GABRIEL MIHAI
Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, qui siège déjà au conseil de Telecom Italia, pourrait prendre la tête de l’opérateur télécom.
Vivendi fait un pas de plus dans sa prise de contrôle de l’opérateur Telecom Italia. Premier actionnaire de l’italien avec 24,5 % du capital, le holding de Vincent Bolloré voudrait nommer les deux tiers des membres du conseil d’administration de Telecom Italia lors de la prochaine assemblée générale de l’opérateur le 4 mai.
À l’heure actuelle, quatre des seize membres ont été nommés par Vivendi. En mai, Vivendi compte passer à la vitesse supérieure et proposer dix membres sur un conseil qui serait ramené à quinze. Dans le même temps, Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi et qui siège déjà au conseil de Telecom Italia, pourrait en briguer la présidence.
Ce qui reviendrait à une véritable prise de contrôle de l’acteur historique des télécoms italien par le groupe français, sans même que soit lancée une OPA… Ce type d’opération, parfaitement légale, porte le sceau de Vincent Bolloré. Le président de Vivendi a pris les rênes du groupe alors qu’il n’en détenait que 10 %.
La rumeur d’une prise en main du conseil de l’italien par son actionnaire français court depuis quelques semaines. Elle prend une tournure plus officielle alors que Vivendi a informé la Commission européenne de ses intentions la semaine dernière.
En quelques semaines, Vivendi est monté de 21,4 à 23,8 % dans Telecom Italia, favorisant un rebond de l’action qui affiche encore un repli de 13 % depuis le 1er janvier. Le français est aujourd’hui très proche de la limite de 24,9 % au-delà de laquelle il devrait lancer une OPA. Une hypothèse exclue en raison de son coût (plus de 15 milliards d’euros) et de l’attachement des autorités italiennes à leur opérateur historique.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Vincent Bolloré, président et premier actionnaire du conglomérat français, a donc décidé de renforcer encore sa participation pour réduire son prix de revient moyen. Comme le groupe, entré en force mi-décembre au conseil d’administration de Telecom Italia, a par ailleurs mis une certaine pression sur le management, quelques investisseurs, pariant sur un kriegspiel gaulois, ont fait flamber l’action de 13 % en une semaine.
Si le rebond du titre met un peu de baume au cœur des actionnaires, le premier d’entre eux, monté désormais à 23,8 %, a dû porter son investissement à environ 3,6 milliards tandis que, au cours de vendredi, sa valorisation n’est que de 3,2 milliards. Les spéculateurs qui voient Vincent Bolloré jouer les grands manitous chez Telecom Italia pourraient être déçus. Si 5 administrateurs sur 17 (en comptant son ami Tarak Ben Ammar entré au conseil avant l’arrivée de Vivendi) sont proches de lui, cela est loin de faire une majorité, souligne l’entourage du milliardaire breton. D’autant que TI, opérateur historique qui compte 30 millions d’abonnés mobile et 11,7 millions d’abonnés fixe en Italie, est regardé de très près par le gouvernement.
Poussé par la volonté de Matteo Renzi de faire du pays « un des mieux connectés d’Europe », le groupe, malgré un endettement de 27 milliards d’euros, a adopté, mi-février, un plan d’investissement de 12 milliards sur trois ans pour que, fin 2018, 84 % de la population ait accès à la fibre dans le fixe et 98 % bénéficie de la 4G dans le mobile. Alors que son directeur général, Marco Patuano, était à Paris mercredi pour parler stratégie avec les dirigeants de Vivendi, il a convenu vendredi avec la Caisse des dépots italienne qu’il fallait avancer vite sur le rapprochement TI-Metroweb, fer de lance de Rome pour le Plan très haut débit fibre.
A moyen terme, Vivendi se retrouve donc dans la situation d’un « actionnaire de référence » qui a dépensé beaucoup d’argent pour un pouvoir limité. D’autant que les actions avec droits de vote qu’il possède ne perçoivent pas de dividende. Quant au débouché pour ses contenus, l’investissement semble disproportionné et certains remarquent qu’il serait plus logique de s’intéresser à Mediaset Premium, comme la rumeur en a couru.
Reste la perspective de la consolidation européenne qui était brandie en filigrane l’été dernier pour justifier l’intérêt de Vivendi avec pour logique l’apport à terme de la participation dans TI à Orange. Malheureusement le rapprochement avec Bouygues éloigne cette perspective. S’il aboutit, Stéphane Richard aura fort à faire pendant plusieurs trimestres pour négocier avec les autorités puis réaliser le découpage et l’intégration d’une partie de BT.
Ce ne sera pas le moment d’ouvrir un front de l’autre côté des Alpes. Ensuite, Martin Bouygues veillera sans doute à ce qu’on ne fasse pas de cadeau à son vieil ennemi Vincent Bolloré. Prenant les devants, Arnaud de Puyfontaine déclarait récemment au Sénat italien : « Nous sommes un investisseur industriel et de long terme présent en Italie pour réaliser un projet ambitieux. »
En effet, de tels changements au conseil de Telecom Italia acteraient la mainmise de Vivendi sur l’opérateur italien. Ce qui, au regard du droit des concentrations européen, pourrait conduire la Commission européenne à mener une analyse du dossier en vue d’autoriser l’opération. Vivendi ayant cédé la plupart de ses participations dans des opérateurs télécoms, un veto européen semble très peu probable.
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