Alors que le mouvement des «gilets jaunes» s’est poursuivi samedi, le président français ne s’est pas encore exprimé ce week-end.
D’après la mairie de Paris, la manifestation de samedi a fait bien plus de dommages matériels que la semaine passée. En cause, une dispersion plus grande des manifestants malgré le dispositif de sécurité accru des forces de l’ordre.
Anne Hidalgo avait déploré samedi soir « des scènes de chaos » dans la capitale et des « dégâts incommensurables » pour l’économie et l’image de la ville. La manifestation des « gilets jaunes » a réuni quelque 10.000 personnes à Paris, contre 8.000 le 1er décembre.
« Il y aura beaucoup plus de dégâts suite à la journée d’hier qu’il y a une semaine », selon Emmanuel Grégoire, qui est chargé du budget de la capitale, et « un coût économique beaucoup plus important », dû notamment aux très nombreux commerces restés fermés, dans ce qui est traditionnellement un temps fort des achats avant les fêtes.
Quelque 136’000 manifestants samedi, un nombre record d’interpellations à Paris, des dégâts matériels dans la capitale et en régions mais moins de blessés: après une quatrième journée de mobilisation des «gilets jaunes», Emmanuel Macron va annoncer de nouvelles mesures en réponse à cette crise qui met son quinquennat à l’épreuve.
De nombreux ministres étaient déjà présents sur le front médiatique dimanche matin, à l’image de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, selon lequel ces troubles représentent «une catastophe pour notre économie».
«A l’évidence, nous avons sous-estimé le besoin de nos concitoyens de prendre la parole, de dire les difficultés qui sont les leurs et d’être associés à la construction des solutions», a reconnu de son côté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Emmanuel Macron doit prendre la parole «en tout début de semaine» et des mesures sociales fortes et concrètes sont attendues.
Au total, 1.723 personnes ont été interpellées dans toute la France samedi, à l’occasion de l’acte IV de la mobilisation des «gilets jaunes», et 1.220 ont été placées en garde à vue, selon des chiffres du ministère de l’Intérieur dimanche.
Rien que dans la capitale, les forces de l’ordre ont procédé à un nombre record de 1.082 interpellations samedi, contre 412 le 1er décembre.
Selon un bilan national provisoire de la direction générale de la santé, 179 personnes blessées ont été prises en charge sur toute le territoire par les équipes médicales des hôpitaux.
Ce quatrième samedi de mobilisation a aussi été marqué par des affrontements et des dégradations à Bordeaux, Toulouse, Saint-Etienne, Nantes et Marseille. A Perpginan, le péage sud sur l’autoroute A9 a été incendié. Il est fermé ce dimanche. A Bordeaux, les dégâts sont considérables. C’est un spectacle de désolation qu’offre l’hyper-centre de la ville. Alain Juppé ne reconnaît plus « son » Bordeaux et avoue que, de mémoire de maire, il n’a jamais vu ça.
L’exécutif français, très impopulaire, sous la pression de ce mouvement soutenu par une majorité de Français n’arrive pas à réduire cette fracture sociale, d’autant que le mouvement des « gilets jaunes », déstructuré et évoluant hors des cadres établis, n’a pas de véritable leader, rendant épineuses les tentatives de négociation.
Le premier ministre Edouard Philippe a appelé de ses voeux une union nationale retrouvée. Il faut « retisser l’unité nationale », a-t-il dit samedi soir, ajoutant que le président Macron, pratiquement muet depuis les émeutes de samedi dernier, allait bientôt sortir de son silence.
Emmanuel Macron « s’exprimera. Il lui appartiendra de proposer les mesures qui viendront nourrir ce dialogue et qui permettront, je l’espère, à l’ensemble de la Nation française de se retrouver et d’être à la hauteur des enjeux », a ajouté le premier ministre.
Évoquant ce mouvement, le ministre de l’Europe et des Affaires européennes s’est dit « inquiet » pour la démocratie et les institutions. Dans le même temps, il a expliqué que cette mobilisation traduisait un « mal-être », qui révélait « un sentiment profond d’inégalités territoriales et sociales ». Ce nouveau « contrat social » permettrait selon lui d’enrayer ces inégalités. Ce que je propose à Emmanuel Macron, c’est la mise en oeuvre d’un nouveau contrat social », Jean-Yves Le Drian.
Après cette quatrième journée de mobilisation, les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. À l’unanimité, la journée d’hier a été qualifiée de « réussite ». En déplacement à Bruxelles, Marine Le Pen a estimé que cette nouvelle action marquait l’échec de la stratégie d’intimidation d’Emmanuel Macron et l’a appelé à réagir. Même son de cloche pour Jean-Luc Mélenchon, pour qui, le mouvement des gilets jaunes, marque une nouvelle étape de la vie politique.
Le chef de l’État a tenu encore une fois à salué les forces envoyées sur le terrain. » À toutes les forces de l’ordre mobilisées aujourd’hui, merci pour le courage et l’exceptionnel professionnalisme dont vous avez fait preuve », a posté Emmanuel Macron sur Twitter.
Le réseau social est pour le moment le seul canal de communication direct du chef de l’État, qui doit néanmoins s’adresser à la nation en début de semaine prochaine, sans doute lundi, afin d’apporter des réponses aux demandes remontées par certains représentants des « gilets jaunes », reçus à Matignon vendredi.
More Stories
Fini la comédie ! Confidences à Dalida
Des jambons au cœur d’une querelle de clocher !
Paris rend hommage aux victimes du 13-Novembre, neuf ans après