De longues semaines de préparatifs, près de cent cordistes ont empaqueté le monument, pour que tout soit parfait avant la cérémonie d’inauguration.
Après le Pont Neuf à Paris en 1985 et le Parlement allemand en 1995, c’est au tour de l’Arc de Triomphe à Paris d’être emballé par Christo et sa compagne Jeanne-Claude. Un projet qui remonte à 1961, dont le cheminement jusqu’à aujourd’hui est dépeint dans ce bel album richement illustré.
L’œuvre posthume du duo d’artistes s’inscrit dans une longue série de disputes qui ne sont pas qu’esthétiques, mais aussi politiques : qu’est-il légitime d’imposer à la vue de tous ?
A quelques mètres de l’Arc de Triomphe, une femme de 50 ans, dit qu’elle n’a pas de mots, « j’aime l’art mais l’empaquetage de l’Arc de triomphe, ça ne passe pas, … je ne comprend pas qu’on ait autorisé l’installation au-dessus de la flamme du soldat inconnu». « Sidérant, abject, une infamie. »
D’autres côté un Berlinois d’une cinquantaine d’années, fait des photos. Il aime voir l’édifice ainsi réduit à sa pure silhouette. Et se rappelle l’empaquetage du Reichstag, en 1995 : « C’était une grande fête ! »
L’œuvre de Christo a été largement commentée, depuis le 18 septembre, l’Arc de Triomphe est “emballé”, certains tentent également d’en profiter pour… se faire un peu d’argent. Il est possible de venir admirer de plus près l’œuvre de Christo, moyennant 16 euros. En contrepartie, les visiteurs reçoivent en “cadeau” un petit bout du tissu que l’artiste a utilisé pour emballer le monument.
Les vendeurs précisent que celui-ci n’a pas été découpé illégalement : les prix vont de 10 euros jusqu’a 50 euros. Rien ne les empêche d’agir de la sorte : à voir toutefois s’ils parviendront à trouver un vendeur. Il y a en tout cas de quoi largement rentabiliser la visite de ce projet de 14 millions d’euros, entièrement autofinancé par les artistes Christo et Jeanne-Claude.
Sur l’empaquetage de l’Arc de triomphe, œuvre posthume de Christo et Jeanne-Claude, beaucoup a été dit, qui concerne essentiellement le financement de l’opération et le caractère plus ou moins démocratique de la prise de décision.
Les mécénat, certes, mais dont le jeu des déductions fiscales fait peser une large part sur l’ensemble des contribuables; une décision d’élu·e·s, certes, mais qui, en matière d’art, d’occupation de l’espace public, excède toujours quelque peu les limites floues de leur mandat tant il est vrai que le jugement de goût, pour éclairé ou conditionné qu’il soit, est en dernière instance, subjectif.
“Il y a eu des malentendus sur le coût. Ce projet ne coûte rien à l’État. Il est entièrement financé par Christo, cela ne coûte rien au contribuable français”, a précisé l’Elysée à ce sujet auprès de BFMTV face aux polémiques.
Les effets iconologiques produits par le geste des artistes ne semblent pas avoir été pris en considération dans la discussion à laquelle il a donné lieu. Or ceux-ci, surtout dans le contexte actuel, sont loin d’être inexistants, ou neutres.
En effet, la plupart des sites empaquetés jusqu’à présent par Christo et Jeanne-Claude étaient soit naturels (vallée dans le Colorado, îlots dans la baie de Biscayne en Floride) soit urbains (Pont-Neuf à Paris, palais du Reichstag de Berlin.
En place depuis le 18 septembre, un rêve de jeunesse de Christo et Jeanne-Claude, artistes contemporains, est visible jusqu’au 3 octobre. L’empaquetage, qui a nécessité des semaines de préparatifs, est maintenu par 3.000 mètres de cordes, englobant l’Arc de Triomphe, haut de 50 mètres.
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