Samedi 4 avril est la date que le gouvernement chinois a choisi pour rendre un hommage national à ses ressortissants victimes du coronavirus.
La date de cet hommage correspond à celle de la fête des morts, Qingming (la Toussaint chinoise) qui a lieu tous les ans. Ce jour là, les gens vont généralement entretenir les tombes de leurs proches décédés. Pourtant, cette année, suite à la crise liée à la pandémie, il était conseillé par les autorités, craignant une seconde vague épidémique, de commémorer les morts à domicile afin de limiter les déplacements. Des vidéos en direct des cimetières, montrant le personnel s’occupant des tombes à leur places, sont proposées aux familles pour honorer leurs morts. On peut aussi allumer une bougie numérique sur des sites internet qui proposent aussi d’entretenir une tombe virtuelle.
A ce jour, le dernier bilan officiel en Chine, est de 81 639 contaminations dont 3 326 morts. C’est pour leur rendre hommage que le pays s’est arrêté durant 3 minutes samedi 4 avril, (à 10h locale), décrété journée de deuil national. Tous les drapeaux étaient en berne, les sirènes, les klaxons des voitures, trains et bateaux ont retenti en signe de respect. Les passagers d’une rame de métro, arrêté en station, se sont levés, masque sur le visage, et ont marqué immobiles les 3 minutes de silence. Toutes les activités publiques de loisir ont été interdites par respect pour les défunts , certains jeux vidéos chinois en ligne rendus inaccessibles.
Tout le pays , à commencer par son président Xi Jinping, ainsi que les militaires , le personnel médical et les anonymes se sont recueillis pour témoigner leur respect aux victimes parmi lesquels se trouvent les 14 personnes qualifiées jeudi par le gouvernement de « martyrs de l’épidémie« , principalement des membres du personnel soignant décédés. Parmi eux, le docteur Li Wenliang, mort début février du Covid-19 à Wuhan. Cet ophtalmologue de 34 ans avait été sanctionné par la police pour avoir alerté des confrères sur la propagation d’un virus semblable au Sras et diffusé ce qui, à l’époque se « présentait comme des rumeurs ». Suite à une réaction amplifiée de l’opinion contre le pouvoir, le gouvernement a depuis rétabli l’honneur du médecin en le désignant comme l’un des martyrs de cette épidémie.
A Wuhan, où la pandémie est née, les rues étaient mortes, le personnel de l’hôpital Tongji (certains en combinaison de protection) s’est recueilli tête baissée, face au bâtiment principal. Aujourd’hui, il reste encore 2 500 malades dans les hôpitaux de la ville.
Dans la capitale chinoise, les piétons sont restés immobiles alors que les automobilistes s’étaient arrêtés pour klaxonner. Le drapeau était en berne place Tian’anmen, comme dans tout le pays. Le président Xi Jinping et les autres principaux dirigeants communistes se sont recueillis dans le vaste complexe qui abrite le siège du pouvoir.
En France, durant la retransmission à la télévision de l’hommage national en Chine, les propos déplacés de l’éditorialiste Emmanuel Lechypre ont été dévoilés alors que ce dernier croyait son micro coupé (« Ils enterrent des Pokémon« ). Suite aux nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, le journaliste de BFMTV et BFM Business a fait part de son mea culpa ( » Ce matin sur BFM TV je me suis permis une remarque totalement déplacée pendant la diffusion d’un hommage aux victimes du virus en Chine. Ces propos inappropriés ont été diffusés à l’antenne alors que je pensais les micros fermés. Je tiens sincèrement à m’en excuser »), la chaîne s’est excusée à son tour et a décidé la mise en retrait du journaliste pendant une semaine.
Suite aux propos déplacés de l’éditorialiste, l‘Ambassade de Chine en France a fait paraître une déclaration afin d’appeler la communauté internationale à s’unir pour lutter contre la pandémie tout en s’opposant à toute forme de racisme.
« Aujourd’hui, c’est le jour de Qingming, une journée de recueillement pour les Chinois, à la mémoire des défunts. Les drapeaux nationaux ont été mis en berne, et des commémorations ont été organisées dans tout le pays et dans toutes les missions diplomatiques et consulaires de Chine à l’étranger, en hommage aux martyrs et compatriotes décédés dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19.
Les propos tenus par un éditorialiste de BFMTV à un tel moment sans le respect dû aux défunts sont impertinents. L’Ambassade de Chine en France exprime son vif mécontentement et sa condamnation à cet égard. Nous avons noté que cet éditorialiste et la chaîne de télévision concernée ont présenté ouvertement des excuses.
L’épidémie n’a pas de frontière. Nos pensées vont à tous ceux qui ont perdu la vie à cause de l’épidémie en Chine, en France et dans le monde entier. Nous nous opposons à toute forme de propos et actes racistes et discriminatoires. L’humanité est une communauté de destin, et la lutte contre l’épidémie appelle des efforts communs de la communauté internationale. Nous espérons que tous seront unis et solidaires afin de gagner ensemble cette bataille.
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