A l’heure du bilan des 100 jours du Président brésilien Bolsonaro, de nombreuses questions sont à l’ordre du jour dont celles relatives au climat et aux populations indigènes.
Ivanis Pirès Tanoné est une ses rares femmes à la tête d’une tribu indigène amazonienne, elle est la première à se rendre en France depuis la prise de fonction du nouveau président du Brésil surnommé « le Trump Tropical ». Sa visite exceptionnelle est liée à la parution et la promotion du livre « Paroles des peuples racines- Plaidoyer pour la Terre » de Sabah Rahmani, présente lors de la conférence ainsi que Gert-Peter Bruch, fondateur de « Planète Amazone », réalisateur du film « Terra Libre » et membre exécutif de » l’Alliance des Gardiens de la Mère Nature ». Sa présence était aussi liée à l’appel des peuples autochtones présents dans le monde, pour sauver les écosystèmes menacés. et entend interpeller l’opinion publique, ses représentants et les défenseurs de la nature.
La cacique Tanoné a 64 ans,elle représente son peuple Kariri Xoco situé au nord-est du Brésil, depuis plus de 30 ans auprès des instances officielles et lors des grandes mobilisations indigènes tel le Campement Terre Libre qui se tiendra fin avril. Mère, grand’mère et arrière grand’mère, elle s’st battue pour la nature qu’elle aimerait transmettre à sa descendance. C’est pourquoi, elle plante seule des arbres sur les derniers hectares de forêt sacrée des terres de son peuple et lutte avec sagesse contre la déforestation et l’assèchement du fleuve San Francisco. Dans sa tribu, elle a tous les rôles, aussi bien juridiques que policiers mais aussi politiques, toujours avec fermeté. Pour elle, pas de demie mesure: »Quand je dis oui, c’est oui, quand je dis non, c’est non! », c’est ce qui fait sa force de cacique.
Membre de l’Alliance des gardiens de Mère Nature, mouvement pour la paix, la justice climatique et les générations futures lancé au moment de la COP 21 par 60 représentants indigènes et écologistes dont le cacique Raoni Metuktire; Paul Watson, militant écologiste et antispéciste canadien, fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society; ou Nicolas Hulot, ex ministre de la transition écologique et créateur de la Fondation pour la Nature et l’Homme, Tanaré était l’invitée de l’association Planète Amazone et les éditions Acte Sud pour parler de la déclaration de l’Alliance des Gardiens et Enfants de la Terre Mère, pacte pour la planète scellé à Brasilia par 200 indigènes et alliés venus de 30 pays, appel aux Etats et à l’humanité pour la préservation de la vie sur la planète et celle des générations futures.
Planète Amazone est une association,loi 1901 créée en 2011, ONG déclarée d’intérêt général depuis 2015 et financée en majeure partie par la solidarité et les dons. Son but est le soutien des peuples autochtones, particulièrement forestiers dans leur combat international contre la déforestation en responsabilisant les citoyens sur l’aggravation du changement climatique ainsi que les entreprises et responsables politiques dans le respect et la préservation de l’environnement, des droits des peuples autochtones et des droits de l’homme. Son action s’applique sur les zones forestières dégradées à l’échelle mondiale dans le but de venir en aide aux indigènes en s’appuyant sur des campagnes publiques à l’international et des rencontres avec les plus hautes autorités pour la reconnaissance des droits de la nature.
En 2014, elle fut l’instigatrice de la campagne « SOS Amazonia Tour » permettant au cacique Raoni Metuktire de rencontrer diverses autorités dont le Prince Charles, le Roi de Norvège, le Prince de Monaco, les autorités françaises et l’ex premier ministre Michel Rocard… pour leur présenter le projet du mouvement pour la paix et les générations futures: l’Alliance des Gardiens de la Mère Nature lancée lors de la COP 21 en présence de BanKi Moon, François Hollande et Nicolas Hulot.
Sous l’administration de Planète Amazone de 2015 à 2018, l’Alliance des Gardiens de Mère Nature a permis de réaliser en 2017 la Grande Assemblée de Brasilia, réunissant 200 représentants indigènes et environnementalistes venus de 30 pays du monde entier, et l’adoption d’une « Déclaration » commune.
