Située entre le Boulevard Magenta et le canal St Martin, la Maison Poursin existe depuis 1830. Elle est la plus ancienne manufacture parisienne encore en activité, spécialisée dans les créations de bouclerie et cuivrerie en laiton.
Dernière bouclerie française, elle équipe la maroquinerie de luxe, la Garde Républicaine, le Cadre noir de Saumur et d’autres institutions dans le monde. Depuis sa création, elle transforme le fil de laiton en boucles et autres harnachement pour l’univers équestre. Devenue incontournable dans son domaine, elle a connu des hauts et des bas mais reste « LA » manufacture de bouclerie la plus prisée. Chez Poursin, chaque pièce est unique.
Les débuts
La maison Poursin existait déjà en 1830. Aujourd’hui, elle est un des plus anciens ateliers en activité à Paris. En 1891 elle emménage rue des Vinaigriers (75010) et s’y fixe jusqu’à présent.
En 1830, Mr Leclerc devient propriétaire de la manufacture de bouclerie pour harnachements. Spécialisé dans la production de pièces fondues pour les attelages et l’univers équestre, il équipe chevaux, diligences et carrosses. A cette époque, les maisons Hermès et Vuitton n’existaient pas encore.
Quatre générations en plus d’un siècle
En 1896, Simon Poursin devient son associé puis seul propriétaire en 1907. Très vite, la Maison devient incontournable grâce à sa renommée. Lors de différentes expositions universelles (1880 et 1914), les articles fondus pour la sellerie et les harnais reçoivent des prix.
Pendant la « Grande Guerre », elle fournit le matériel nécessaire au harnachement des chevaux utilisés pour la reconnaissance et la traction. Avec l’apparition de l’automobile puis la quasi-disparition des véhicules à chevaux, la maison change d’orientation et se spécialise dans la production de pièces pour la maroquinerie haut de gamme. L’univers équestre et ses traditions inspire boucles, anneaux, ferrures…) Cela deviendra son activité principale. C’est aussi le moment où apparaît la boucle en laiton, fonctionnelle et ornementale.
La maroquinerie devient la nouvelle activité
En 1952, les équipements pour le cheval disparaissent complètement . Cette année là, André Poursin succède à son père et entreprend une modernisation progressive poursuivie par son fils Jacques dès sa reprise en 1969. Dans les année 70-80, Poursin est partenaire privilégié de la maroquinerie de luxe grâce à ses créations et la confiance de ses clients internationaux.. Tous les grands noms de la Haute Couture ont passé le pas de la porte de la boutique, à commencer par Chanel, Dior, Yves St Laurent, etc… La solidité des pièces d’attelage, associée à la subtilité de l’accessoire de mode, se retrouvent dans les modèles en laiton destinés aux sacs.
En 1981, Jacques Poursin associe ses 2 fils, Olivier et Jean-Marc, à l’activité de l’entreprise qui a vu 4 générations se succéder. Grâce au retour de l’attelage de loisir, Poursin reprend ses fabrications d’après les modèles ancestraux avec des moyens plus performants mais toujours dans le plus pur respect d’un savoir-faire unique et des traditions de qualité qui font la notoriété de la Maison.
Les années 2000
Malheureusement, en 2016, l’entreprise est au bord du dépôt de bilan. Karl Lemaire, fervent défenseur du made in France sauve in extremis la maison parisienne et les 60 000 références de son catalogue. Avant cela, il avait repris la société de G. Daudé, inventeur de l’œillet en métal, du rivet et du bouton pression. Grâce à lui, le personnel, la marque, l’atelier et les machines sont restées dans leur berceau parisien, s’engageant auprès des frères Poursin de conserver ce patrimoine vivant tel quel.
Le magasin
Derrière sa façade bleue, le magasin cache des trésors avec ses armoires de fer, ses casiers et ses tiroirs emplis de milliers de boucles, mousquetons, rivets et autres pièces en laiton pour la maroquinerie et le harnachement de tradition. On trouve même un petit musée de pièces anciennes conçues pour l’attelage et l’univers équestre, regroupée dans une vitrine.
