La Journée nationale des mémoires de la traite de l’esclavage et de leurs abolitions a été commémorée vendredi 10 mai, lors d’une cérémonie au jardin du Luxembourg en présence du Président de la République, Emmanuel Macron et du Président du Sénat, Gérard Larcher ainsi que Christiane Taubira, George Pau-Langevin et de nombreuses autres personnalités.
Après l’adoption de la loi Taubira en 2001 sur la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crime contre l’humanité, la date de commémoration de la Journée nationale des mémoires de la traite de l’esclavage et de leurs abolitions a été fixée en 2006 au 10 mai de chaque année.
Avant de s’exprimer, le Président de la République s’est vu présenter l’exposition « Représenter l’esclavage par l’image, »Le Cri, l’Ecrit », une statue de 3,70m constitué de 3 anneaux de bronze soudés entre eux afin de former une chaîne. Il s’agit d’une oeuvre de Fabrice Hyber dont chaque anneau a une explication, inférieur=les racines, milieu=l’esclavage, supérieur=abolition. Elle porte aussi des mots inscrits en relief sur la surface portant sur l’esclavage et plusieurs dates sur le revers.
A cette occasion, les prix de la 4e édition du concours national « La Flamme de l’égalité » récompensant les projets des classes du primaire et secondaire sur l’histoire des traites et des captures, sur la vie des esclaves et la lutte pour l’abolition, ainsi que leurs effets et héritages contemporains ont été remis par les présidents de la République et du Sénat.
Le 27 avril 2018, le Président Macron avait pris des engagements pour ériger à Paris, dans le Jardin des Tuileries, un mémorial qui rende hommage aux victimes de l’esclavage. Ce mémorial, qui sera inauguré en 2021 et sera situé entre les Tuileries où la Convention vota la première abolition et tenait ses séances, et l’hôtel de la Marine,place de la Concorde où a été préparée la deuxième abolition. Il annonça aussi, lors de ce 170e anniversaire de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, qu’une fondation pour la mémoire de l’esclavage, annoncée par le Président Hollande en 2016, verrait le jour dans les mois suivants, avant l’inauguration du mémorial à Paris en 2021 tout en signifiant que »la mémoire de l’esclavage avait besoin d’actes, de lieux, d’institutions ». Par ailleurs, un renforcement des moyens pour le Mémorial ACTe de Guadeloupe est prévu ainsi que l’insertion de l’histoire de l’esclavage dans les programmes scolaires.
La fondation pour la mémoire de l’esclavage, présidée par l’ancien Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault est « une institution nationale moderne, rassembleuse, adressée aux outre-mer et ouverte sur l’international, elle renforce « la cohésion nationale ». L’ancienne ministre de la Justice et ex-députée de Guyane Christiane Taubira y apporte sa force grâce à son aura, en tant que présidente du comité de soutien à cette fondation.
Un esclave est une personne qui n’est pas de condition libre et se trouve sous la dépendance absolue d’un maître dont elle est la propriété. La condition d’esclave existe depuis l’Antiquité. A cette époque, n y trouvait certains artistes ou philosophes. Ensuite, les esclaves étaient capturés en Afrique puis revendus en Europe et plus tard en Amérique. La traite négrière (Europe/Etats-Unis) a commencé en 1441 avec les premiers navigateurs portugais. Son but était d’amasser de l’argent grâce au travail des esclaves, de construire de belles colonies avec la sueur et le sang des captifs.
Ce n’est qu’après 1815 que l’interdiction de la traite des esclaves intervient, particulièrement en 1817 sous Louis XVIII. L’esclavage est définitivement aboli à Paris par le décret de Victor Schœlcher qui en décida l’abolition en France et dans ses colonies, le 27 avril 1848. Au paravent, la Convention nationale avait sorti un décret d »abolition de l’esclavage dans les colonies françaises le 4 février 1794(16 pluviôse an II ) . Le décret décide l’abolition de l’esclavage des Nègres dans toutes les Colonies. Cependant, une terrible ré pression conduite par le général Richepanse, sur les investigations de Lacrosse et Decrès, ministre des colonies éclate entre mai et juillet 1802, Bonaparte rétablit l’esclavage et le code noir ou édit sur la police des esclaves créé en 1695 pour réglementer un trafic, principalement lié à la culture de la canne à sucre, jusque là illégal; il est de nouveau aboli en 1948 grâce à Victor Schoelcher qui a beaucoup lutté pour dénoncer l’esclavage.
Après la France, c’est le Brésil qui abolit officiellement la traite en 1850 puis l’esclavage le 13 mai 1888, causant le renversement de l’empereur Pedro II. Le dernier navire négrier arrive à Cuba en 1867. Toutefois, une traite persiste entre l’île de Zanzibar et le monde arabe.
Aux Etats-Unis, l’abolition de l’esclavage a pris effet grâce au 13ème amendement à la Constitution le 18 décembre 1865 sous l’impulsion d’Abraham Lincoln. En Europe, le Portugal fut le premier à abolir l’esclavage par le décret du 12 février 1761. Le 29 août 1793 par le conventionnel Léger-Félicité Sonthonax à Saint-Domingue. L’Angleterre abolit l’esclavage le 26 juillet 1833, la Chambre des Communes vote avec le soutien du Premier Ministre libéral Charles Grey, une loi d’émancipation qui abolit l’esclavage dans toutes les colonies britanniques en prévoyant de confortables indemnités pour les planteurs. On compte 12 à 18 millions d’Africains déportés depuis l’Afrique Subsaharienne vers les Amériques, entre le milieu du 17ème siècle et les années 1850.
Seconde commémoration de l’abolition de l’esclavage, le 10 mai à 17h30 par la maire de Paris Anne Hidalgo, place du Général Catroux dans le 17ème arrondissement entourée de nombreuses personnalités dont la maire du 17ème, Geoffroy Boulard, Benjamin Griveaux, Cédric Villani, Francis Kalifat, président du CRIF, Patrick Karam, représentant de la région IDF, Claude Ribbe, écrivain, philosophe et réalisateur; ils ont rendu hommage aux descendants d’esclaves dont l’écrivain Alexandre Dumas, petit-fils du général Dumas, fils d’une mère esclave et d’un père nobleAle et premier général français d’origine africaine et victimes de la Traite tout en insistant sur l’attachement de Paris aux valeurs de liberté et d’égalité face au racisme et à l’intolérance pour ne pas oublier le passé. La cérémonie s’est achevée par la dépose de gerbe sous la pluie qui n’avait pas cessé.
Plusieurs films seront projetés à Paris pour le grand public et les groupes scolaires pendant le mois de mai.
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