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21 novembre 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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La Suède et la Norvège vont rejoindre l’Initiative européenne d’intervention après le défilé sur les Champs-Elysées

Assoupie depuis le début de la décennie, la politique européenne de sécurité et de défense (PSDC) a retrouvé une place prioritaire sur l’agenda des responsables européens. Parmi les dernières initiatives notables, on notera par exemple le lancement d’un fonds européen de défense, théoriquement doté de 5 milliards d’euros par an après 2020.

Après le défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées, les neuf pays participant aux côtés de la France, membres de l’IEI étaient présents ont déjeuner ensambles.

La ministre des Armées Florence Parly, a annoncé dimanche deux nouveaux candidats sur trois pays, refusant de préciser le nom du troisième qui rejoindra l’Initiative européenne d’intervention.

La Suède et la Norvège s’apprêtent à grossir les rangs de l’Initiative européenne d’intervention (IEI), qui comptera ainsi douze pays prêts à développer une « culture stratégique commune », avec les dix pays membres (France, Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni).

« Deux autres pays sont actuellement candidats, la Suède et la Norvège. Un pays qui n’a pas voulu rentrer le regrette aujourd’hui », déclare la ministre française des Armées dans un entretien au Parisien, se refusant de préciser le nom du troisième pays.

Ce vendredi 19 juillet Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a reçu ce matin son nouvel homologue danois, Jeppe Kofod, les deux homologues ont abordé les grands dossiers internationaux sur lesquels la France et le Danemark travaillent étroitement, ainsi que notre coopération en matière de sécurité et de défense, y compris dans le cadre de l’Initiative européenne d’intervention (IEI). Jean-Yves Le Drian a salué l’engagement du Danemark au Sahel. Les échanges ont également porté sur la situation au Levant.

Sur l’Iran, le Ministre a évoqué nos préoccupations concernant l’escalade des tensions liées au dossier nucléaire, et la nécessité de préserver l’accord de Vienne de 2015 (Plan d’action global commun – Joint Comprehensive Plan of Action JCPoA). Les deux ministres ont fait un point dans ce contexte sur les perspectives de développement du mécanisme de compensation INSTEX, structure désormais opérationnelle pour permettre le développement du commerce légitime avec l’Iran et que d’autres États membres de l’Union, comme le Danemark, ont vocation à rejoindre.

Les facteurs favorables à une relance de la PSDC sont solides, à commencer par la dégradation continue de l’environnement stratégique : l’Union se trouve en effet confrontée à des crises durables, multiples, sans solution évidente ni rapide. Les menaces viennent des rapports de force classiques, la Russie cherchant à perpétuer une zone grise de conflits et d’insécurité entre elle et l’Union. Elles viennent également des États du Sud, au Moyen-Orient comme dans la bande sahélienne, en proie à de violentes guerres civiles et décompositions étatiques. Le continuum entre sécurité intérieure et sécurité extérieure ajoute un défi supplémentaire : le terrorisme est en effet la manifestation en Europe de conflits non résolus à l’extérieur de l’Europe. Tous les pays européens sont, de même, passibles de cyberattaques anonymes et destructrices. Enfin, depuis trois ans, des centaines de milliers de réfugiés fuient les guerres du Sud pour chercher asile sur le continent, alimentant des mouvements xénophobes et populistes susceptibles de remettre en cause les fondements même de la démocratie.

Tous ces facteurs ont permis de débloquer une série d’initiatives nouvelles : création d’une capacité militaire de planification et de conduite pour certaines opérations de gestion de crises (une sorte de mini QG européen); création d’un corps de gardes-frontières et gardes-côtes pour lutter contre les passeurs et aider aux sauvetages en mer des réfugiés (Frontex); création du Fonds Européen de défense et mise en place d’un Programme de soutien au développement de capacités militaires dès 2019; adoption, par 23 des 27, de la Coopération structurée permanente (CSP ou PESCO) qui permet la création de noyaux durs et le contournement du veto en matière de défense; création d’un Examen Annuel Coordonné en matière de Défense (EACD) pour renforcer les possibilités de coopérations capacitaires entre les États; système de financement commun des capacités, notamment des Battle groups; banalisation enfin, dans tous les textes européens, de la notion longtemps tabou d’ « autonomie stratégique ».

Un bel effort donc, indéniable, convaincant, le tout en un peu plus d’un an.
Enfin, la France d’Emmanuel Macron a retrouvé son rôle traditionnel de défenseur et de prometteur d’une défense européenne crédible et efficace.

La relance de la défense par la Commission européenne est une démarche pleine de contradictions. Parce que le Traité ne lui donne pas de compétence en la matière, les initiatives de la Commission sont toujours à double tranchant : nécessaires parce que déterminantes en termes de financements, délicates parce que susceptibles de rompre la règle du contrôle intergouvernemental sur les questions de défense. Si le risque d’une « communautarisation » de la PSDC devenait trop grand, un certain nombre d’Etats ne manqueraient pas de s’y opposer.

Sur le plan politique, ce que veulent les citoyens, ce ne sont pas tant des capacités ou des industries de défense compétitives. Ce qu’ils veulent, c’est de la sécurité immédiate et des frontières sûres, c’est une réelle coopération anti-terroriste. Ce qu’ils attendent, c’est un rôle efficace de l’Europe dans la pacification des crises du Sud qui alimentent le terrorisme et les flots de réfugiés. Pas en 2020, mais le plus vite possible.

 

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