Interpellé en marge du rassemblement des « gilets jaunes » samedi 20 avril, le journaliste indépendant Gaspard Glanz sera jugé le 18 octobre au tribunal de Paris.
Le journaliste Gaspard Glanz, interpellé samedi 20 avril, lors de l’acte 23 des « gilets jaunes », s’est vu remettre une convocation pour être jugé le 18 octobre au tribunal de Paris, après 48 heures de garde à vue. Il sera jugé pour « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique », selon son avocat Me Raphaël Kempf et le parquet de Paris.
Gaspard Glanz est interdit de paraître à Paris tous les samedis et le 1er mai. Cette décision revient à lui interdire de couvrir les manifestations des Gilets jaunes et d’autres ayant lieu ces jours-là. Autrement dit, d’exercer son travail de journaliste. C’est une atteinte à la liberté d’informer, a indiqué son avocat. S’exprimant à la sortie du commissariat du XIIe arrondissement de Paris, Gaspard Glanz a déclaré : « Je me rendrai dans les manifestations les samedis et le 1er mai malgré l’interdiction (…) Parce que je suis journaliste ».
Me Raphaël Kempf a expliqué au sortir du tribunal la situation (transcription des propos captés par le journaliste Charles Baudry) :
« Le juge des libertés et des détentions a décidé de faire droit à ces réquisitions en interdisant à Gaspard Glanz de se présenter à Paris tous les samedis et le 1e mai. Cette mesure l’empêche de travailler, nuit à la liberté d’informer, à la liberté d’expression, à la liberté de travailler, et pourrait aboutir pour Gaspard Glanz à une espèce de mort professionnelle. Nous contesterons par les voies de droit cette décision. Il lui est reproché uniquement une infraction d’outrage à des policiers, prévue par le Code de procédure pénale, au cours d’une manifestation, policiers avec lesquels il cherchait à discuter après avoir reçu dans le genou une grenade.
Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, un grand nombre de manifestants étaient toutes les semaines interdits de se rendre à Paris, les empêchant d’exercer leur liberté fondamentale de manifester. Aujourd’hui, l’institution judiciaire veut en plus interdire à un journaliste de faire son travail.
Ce n’est pas une peine, c’est un contrôle judiciaire. Ce qui le justifie, je ne sais pas, parce que cette décision n’est pas motivée. »
Sur une vidéo diffusée sur YouTube, on peut voir Gaspard Glanz, journaliste indépendant à la tête d’une société de production, interpeller les forces de l’ordre place de la République et affirmer avoir été visé par une grenade de désencerclement. Le journaliste leur fait ensuite un doigt d’honneur après avoir été poussé par un policier.
Sur Twitter, Me Kempf a annoncé qu’il allait « contester » cette décision qui « porte atteinte à la liberté de la presse et à celle de travailler », son client s’étant spécialisé dans la couverture de mouvements sociaux et notamment de celui des « gilets jaunes ».
Me Raphaël Kempf, a déclaré : « La garde à vue est une mesure de contrainte et de privation de liberté qui doit être absolument nécessaire à la réalisation d’une enquête. Dans ce cas, cette mesure n’était pas absolument indispensable. Si l’on voulait entendre Gaspard Glanz, on pouvait le convoquer à une date ultérieure et on n’avait pas besoin de l’enfermer dans une cellule crasseuse pendant quasiment 48 heures ».
Soulignant que « le procureur n’est pas un magistrat indépendant », Me Kempf a déploré que « le procureur n’ait pas daigné prendre la parole pour s’expliquer sur cette mesure ».
Dans une note d’analyse juridique, l’avocat Vincent Ollivier démontre en se référant à l’article 62-2 du Code de procédure pénale que, même si le délit « d’outrage » était constitué, « il n’existait aucun motif justifiant le placement en garde à vue de l’auteur de l’irréparable outrage ».
Une pétition demandant la libération du journaliste a recueilli plus de 23.6500 signatures.
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