Chaque jour des demandes de soins médicaux ne sont pas totalement prises en charge , un prisonnier attend 15 jours pour un urgence dans des conditions de détention indignes, les surveillants sont à bout, des violences, surpopulation, insalubrité et rien aux normes: voilà le lot de tout prisonnier.
La prison de Fleury Mérogis, la plus grande maison d’arrêt d’Europe avec 4 100 détenus, a eu à déplorer en un mois quatre suicides et deux morts.
Un détenu, qui avait besoin de soins médicaux, n’a pas été pris en charge à temps, il avait vu un médecin qui n’avait rien détecté, puis son malaise avait repris pendant la nuit et son compagnon de cellule n’a pas réussi à joindre un médecin de garde.
Derrière les barreaux, la médecine générale est sinistrée. Fleury Mérogis, est pourtant un des établissements les moins mal dotés en professionnels de santé, il y a un médecin de garde toute la nuit, mais encore faut-il qu’il soit disponible et surtout appelé par les surveillants, a pourtant déclaré François Bès, coordinateur du pôle enquêtes à l’Observatoire international des prison (OIP).
Un prisonnier incarcéré pour une courte peine de 2 mois a été roué de coups la veille de sa sortie durant une promenade pour semble-t-il une dette liée à une affaire de stupéfiants. Il est mort quelques jours plus tard des suites de ses blessures. Ces deux drames feront l’objet d’enquêtes, a pourtant déclaré François Bès.
Dans l’univers carcéral, dans toute la France les morts et les suicides ne sont pas que l’apanage de Fleury Mérogis, à la prison de Seysse, à Toulouse, un suicide a eu lieu mi avril, ainsi que le 18 avril à la prison d’Arras.
Ces décès révèlent des dysfonctionnements des prisons dont les organismes de contrôle et les associations des droits de l’homme se font souvent l’écho.
Parmi les objectifs: « rétablir la confiance de nos concitoyens dans notre justice ». « L’état de nos juridictions et de nos prisons ne répond pas aux attentes des citoyens », souligne le projet de loi. Hasard du calendrier, la direction de l’administration pénitentiaire a annoncé jeudi 19 avril un nouveau record de détenus dans les prisons françaises.
Ces événements graves survenus en prison illustrent le malaise affectant l’univers carcéral en France. Des viols sont registrés toutes les 5 minutes, des violences et les agressions sont alarmantes. Avec 70 367 personnes détenues en France au 1er avril, un chiffre record, le nombre de prévenus est au plus haut depuis 12 ans, tandis que la surpopulation en prison atteint 118%.
L’OIP a ainsi communiqué en avril sur plusieurs problématiques. Il a noté que la ministre de la Justice n’avait pas vraiment répondu à la Sénatrice Esther Benbassa qui l’avait alertée sur des cas de maltraitance des détenus par des surveillants à la prison de Villefranche et dénoncés par plusieurs organismes de contrôle.
A la prison de Fresnes, on constate des conditions de promenade sans surveillance ni points d’eau ou urinoirs, des cours à la superficie trop réduite. Le tribunal administratif de Melun a jugé le 6 avril qu’un détenu qui avait saisi la justice pour que la cour soit mise aux normes avait raison et que la prison aurait dû faire des travaux de réfection.
Un épisode assez remarquable : le papier toilette est rationné pour les personnes indigentes, selon le tweet d’une femme médecin intervenant en prison.
Le Comité de prévention de la torture inspectera les prisons en France en 2019 afin d’évaluer la manière dont les détenus sont traités. 7 500 places supplémentaires ont été promises par Emmanuel Macron durant son quinquennat sur les 15 000 promises initialement. Le président de la République souhaite une justice qui abandonne la préférence carcérale pour d’autres «punitions», en partie inspirées des pays du nord de l’Europe.
A la veille de la présentation de la réforme de la justice par la garde des Sceaux Nicole Belloubet, ces événements graves survenus en prison ont illustré le malaise affectant l’univers carcéral en France. La ministre de la Justice a présenté ce vendredi 20 avril en Conseil des ministres son vaste projet de réforme de la justice, très critiqué par avocats et magistrats, qui lui reprochent d’affaiblir les droits de la défense et de limiter l’accès au juge.
La question du budget de la justice est omniprésente. Selon l’USM, il représente 1,8% du budget public français, ce qui place la France à la 23ème place sur 27 pays dans l’Union européenne. Le projet de loi de programmation prévoit qu’il passe de 6,7 milliards d’euros en 2017 à 8,3 milliards en 2022.
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