Une tenue de garde républicain siège à l’entrée du couloir qui mène à l’atelier. Tout le long, des casiers et des tiroirs de chêne remplis d’accessoires et de pièces d’ornementation.
L’atelier
Retour au XIXème siècle pour cet l’atelier qui se tient sous une verrière. On y trouve une horloge et de vieilles machines à outils utilisées par des ouvriers expérimentés.
On découvre d’anciennes presses Crimar ainsi que 2 machines U.S. The Baird, témoins de la Grande Guerre. Mises en vente en 1919 par les Américains, elles leur servaient à fabriquer leur propre matériel. Acquises par la Maison Poursin, entretenues et régulièrement graissées, ces pièces de musée pourraient reprendre du service si nécessaire.
Les différentes opérations de finition sont effectuées à la main après les cambrages de fils de laiton, l’emboutissage, l’assemblage et les soudures à l’argent.
A l’étage, une collection de matrices, des emporte-pièces, des moules en fonte, des plaques d’initiales, de vieilles affiches et des documents d’archive ainsi que des registres sur lesquels figurent les signatures des plus grands couturiers français.
Il n’y a pas de numérique, tout se fabrique à l’ancienne grâce aux ouvriers très proches de leurs machines.
Fabrication des pièces
La première opération est le choix de la forme: carrée, rectangulaire ou ovale. On passe ensuite au cambrage, à la soudure à l’argent massif, à l’emboutissage, au dégraissage des pièces dans des tonneaux remplis de sciure, à la mise sous presse, à l’assemblage du rouleau puis de l’ardillon sur le cadre préalablement soudé. Toutes ces étapes de fabrication sont restées les mêmes depuis 1890. Il faut jusqu’à 17 étapes pour fabriquer une simple boucle. Réalisé avec les gestes d’hier, chaque accessoire métallique de maroquinerie ou d’harnachement, doit résister au temps.
La majore partie de la collection est en fonte et (cire perdue, sable, coquille, matriçage à chaud), le décolletage, l’usinage et la découpe (mécanique, laser ou jet d’eau). Il existe différentes finitions parmi lesquelles: Laiton verni mat, laiton poli verni brillant, laiton doré verni mat ou brillant, nickel noir verni mat ou brillant, nickel brossé ou brillant, bronze ou bronze blanc. Certaines finitions dont le bronze exigent une quantité importante de pièces à traiter. D’autres finitions peuvent être réalisées sur demande: palladium, platine, plaqué-or ou argent …
Les opérations de fonderie sont effectuées hors de Paris, la finition des pièces est toujours réalisée dans l’atelier de la rue des Vinaigriers.
Pièces phares: la « boucle 248 », Jironde et Jonie
La « boucle 248 », pièce la plus prestigieuse de la maison, est entièrement fabriquée manuellement dans les ateliers. Le laiton est découpé, cambré, soudé sur place. Au total, pas moins de dix-neuf opérations pour parvenir au résultat final.
Les boucles Jironde et Jonie sont polies à la main, leur donnant un aspect à la fois lisse et “habillé”. D’autres le sont avec des billes pour un effet plus vintage. Il y a 2 types de finition : nickelée ou dorée vernie. La soudure aussi s’effectue manuellement…
Qu’est-ce que l’ardillon?
Ardillon est synonyme de signature pour la maison Poursin. L’ardillon est la partie de la boucle courbée et biseautée à l’extrémité. Cette petite tige permet la fermeture de la boucle. Les connaisseurs disent qu’il « caresse le cuir sans le rayer ni l’abîmer ». Fabriqué sur une machine du XIXème siècle, chaque ardillon a son outil d’assemblage et chaque boucle a sa matrice, sa machine et son ouvrier. Le laiton lui donne une résistance à toute épreuve. Il ne s’oxyde pas et serait 100 % écologique.
Un avenir assuré
Après cette visite, plus rien de ce qui concerne l’univers de la bouclerie et de l’attelage ne vous échappera. Après presque 2 siècles d’existence, la manufacture est toujours en activité et compte encore le rester longtemps. Cela grâce à son travail, sa renommée et sa précision.
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