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21 novembre 2024

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Guy Bedos, un grand maître de l’humour disparait

L’acteur et humoriste Guy Bedos est mort le  28 mai à l’âge de 85 ans, il rejoint ses amis Michel Piccoli et Jean-Loup Dabadie disparus depuis peu de temps.

Qui ne se souvient pas des sketchs « La drague » qu’il interprétait avec sa seconde épouse Sophie Daumier ou bien « Bonne Fête Paulette » mais aussi de Simon, un médecin étouffé par les intrusions à répétitions de sa mère pied noir, dans les films d’Yves Robert « Un éléphant, ça trompe énormément » puis « On ira tous au Paradis » où il partageait l’affiche avec Victor Lanoux, Jean Rochefort et Claude Brasseur. Guy Bedos était aussi auteur de 17 ouvrages dont le premier fut « Je craque » (1976), « Mémoires d’outre-mère » (2005) ou son autre autobiographie « Je me souviendrai de tout – Journal d’un mélancolique »(2015) et pour finir « A l’heure où noircit la campagne »(2017). Il s’est aussi illustré au théâtre entre 1951 (« Mon ami le cambrioleur) et 2015  (Moins 2) ainsi que dans  « Guy Bedos de Guy Bedos »(2003), »Sortie de scène »(2004) et « Le voyage de Victor ( 2009), écrits par son fils Nicolas. On se souvient aussi de son face-à-face avec Muriel Robin sur la scène de l‘Olympia (1992).

Guy Bedos était aussi connu pour ses engagements politiques, se revendiquant « homme de gauche » bien que n’appartenant à aucun parti. Son humour s’inspirait beaucoup de la politique , ce qui lui donna l’idée d’inclure dans ses spectacles ses « revues de presse« . On le retrouve militant  contre l‘extradition du terroriste italien d’extrême-gauche Cesare Battisti après 2002. Dès 2008, il apporte son soutien à Yvan Colonna. C’est aussi aux côtés de l’association Droit au Logement  qu’il participe plusieurs fois à des manifestations. Il était membre de la Ligue des droits de l’Homme,  du Comité d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité en demandant aux candidats à l’élection présidentielle de 2012 de s’engager à déposer un projet de loi pour légaliser l’euthanasie. En 2012, il soutient Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et en 2017, il supporte Arnaud Montebourg à la primaire citoyenne et participe à la marche pour la VIe République de La France insoumise, le 18 mars.  Il vote pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle.

Arrière -petit-fils d’Alfred Letellier, homme politique d’Algérie, Guy Bedos est né le 15 juin 1934 à Alger. Il arrive à Paris en 1949 avec ses parets et ses 2 demi-soeurs. commence des études de théâtre à l’école de la rue Blanche à l’âge de 17 ans. Il se produit au théâtre et dans des cabarets. Il rencontre alors Jacques Prévert qui lui conseille d’écrire des sketchs. Suite à une grève de la faim et est réformé, échappant ainsi à la guerre d’Algérie. On commence à le voir à la télévision en 1956 et sa rencontre avec Sophie Daumier le propulse en à peine 10 ans en tant qu’ humoriste. Il poursuit sa carrière en solo  et obtient plusieurs rôles au cinéma. Dans les années 1990, il incarnait une forme d’idéal de l’humoriste français de gauche, tout comme Michel Boujenah, Smain ou Muriel Robin.

Guy Bedos a eu 5 enfants durant ses 3 mariages successifs: Leslie née en 1957, fille de Karen Blanguernon; Philippe né en 1954, adopté à l’âge de 9 ans, décédé en 2010 et Mélanie née en 1973, enfants de Sophie Daumier; Nicolas né en 1979 et Victoria née en 1983, enfants de Joëlle Bercot.

L’annonce du décès de l’artiste a suscité de nombreux hommages à commencer par celui son fils Nicolas : »Il était beau, il était drôle, il était libre et courageux, comme je suis fier de t’avoir eu pour père. Embrasse Desproges et Dabadie, vu que vous êtes tous au Paradis« .

L’Elysée salue le »brio de l’artiste et les engagements de l’homme tout en adressant à la famille et tous ceux qu’il faisait rire aux éclats ou aux larmes ses sincères condoléances.

