GABRIEL MIHAI
Le mardi 11 juillet à 19h00 la communauté juive a rendu un hommage public dédié à Simone Veil, organisé par le Mémorial de la Shoah et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah en partenariat avec l’Union des Déportés d’Auschwitz et les Fils et Filles des Déportés Juifs de France.
Des centaines de personnes ont répondu à l’appel de la fondation à la mémoire des déportés d’Auschwitz, frères et sœurs qui ont souffert, ils ont voulu contribuer à rappeler à chaque instant le moment tragique vécu dans les champs de concentration nazis.
Arrêtée par la Gestapo à Nice, le 30 mars 1944 alors qu’elle venait juste de passer son bac, elle a été déportée en compagnie de sa soeur Madeleine et de sa mère, Yvonne Jacob, d’abord à Drancy puis à Auschwitz. Elle n’avait appris que plus tard que son autre soeur, Denise, avait elle-même été déportée en tant que résistante à Ravensbrück. Son père et son frère Jean disparaîtront en Lituanie sans que l’on en connaisse les circonstances exactes.
Simone Veil participe à la marche de la mort avec les autres femmes, sa mère et sa soeur sous le contrôle des SS. Après des heures passées et angoissantes, certaines posent des questions. La seule réponse est à leurs yeux l’image d’un crématoirium et de la fumée qui s’en échappe. « Nous ne comprenions pas », écrit Simone Veil dans « Une vie », sa biographie parue en 2007. « Nous ne pouvions pas comprendre. Ce qui était en train de se produire à des dizaines de mètres de nous était si inimaginable que notre esprit était incapable de l’admettre ».
Simone Veil raconte dans ce livre, et elle l’a fait dans divers entretiens, son incroyable parcours. Sa descente aux enfers. Entre le 13 avril 1944, lorsque le convoi quitte Drancy vers l’Est, et le 23 mai 1945, date de son retour en France. Quatre mois après avoir été libérée, le 18 janvier. Ces dates, elle ne les oubliera jamais comme le tatouage du numéro 78651 sur la peau de son bras gauche. Elle l’a même fait graver sur son épée d’académicienne, lorsqu’elle est devenue immortelle.
Ce numéro, c’est le symbole de l’œuvre de déshumanisation opérée par les nazis. Auschwitz, c’était l’horreur, l’arbitraire, l’absurde, l’inhumain. « Les morts se mêlaient aux vivants, il n’y avait plus rien à manger ». Et puis parfois, des sauvetages miraculeux. A deux reprises, Simone est sauvée par une kapo polonaise, une ancienne prostituée. Sans comprendre. « Tu es trop jolie pour mourir ici », lui dit-elle, en l’envoyant avec sa mère et sa sœur dans un commando moins dur. Un répit qui lui évite une mort certaine, mais ne suffira pas à sauver sa mère, adorée, qui meurt quelques semaines plus tard, d’épuisement.
Le 23 mai 1945, Simone Jacob est de retour en France à Paris au centre d’accueil de l’hôtel Lutetia et apprend qu’elle a été reçue au baccalauréat, seule de toute l’Académie à l’avoir passé en mars 1944, la veille de son arrestation.
De 2001 à 2007, elle préside la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont elle est par la suite présidente d’honneur. Elle s’oppose, à l’idée de confier la mémoire d’un enfant juif de France mort dans la Shoah à chaque élève de CM2, déclare-t-elle le 15 février 2008 : « C’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste ».
Le 31 octobre 2007, est éditée son autobiographie, intitulée Une vie. L’ouvrage a été traduit en une quinzaine de langues et vendu, en France, à plus de 550 000 exemplaires. Il a obtenu le prix des Lauriers Verts en 2009.
Après les décès de son mari et de sa sœur en 2013, Simone Veil se retire de la vie publique, elle meurt à son domicile parisien de la place Vauban le 30 juin 2017, à quelques jours de son 90e anniversaire. Selon son fils Pierre-François, le dernier mot qu’elle ait prononcé avant de mourir est « merci ».
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