Mardi 24 avril, la Maire de Paris a reçu en fin de matinée la communauté arménienne à l ‘Hôtel de Ville à l’occasion de la commémoration du génocide des Arméniens. En début de soirée, à 18h, elle s’est rendue Place du Canada pour une cérémonie devant la statue du Père Komitas, victime en 1915 de la rafle des 800 intellectuels.
Le père Komitas, de son véritable nom Soghonom Soghonomian est né en 1869 dans une famille modeste qui aimait la musique. Il perd sa mère alors qu’il n’a qu’un an puis son père à l’âge de 11 ans. Il Il fait des études de théologie et est ordonné prêtre en 1892, un an plus tard, il es nommé professeur de musique du collège d’Etchmiadzine puis docteur en théologie en 1896; il continue sa formation à Berlin en 1899. Trois ans plus tard, il est docteur en musicologie. Fondateur du mouvement arménophile en France, il rentre dans son pays en 1907 puis crée une école de musique à Constantinople en 1910 et en 1914, il retourne à Paris donner un concert puis un autre à Constantinople le 13 avril 1915 avec 300 choristes. Onze jours après, le 24 avril 1915 commence le premier génocide du XXème siècle, le père Komitas est arrêté dans la rafle de 800 intellectuels puis déporté au camp de Tchanguiri dans les déserts de l’Empire Ottoman. Grâce à l’intervention de diplomates occidentaux dont l’ambassadeur américain, il est libéré mais a perdu la raison. En 1919, après hospitalisation dans son pays, il est transféré en France à Ville Evrard puis à l’hôpital psychiatrique de Villejuif où il meurt le 15 octobre 1935. Il est enterré en Arménie en 1936. Une statue est érigée à Erevan et une autre à Paris dans le 8ème arrondissement.
Pour le 103ème commémoration du génocide arménien, Anne Hidalgo a tenu à rappeler l’engagement de Paris envers les ressortissants arméniens; elle a rappelé le devoir de mémoire et a souligné la violence utilisée à leur égard par le régime Jeune-Turc en 1915/1916 puis encore jusqu’à nos jours par le régime du Président Erdogan qui ne reconnait pas le génocidetrs. Elle a aussi évoqué devant la communauté et les co-présidents du CCAF (Conseil de Coordination des organisations Arméniennes en France) Mourad Papazian et Ara Toranian mais aussi Viguen Tchitetchian, ambassadeur d’Arménie en France, les liens forts qui lient les deux pays.
Ara Toranian a tenu à dénoncer l’assassinat des Assyro-Chaldéens pendant le génocide de 1915 et des grecs pontiques ainsi que des progressistes kurdes par les turcs. Il a aussi salué les autres communautés victimes de génocides telles que les juifs, les tutsi et les chypriotes dont les représentants étaient présents à l’Hôtel de Ville. Il a aussi évoqué la démission de l’ancien Président devenu Premier Ministre Serge Sakissian.
La cérémonie du soir devant la statue de bronze du Père Komitas réalisée par David Yerevantsi et inaugurée en 2003 par les présidents Chirac et Kotcharian en présence de Patrick Devedjian, Bertrand Delanoe, Charles Aznavour et l’éditeur turc Ragip Zarakolu a réuni la maire de Paris, Anne Hidalgo, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, Jeanne d’Hauteserre, maire du 8ème arrondissement, les co-présidents du CCAF, Mourad Papazian et Ara Toranian ainsi que le député Jacques Marilossian, président du groupe d’amitié France-Arménie, qui représentait le Président Macron en visite officielle aux Etats-Unis. Des gerbes ont été déposées avant les discours par les personnalités au pied de la statue du Père Komitas. Le message d’Emmanuel Macron adressé au Président de la République d’Arménie, Armen Sarkissian a été lu par le député. Dans le public, de nombreux élus étaient présents ainsi que des personnalités de tout bord parmi les plus de 5 000 personnes qui s’étaient déplacées pour l’occasion.
Après les discours, une marche de revendication s’est dirigée dans le calme jusqu’aux Champs Elysées, à deux pas de l’ambassade de Turquie. Un discours des représentants du Nor Seround et de Nazarpek a été prononcé à la fin.
Le Président Macron qui a fait la promesse dans sa campagne d’inscrire au calendrier une journée pour la commémoration du génocide arménien s’est engagé lors du dîner annuel du CCAF à soutenir ce projet. Il se rendra d’ailleurs en Arménie en octobre prochain pour une visite d’état qui correspondra au Sommet de la Francophonie.Le ministre des Affaires Etrangères se rendra lui à Erevan pour les 100 ans de la capitale.
Par ailleurs, l’école Tumo créée en 2011 à Erevan par un couple de riches mécènes arméno-américains, Sam et Sylvia Simonian, via la fondation Simonian Educationnal Foundation ouvrira un autre établissement à Paris en septembre prochain. On en espère aussi une implantation à Los Angeles.
Cette école, mélange d’une école d’art et d’une école de codage informatique est unique au monde et s’adresse aux adolescents de 11 à 18 ans en leur proposant de développer gratuitement après lécole des centres d’intérêt (robotique, jeux vidéo, vidéo et musique), les élèves s’inscrivent à un cours par semaine, au choix et peuvent travailler sur les 385 ordinateurs que propose l’école. Au bout de deux ans, le cycle est bouclé par un projet final.
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