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23 mai 2025

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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Festival de Cannes 2025: Chie Hayakawa, en course pour la Palme d’or avec « Renoir »

Tokyo, 1987. Fuki, 11 ans, vit entre un père hospitalisé et une mère, débordée et absente. Un été suspendu commence pour Fuki, entre solitude, rituels étranges et élans d’enfance.

Yui SUZUKI a foulé le tapis rouge vendredi 16 mai pour présenter ce film émouvant qui plonge dans l’existence d’une fillette d’une dizaine d’années, hypersensible et rêveuse, livrée à elle-même parce que son père est hospitalisé et sa mère souvent absente.

Dans ce film, présenté en compétition, la réalisatrice Chie Hayakawa embarque le spectateur dans son passé où il ne pouvait pas faire son deuil après la mort de son père.

Une plongée intimiste dans le quotidien d’une petite fille esseulée et imaginative, la réalisatrice japonaise sonde l’enfance, la solitude, et une certaine forme de pensée magique pour conjurer les coups durs de l’existence.

« Renoir » s’inscrit dans la veine des grands films japonais sur l’adolescence, l’âge de tous les possibles et de tous les apprentissages, même les plus douloureux.

« Renoir » s’en inspire et le cite fréquemment, au détour d’un plan, ou tout simplement par la ressemblance physique entre les deux jeunes héroïnes. Chie Hayakawa en suit surtout le principe de mise en scène : ce n’est pas la caméra qui provoque le mouvement, mais l’héroïne aux humeurs changeantes de l’adolescence quand elle n’invente pas un lien spirituel avec l’au-delà.

Chie Hayakawa n’est pas pour autant une inconnue sur la Croisette. Le premier long-métrage de la réalisatrice japonaise, Plan 75, était reparti du Festival de Cannes 2022 avec une mention spéciale du jury de la Caméra d’or.

Fuki a des pensées morbides. Elle rêve qu’on l’étrangle dans son sommeil ou écrit dans une rédaction qu’elle aimerait être orpheline. Elle se lie d’amitié avec une camarade de classe, s’essaie à l’hypnose, à la télépathie, au spiritisme, à tous ces rituels qui permettent de faire communiquer les êtres, vivants ou morts. L’été de Fuki est la saison d’une grande vacance, celle d’un foyer inhabité et d’une vie sans attaches.

La réalisatrice Chie Hayakawa, se rend compte pendant le tournoi que la vie culturelle et sociale est glaciale, manquant de communication. « En filmant cette petite fille, un trait culturel japonais m’est apparu, que j’ai eu envie d’exprimer dans le film. Les Japonais se touchent très peu. C’est-à-dire qu’ils ont très peu de contacts physiques les uns avec les autres. Tant qu’on est encore bébé, on est beaucoup pris dans les bras, on est porté énormément par nos parents. Et cette période-là de la vie, elle peut être assez longue. Je voulais montrer à quel point cela peut créer un manque. C’est ce que j’ai voulu montrer dans la séquence où Fuki est avec sa professeure d’anglais, une métisse moitié japonaise, moitié américaine très imprégnée de la culture occidentale. Elle prend Fuki dans ses bras pour la consoler. J’avais envie de montrer cette sensation qui submerge Fuki à ce moment-là. Elle est très surprise, mais en même temps, elle trouve ça agréable et réconfortant. Ce trait culturel japonais, j’ai eu envie de le traiter à travers le film. »

« Renoir » pourrait être surchargé de pathos et de drame. Il aborde frontalement la question de l’adultère, des arnaques de la fin de vie, et même de la pédophilie – pas le passage que l’on préfère – mais il reste toujours à hauteur d’enfant, comme si le monde entier se résumait au regard porté sur lui par la jeune fille de 11 ans.

La réalisatrice préfère les sinuosités, au risque d’égarer le spectateur. Renoir émeut lorsqu’il cesse de vouloir être étrange. Les séquences les plus touchantes sont les plus simples. Ce sont celles qui montrent Fuki et son père en promenade hors de l’hôpital, notamment à l’hippodrome. Seule sous la pluie, son père vient chercher Fuki et la porte sur son dos. Rêve ou réalité, le statut des images chez Chie Hayakawa est indécidable.

Un deuxième film présenté au Festival de Cannes par la réalisatrice japonaise, où elle donne l’impression d’exposer son passé au cinéma.

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