Le ministre de la culture, Franck Riestler: »Guy Bedos partageait son humour et ses convictions avec la même sincérité et la même passion. Nous nous souviendrons notamment de ses grands rôles au cinéma, de ses spectacles inoubliables et de sa parole libre. Je pense à sa famille et à ses proches dont je partage la peine. »

Jack Lang, ancien ministre de la Culture: « C’était un militant humaniste, engagé, à la fois idéaliste et critique. Il ne lâchait rien et pouvait être très sévère. Guy Bedos était exigeant et déterminé. J’aimais sa franchise toute méditerranéenne, il allait droit au but, sans contrefaçons. Il ne transigeait jamais, surtout pas avec ses convictions et ses passions ».

L’ancien président François Hollande: « Guy Bedos nous a accompagnés pendant des décennies. Son humour était une arme redoutable contre le racisme et la bêtise qu’il combattait sans relâche. La gauche était sa famille, il la traitait durement parce qu’il en attendait beaucoup. Son talent et ses colères nous manqueront ».

Arnaud Montebourg: « Cher Guy, tu m’as tellement fait rire depuis si longtemps, tu étais l’Homme Libre, toujours libre, qui en a tant fait profiter les autres. Merci d’avoir été Guy Bedos et de l’être resté jusqu’au bout. Là haut, je sais que tu vas continuer comme un dingue. Avec toi, toujours !

Cécile Duflot: « Je crois que je ne suis pas la seule pour qui Guy Bedos a participé de son éducation politique. En particulier sur la question de la rectitude des valeurs quelque soit sa place. En plus de
rire !Merci à lui.. ».

SOS Racisme: « On se souviendra du comique de gauche au ton acerbe, aux textes affûtés et aux sketchs engagés, à l’exemple des fameuses Vacances à Marrakech ».

La Ligue des droits de l’Homme: « Il était au côté des plus faibles, des sans-papiers, des sans-logis, des sans-droits. Guy Bedos était au côté de l’humanité, contre l’injustice et le racisme. Guy Bedos nous faisait rire en nous faisant penser et nous rappelait sans complaisance nos faiblesses ».

Philippe Labro:« C’est une ironie tragique, il disparaît quelques jours après Jean-Loup Dabadie, mon ami qui lui avait écrit quelques-uns de ses meilleurs sketchs ».

Muriel Robin, qui considérait Guy Bedos comme son « grand frère » et  avait partagé la scène avec lui en 1992-1993: »Guy était un sale gamin qui aimait aller là où ça pique. » Et de renchérir : « C’était un homme courageux et d’engagement, jusqu’à l’acte sur le terrain. Il ne se contentait pas de penser dans son salon. »

Anne Roumanoff: « Guy Bedos a été le créateur de l’humour politique en France. Il a porté très haut l’art de la revue de presse en commentant directement l’actualité bien avant les Guignols. Il y a eu avant les chansonniers dans les cabarets, mais Guy Bedos l’a hissé au rang d’art et l’a rendu populaire. Il a créé un style à nul autre pareil. Il incarnait l’irrévérence, la férocité, une cruauté mais aussi une grande tendresse. A une époque où il n’y avait que trois chaînes de télé, il ne s’est pas privé de critiquer la gauche alors qu’il était de gauche. Il a eu un impact énorme. Il était courageux et libre ».

L’historien Benjamin Stora: « C’était un homme qui était très attaché à la terre algérienne, très attaché à cette histoire ». Guy Bedos était aussi « profondément humaniste » développe l’historien, « refusant les pratiques d’inégalité ou de racisme ».

Nagui: « Une tristesse infinie avec le départ de Guy Bedos, je l’aimais et l’aimerai pour la vie », a-t-il écrit en publiant une photo aux côtés de son ami humoriste ».

Nikos Aliagas: « Entre les larmes et les rires, il y avait ton souffle, ton talent. Sois en paix. Pensées affectueuses à ta famille et tes enfants ».

Jean-Michel Ribes: « C’était un homme multiple, un homme engagé, émouvant, généreux et qui avait le culot grâce à son génie de trouver des formules irrésistibles. Son insolence était salutaire », un homme qui avait le courage de ses opinions ».

Michel Boujenah: « C’était un homme profondément tendre, vraiment, on n’imagine pas à quel point. Quand on le voyait comme ça, il avait l’air provocateur mais c’était un homme d’une tendresse et fidèle en amitié ».

Gilles Jacob, l’ancien président du Festival de Cannes: « Il était rosse, il était drôle, il était tendre, il était profond, il était excellent dans ses seuls en scène comme au cinéma. Il avait une façon de faire rire en deux temps qui pliait les salles en deux ».

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