« Les mouches merveilleuses de Pilipibi-Wé », nouvel ouvrage d’Henry Petitjean Robert est sorti en juin dernier.
Après « La baleine aux yeux verts », l’auteur a réitéré l’expérience en collaboration avec Rebecca Montsarrat pour l’illustration.
Cet ouvrage propose un conte pour enfant suivi de « Karnaval! Karnaval!, » une introduction au carnaval des Antilles et de la Guyane par Louis Collomb. Afin de mieux s’y retrouver, un petit lexique des Antilles se trouve à la fin, il permet de mieux connaître le nom des différents insectes et animaux cités tout au long du récit, mais aussi de termes utilisés dans l’ouvrage.
Une autre interprétation s’adresse aux adultes. Ce conte traduit le malaise d’un dictateur qui perd son pouvoir face à un jeune opposant meneur d’hommes. C’est aussi la victoire de l’amour et de la justice pour la liberté.
Synopsis
Au grand pays des sables, royaume imaginaire peuplé de personnages burlesques et d’insectes, s’étendant aux 4 points cardinaux et « même vers le ciel aussi loin que l’oeil voit », le roi Tête-Cheval 5 vit avec sa fille Carolia, entouré de plantes, d’orchidées et d’animaux. Le monarque a un pouvoir absolu et personne n’ose lui désobéir ou même ouvrir la bouche contre ses décisions. Les sujets utilisent une politesse des plus intenses. Toutefois, le souverain s’ennuie de son quotidien et espère que quelqu’un ose lui désobéir. Ce jour là, il le rencontrera.
Loucheloeil est l’intendant du roi. Personnage obséquieux, laid, veule et méchant, il est entouré d’informateurs et rapporte au souverain les rapports de ses espions. Il finira méconnaissable, suite à l’attaque des insectes .
Cariola, princesse du royaume, assiste parfois au rapport quotidien,. Charmée par le son de la flûte de Pilipibi-Wé, elle fait sa connaissance alors que son père l’avait enlevé et emprisonné. Elle finit par tomber amoureuse de lui et l’épousera.
Pilipibi-Wé, dont le nom signifie un cri de joie aux Antilles, est un jeune homme à qui une armée de mouches a obéi au son de sa flûte. Il sera celui qui a osé commander et donner des ordres aux mouches du royaume en jouant de la musique. Il recevra la moitié du royaume après son mariage avec Carolia et l’appelera Caroliane du Sud. où « Tout le monde devra y faire absolument ce qu’il voudra »
Dans ce conte, on rencontre des personnages burlesques et une multitude d’insectes, soldats de la liberté. Parmi l’armée de Pilipibi-Wé on retrouve des moustiques, yen yen (moucherons noirs), ti-congo, mouches à miel, guêpes maçonnes… Par ailleurs, le rire est l’arme fatale et le nom du héros est un cri de joie repris par une chanson du groupe guadeloupéen KASSAV, qui l’a fait connaître dans le monde.
Les auteurs
L’auteur de ce conte est Henry Petitjean Roget, aussi conservateur de musées à la Guadeloupe . Ancien enseignant, ce docteur en archéologie précolombienne est un spécialiste des Antilles, de part sa naissance en Martinique en 1943 et son lieu de résidence en Guadeloupe. Grâce à cela, il écrit des contes « pour transmettre sa passion pour la culture créole et le monde amérindien des Antilles ».Il est aussi l’auteur de « La baleine aux yeux verts », conte des îles Caraïbes inspiré de faits réels en Guadeloupe, une rencontre avec les premiers habitants des Antilles. « Les mouches merveilleuses de Pilipibi-Wé » est le second album, paru en juin dernier.
Rebecca Montsarrat est l’illustratrice des contes d’Henry Petitjean Roget. Après la parution d’Osso Bucco, album d’artistes, écrit en 2018 avec Grégoire Mercadier, elle a illustré un autre ouvrage, « La baleine aux yeux verts » puis maintenant « Les mouches merveilleuses de Pilipibi-Wé », récit des dérives du pouvoir absolu ». L’artiste aime » peindre la nature et les 1 000 détails qui font sa beauté ». Les squelettes qu’elle dessine, représentent les contradictions de la brutalité des hommes qui détruisent notre planète et la vie .
Karnaval! Karnaval!
Texte de Louis Collomb, Karnaval ! résume le carnaval des Antilles-Guyane. Cet ancien président de l’Office du Carnaval de Guadeloupe, remplacé par Willy Abré depuis 2 ans, nous présente les entités de ces carnavals. Toutefois, que ce soit en Guyane, Martinique ou Guadeloupe, on retrouve les figures traditionnelles comme l’ours,le boeuf, l’homme sauvage ou la sorcière, malgré les mutations dans la seconde moitié du XXème siècle.
La Guyane regroupe, dans son carnaval, des figures inspirées de la forêt dont les Bobis ( ours du carnaval européen), les sou-souris, les lan-mô (la mort et ses squelettes), les zombis bawé–yo (mauvais esprits de la forêt), les nèg-mawon (esclaves fugitifs) ou les jé-fawin qui jettent de la farine sur les enfants dans les rues de Cayenne. Le Touloulou, homme habillé à la mode de Venise, est la maîtresse du carnaval.
Le carnaval martiniquais se caractérise par le diable rouge qui mange les enfants et la diablesse aux pieds fourchus, habillée en noir. On y assiste à la danse obscène des nèg-gwo-siwo et les mas a-lan-mô (masques à la mort) courent après les filles, la nuit tombée.
En Guadeloupe, les bandes de mas inspirées de figures traditionnelles participent à des défilés accompagnés de groupes musicaux à caisses claires, à « Mas »ou à « po » (peau). Les « fouettards », symboles de fécondation et fertilité, précèdent les mas, faisant claquer leur fouet, symbole de l’esclavage, au son de percussions fabriquées à partir de tonnelets de fer blanc.
Le carnaval guadeloupéen commence le premier dimanche de janvier et se déroule jusqu’au Mardi-gras, chaque dimanche. La grande parade du dimanche gras se déroule à Pointe-à-Pitre et le Mardi-gras à Basse-Terre. Les mariages ont lieu le lundi-gras. Le mercredi des Cendres est le dernier jour du carnaval, les derniers défilés sont pour la Mi-Carême. Le roi Vaval, en papier mâché ou carton, est brûlé après un gigantesque enterrement appelé « vidé »; tous les mas défilent dans les rues de Pointe-à-Pitre et ne peuvent être chassés que par un grand vacarme.
Petit lexique des Antilles
Pour terminer le livre et mieux comprendre le récit, un petit lexique des Antilles est proposé aux lecteurs. On y retrouve le nom des différentes mouches, de la végétation, des animaux cités ou encore de personnages liés aux îles dont le Révérend Père Du Tertre.
Soutiens et éditeur
Publié avec le soutien de la DAC Guadeloupe et DAC Martinique, du Conseil départemental et du Conseil Régional de la Guadeloupe, ce livre a été publié par la société d’édition française indépendante KANJIL qui porte le nom d’un chevrotin de la forêt tropicale d’Indonésie. Elle produit des albums souvent accompagnés d’un CD, des recueils de contes, des romans, des récits enregistrés en musique, des films, qui donnent des « Repères dans la Jungle Moderne ».
Engagée auprès des auteurs et des artistes, Kanjil est plutôt orientée vers la jeunesse et permet de partager la diversité du monde. Elle se tourne aussi vers les adultes toujours en quête de découvertes grâce à sa collection de romans historiques, de littérature étrangère et d’enregistrements de grands textes captés lors de performances mémorables de conteur.
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