Du 23 avril au 6 mai, la place de la Bastille à Paris, accueille une exposition en plein air consacrée aux photographies d’Antoine Agoudjian et à la résilience.
« Le cri du silence » présente 23 clichés du photographe, sur les zones de conflit au Moyen-Orient et dans le Caucase. Cette oeuvre unique regroupe aussi un témoignage sur la cause arménienne.
Les clichés « tragiques, humanistes et esthétiques » portent sur son travail depuis les 5 dernières années. Ils proviennent entre autre de la bataille de Mossoul en Irak (2017), du soulèvement et du conflit en Syrie (2018-19) et de la guerre en Artsakh (2020). D’autres images plus anciennes montrent l’Arménie, le Liban et la Turquie.
Appartenant au courant de la photographie humaniste, il dédie son oeuvre en noir et blanc à l’histoire du peuple arménien en couvrant les lieux de bataille.
Le début de l’exposition a commencé 2 jours avant la reconnaissance du génocide arménien par Joe Biden le 25 avril. Les USA rejoignent ainsi une trentaine de pays dans le monde. Cette première américaine n’a pas été du goût de la Turquie négationniste. Durant la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman, allié à l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie a fait entre1,2 et 1,5 millions de victimes.
Les origines de l’exposition
Depuis une trentaine d’années, Antoine Agoudjian se rend régulièrement sur le terrain des opérations. Il a rapporté un grand nombre d’images marquant son travail sur le thème de la mémoire.
A cette époque, le photographe se lance à la recherche des lieux de l’histoire de son peuple. Il se rend d’abord en Arménie puis au Caucase et poursuit ses recherches au Moyen Orient. Il travaille ensuite sur la mémoire à Jérusalem, au Liban, en Syrie, en Turquie, en Irak, en Iran…En tant que témoin, il transmet un message à base de ses clichés, montrant des minorités persécutées: les Yézidis, Kurdes, Chrétiens d’Orient, Arméniens du Haut Karabakh. Toutes ces images lui donne l’envie de publier un livre en 2015 pour le centenaire du génocide arménien. Par la photographie, il immortalise la mémoire de l’histoire de son peuple, tout en montrant les luttes contre l’intolérance toujours actuels.
Aujourd’hui le photographe se rend régulièrement au Haut Karabagh pour travailler sur les suites du conflit. Il accompagne des journalistes ou des écrivains tel Sylvain Tesson.
Portrait d’Antoine Agoudjian
Antoine Agoudjian est né le 6 février 1961 à St Maur-des-Fossés près de Paris. Il est le petit-fils de rescapés du génocide arménien de 1915.
Suite au tremblement de terre en Arménie, le 7 décembre 1988, il part pendant 2 ans pour une ONG en tant que logisticien et interprète. C’est à cette époque qu’il commence la photographie mêlée à son travail humanitaire. A son retour, il publie un premier livre « Le Feu et la Glace », préfacé par Alberto Moravia.
Il contacte les » Restos du Coeur » en 1991 et photographie la misère en France. Parallèlement, il travaille dans le laboratoire photographique professionnel Pictorial Service à Paris. Il y devient expert en développement des films et en tirage argentique noir & blanc.
Grâce à sa rencontre avec Robert Doisneau, il entre à l’Agence Rapho. Son second livre « Portraits des Restos du Coeur » sort en 1992 avec une préface de Frédéric Dard.
Après une commande d’un éditeur sur un regard sur Istanbul, il part en Turquie en 1996. L’ouvrage « Istanbul Peut-Être », préfacé par Michéa Jacobi. parait la même année.
1998 est une année de consécration pour Antoine Agoudjian puisque Actes Sud publie ses 10 années de reportage sur le Caucase. Son 4ème ouvrage « Rêves Fragiles« , préfacé par le journaliste Gérard Guéguan paraît en 1999.
Nouveau cycle sur la Mémoire
Un nouveau cycle commence à partir de 1999 avec un projet sur la mémoire. La vieille ville de Jérusalem en est le point de départ, Le Liban, la Syrie, la Turquie, l’Irak, l’Iran, la Géorgie, le Haut-Karabagh et l’Arménie, suivront. Il en résulte en 2006, la publication de ses images par Robert Delpire dans la collection Photo Poche. » Les yeux brûlants » est préfacé par le réalisateur canadien Atom Egoyan.
En 2011, il est le premier photographe à exposer à Istanbul sur le thème de la mémoire arménienne, depuis le génocide de 1915. Osman Kavala (incarcéré en 2017) organise et soutient cette exposition très médiatisée dans une grande galerie.
« Le Cri du Silence« , préfacé par le comédien et dramaturge Simon Abkarian, est son dernier ouvrage. Ce titre exprime la force de l’Histoire et son écho sur le Silence. Le livre paraît en 2015, année du centenaire du génocide de 1915. A cette occasion, les maires kurdes de Diyarbakir (Turquie) l’invitent à exposer dans leur municipalité. Ils seront incarcérés en 2015.
Depuis 2015, il couvre les guerres en Irak, Syrie et Haut Karabagh (Artsakh). C’est à cette époque qu’il marque une nouvelle étape dans son travail. Il introduit la couleur dans son oeuvre, voulant signifier un passage du passé à l’histoire présente.
En octobre 2017, il est lauréat du prix public des correspondants de guerre au festival de Bayeux.
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