Gérard CROSSAY
C’est la région la plus pittoresque, nullement touchée par le tourisme de masse, à l’inverse de la côte nord, souvent occupée par des « usines à touristes ».
Paleochora, Sougia, Agia Roumeli, Loutro, Hora Sfakion, petites villes ou villages, ces stations se succèdent en bord de mer, tout contre le massif le plus élevé de Crète, le Mont Psiloritis ou Ida qui culmine à 2456 m.
Beaucoup de constructions récentes mais qui respectent l’environnement et l’architecture locale : blocs carrés blanchis à la chaux, toits-terrasses, larges balcons fleuris de pélargoniums, hibiscus, bougainvilliers, jasmins. Le dédale des ruelles aux murs de pierres ancestraux délimitant des jardins exotiques a été sauvegardé. Eucalyptus et tamaris géants ombragent les places et les rues aux nombreuses tavernes accueillantes.
Dans la campagne, c’est une forêt d’oliviers, irrigués par des tuyaux de plastique noirs qui courent sur le sol entre les troncs.
L’huile d’olive de Crète est particulièrement reputée pour sa qualité. Outre le terroir, celle-ci s’explique le mode de ramassage des olives. A partir d’octobre, de grands filets noirs ou couleur rouille sont tendus sous les arbres et les fruits tombent durant 6 mois, seulement quand ils sont mûrs. Ce n’est pas le cas quand l’arbre est violemment secoué par une machine comme c’est le cas dans certains pays.
Les figuiers sont légion mais pas d’arrosage pour eux. Et dans les vallons humides, plus à l’intérieur du pays, la végétation devient abondante avec noyers, châtaigniers, cerisiers, pommiers, et bien sûr orangers et citronniers. On trouve un autre agrume, le bergamotier dont les gros fruits sont utilisés en parfumerie et également comestibles.
L’intérêt touristique de cette région, ce sont aussi les gorges, souvent impressionnantes, comme celles de Samaria, la plus plus profonde et étroite, d’Aradena, Imbros ou Agia Galini.
C’est le territoire des Krikris, les chèvres sauvages de montagne, espèce strictement protégée, qui parviennent à grimper le long des parois abruptes et sont difficilement visibles.
La chèvre domestique, par contre, se consomme. C’est même le plat typique de la contrée de Sfakia, le « tsigariasto », chevreau mariné à l’huile d’olive et aux herbes, cuit lentement au four avec pommes de terre et châtaignes. Un régal! Une variante du grand classique, le »kleftiko ».
Il trouve son origine dans la période des 10 ans de guerre d’indépendance (1821-1831). Les combattants réfugiés dans les montagnes devaient se préparer à manger sans attirer l’attention, ni par l’odeur de la cuisine, ni par les flammes du feu. Aussi ils cuisinaient alors l’agneau ou la chèvre avec des herbes, de la feta et des pommes de terre, le tout dans un pot en terre lui même mis dans la cendre, le tout enfoui dans le sol. La viande cuisait donc entièrement à l’étouffée.a tradition de préparer le kleftiko a perduré depuis cette époque et ce plat continue d’être un des classiques de la cuisine grecque.
Autre classique du Sfakia, la sfakiani pita, petite crêpe fourrée au mizithra, fromage qui s’émiette à base de lait de brebis ou de chèvre.
Le régime crétois est bien connu pour conférer force et longévité.
La Grèce reste la deuxième destination phare pour les Européens, derrière l’Espagne.
Dès 2016 cependant, la crise des migrants qui a affecté les îles de l’ouest de la mer Egée, amplifiée par les médias et par un phénomène d’amalgame, a généré une vision négative de la Grèce dans son ensemble et fait chuter de 61% le tourisme en Crète.
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