Le 28 novembre 2015, les représentants des peuples autochtones se sont réunis avec des personnalités et des ONG du monde entier lors de l’assemblée constitutive de l’Alliance des Gardiens de Mère Nature. Ce fut l’occasion pour eux de révéler l’existence de plus de 370 millions de personnes réparties dans plus de 70 pays sur les 5 continents, parlant plus de 4 000 langues plus de 5 000 groupes en voie de disparition d’ici la fin du siècle . Il en est sorti 17 propositions et recommandations pour la préservation du climat et des générations à venir.
Pratiquement 2 ans après, la Grande Assemblée de Brasilia s’est tenue du 11 au 16 octobre 2017 afin que l’humanité prenne les mesures nécessaires à l’application des 17 mesures relatives à l’eau, l’air, la terre, le feu et le cycle de la vie; il en est sorti une déclaration commune et l’adoption d’un corpus visant à reconnaître aux écosystèmes des droits égaux à exister, à prospérer et à se régénérer, constatant que » la vie sur terre est en danger et que l’heure de la Transformation est arrivée ».
Les dirigeants du monde, les états, les Nations Unies et la société civile y sont appelés à:
– » Abandonner progressivement les systèmes juridiques hérités de l’époque coloniale pour les remplacer par de nouveaux » basés sur la philosophie et la pensée indigène »
-Adopter la Déclaration des Droits de la Terre Mère proclamée par 35 000 personnes lors de la Conférence des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre Mère à Cochabamba en Bolivie en avril 2010; appliquer la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones entérinée le 13 septembre 2007
– Ratifier la Convention 169 de l’OIT et l’appliquer strictement, exigeant l’avis des peuples autochtones avant toute décision prise concernant les sols et le sous-sols en mettant fin à toute nouvelle extraction de combustibles fossiles. En 2015, seuls 22 états avaient ratifié la convention, la France, organisatrice de la COP 21 et des accords de Paris n’en faisait pas partie.
-Adopter un traité international instituant des obligations contraignantes pour les entreprises transnationales et pour le états en matière de droits de l’homme.
-Appliquer de façon stricte la Convention des Nations Unies contre la corruption par les Etats signataires afin d’endiguer le commerce illégal du bois et des espèces menacées
-Amender la Convention sur la biodiversité biologique.
-Adopter une Convention Internationale définissant les éco-crimes.
-Favoriser la mise en place d’un nouveau programme de coopération internationale pour l’accompagnement des peuples autochtones et communautés locales dans la restauration et la préservation de la forêt amazonienne et des autres forêts primaires de la planète en s’inspirant des succès du PPG7 et en sanctuarisant les espaces.
-Alerter les états et la communauté internationale pour protéger et s’assurer du futur de la biodiversité des océans en cessant les subventions pour la pêche industrielle, bannissant toute exploitation de la pêche à la baleine, augmentant les populations de poissons, mammifères et oiseaux marins et autres espèces, et mettre fin à l’alimentation à base de poisson pour les animaux domestiques ainsi qu’au délestage des produits chimiques, plastiques, déchets agricoles et radio-actifs dans la mer . »Si les océans meurent, nous mourrons ».
-Réguler la construction internationale de grands barrages hydroélectriques en se conformant à la Commission des barrages (2 000) et démanteler les grands barrages construits en violation du droit lié aux obligations applicables aux peuples autochtones.
-Adoption de la et devoirs de l’humanité pour les générations futures.
-Reconnaître le crime international d’écocide garantissant le droit de l’homme à un environnement sain pour l’humanité. Pour revendiquer ces droits, les peuples autochtones demandent à pouvoir ester en justice dans leur langue traditionnelle.
Pour la venue exceptionnelle de la leader indigène du Brésil en France, un programme a été organisé:
–Rencontres publiques
–5 avril à la librairie des Nouveautés (75010) et le 14 à la Fondation « GoodPlanet (75016)
-Conférences
le 10: « Up Conférences »à Hasard Ludique (75018); le 11: « 100 jours de Bolsonaro » organisée par France Amérique à l’Espace Niemeyer (75019); le 17: « SOS d’un Brésil en détresse » en partenariat avec FAL, Arbre, Collectif Marielles, Autres Brésil et RED.BR à l’espace Jean Dame (75002).
–Avant-premières du film documentaire « Terra Libre » réalisé par Gert-Peter Bruch et la cacique Tanoré (30 ansde combat des peuples indigènes du Brésil pour la planète).
le 8 à 20h15 au cinéma Chaplin Denfert, le 12 à 20h à l’Université de Caen, le 15 à 20h15 au cinéma Chaplin St Lambert et le 19 à 20h dans le cadre de la »Nuit Amazonienne » au muséum de Toulouse.
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