs
Dans la capitale plusieurs rues, parcs ou jardins portent le nom de héros caribéen. Le dernier étant le jardin Toussaint Louverture dans le 2è arrondissement.
Toussaint Louverture était un général franco-haïtien à a tête des armées de St Domingue. Grande figure abolitioniste, son combat mène à l’indépendance de l’ile en 1804. St Domingue est la première république au monde issue d’une révolte d’esclaves.
D’autres noms liés à la traite des esclaves sont associés comme Dugommier, planteur guadeloupéen; Richepanse, général de Napoléon envoyé en Guadeloupe pour écraser la révolte; Le Chevalier St George ou la famille Dumas ont aussi associé leur nom. luxembourg et esclavage
Le 10 mai 2007, le président Chirac, et le président nouvellement élu quatre jours auparavant, Nicolas Sarkozy, ont inauguré ensemble le monument créé par Fabrice Hyber « Le cri, l’écrit« , pour commémorer l’esclavage dans le jardin du Palais du Luxembourg. Cette sculpture de 3 anneaux de bronze possède 2 faces. L’anneau inférieur symbolise les racines, celui du milieu la possibilité toujours actuelle de l’esclavage, celui du haut, ouvert, son abolition.
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