Emmanuel Macron a tout fait pour rassurer les catholiques lors de la Conférence des évêques, assurant vouloir «réparer» le lien entre l’Eglise et l’Etat.
Hier soir, le chef de l’État devant la Conférence des évêques de France a déclaré « pour cela, il n’est pas d’autre moyen qu’un dialogue en vérité », a-t-il précisé devant 400 invités réunis en début de soirée dans la grande nef cistercienne du collège des Bernardins à Paris.
Ce discours d’Emmanuel Macron, qui a marqué à plusieurs reprises son intérêt pour les questions religieuses, est inédit car c’est la première fois que l’Église catholique organise un tel événement médiatique, comparé par certains au rendez-vous annuel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).
« Dans ce moment de grande fragilité sociale, quand l’étoffe même de la nation risque de se déchirer, je considère de ma responsabilité de ne pas laisser s’éroder la confiance des catholiques à l’égard de la politique – et des politiques », a ajouté le chef de l’État accompagné de son épouse Brigitte et du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
« Pour des raisons à la fois biographiques, personnelles et intellectuelles, je me fais une plus haute idée des catholiques. Et il ne me semble ni sain ni bon que le politique se soit ingénié avec autant de détermination soit à les instrumentaliser soit à les ignorer », a expliqué le président.
Emmanuel Macron a également défendu son « humanisme réaliste » pour justifier la politique migratoire du gouvernement, objet de critiques de la part d’associations catholiques.
Avant lui, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Georges Pontier, a appelé à prendre en compte les « besoins des plus pauvres » pour « bâtir une nation fraternelle, juste et solidaire ».
Parmi les 400 personnes invitées à cette soirée figuraient des élus, des chefs d’entreprise, des intellectuels, mais aussi des personnes âgées, handicapées, précaires, etc.
Plusieurs points de ce très long discours, dans lequel le chef de l’Etat s’emploie à « réparer » les liens entre l’Eglise et l’Etat — officiellement séparés depuis la loi de 1905, sont largement critiqués ce matin sur les réseaux sociaux.
Un argument repris semble-t-il par l’ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls, qui s’est chargé de rappeler à celui dont il partage aujourd’hui les couleurs politiques : «La laïcité c’est la France, et elle n’a qu’un seul fondement : la loi de 1905, celle de la séparation des Eglises et de l’Etat. La loi de 1905, toute la loi, rien que la loi.»
La laïcité c’est la France, et elle n’a qu’un seul fondement : la loi de 1905, celle de la séparation des Eglises et de l’Etat. La loi de 1905, toute la loi, rien que la loi.— Manuel Valls (@manuelvalls) 9 avril 2018
L’ancien candidat socialiste à la présidentielle et désormais chef de file du mouvement Génération.s, Benoît Hamon, a également réagi sur Twitter, se demandant quand le lien entre l’Eglise et l’Etat avait été abîmé. «Est-ce lors du mariage pour tous? S’il doit être réparé ? Est-ce lors de la révision des lois de bioéthique?», s’est-il interrogé.
Quand le lien entre l’Église et l’État a-t-il été abimé ? Est-ce lors du mariage pour tous? S’il doit être réparé ? Est-ce lors de la révision des lois de bioéthique? sur la PMA ? #MacronBernardinshttps://t.co/sJ8aKIbjV4— Benoît Hamon (@benoithamon) 9 avril 2018
Christine Boutin, ancienne président du parti chrétien-démocrate, s’est pour sa part réjouie que son engagement catholique en politique ait précédé en acte l’appel du chef d’Etat : «Ca va devenir top d’être catho cohérent !», a-t-elle tweeté. Pour autant, l’ancien ministre a estimé que ce discours ne changerait en rien les positions d’Emmanuel Macron, qui «fera ce qu’il veut», notamment sur la PMA.
#DialogueEgliseEtat
je suis émerveillée ce soir par toutes ces reconnaissances (parfois agacées) de mon engagement catholique en politique, précédant en acte, l’appel de ce soir @EmmanuelMacron. Ça va devenir top! d’être catho cohérent ! ???— christine Boutinن (@christineboutin) 9 avril 2018
Il faut le lire pour le croire. Cet extrait a immédiatement suscité la colère parmi de nombreux militants sur les réseaux sociaux.
Depuis quand l’Eglise accompagne les familles #homoparentales alors qu’elle s’oppose à leur reconnaissance et à leur protection? On croit rêver ce discours est complètement irréel…#LGBT pic.twitter.com/xqSELo2dhK
— Joël Deumier (@joeldeumier) April 9, 2018
Choquant, blessant, inapproprié. #MacronBernardins #ignorance https://t.co/KFAn0VVJWp
— GAYLIB (@GayLib) April 10, 2018
Et enfin, faut-il montrer au président de la République comment ces réseaux tentent de noyauter les débats sur la loi bioéthique uniquement pour faire échouer l’ouverture de la PMA.
Et par exemple évoquer les innombrables affaires de pédophilie qui touchent l’Eglise, y compris parmi les plus hauts dans la hiérarchie catholique française ( le Cardinal Barbarin est poursuivi pour ne pas avoir dénoncer les agissements d’un prêtre pédophile), ce qui en fait une autorité morale pour le moins douteuse.
Parmi ses propos, le chef de l’État a notamment estimé que le lien entre l’Église et l’État s’était « abîmé » qu’il incombait de le « réparer ». Une sortie qui a provoqué l’ire de ses adversaires politiques, et a fédéré plusieurs personnalités de gauche et des associationS LGBT et la communauté LGBT contre lui.
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