GABRIEL MIHAI
C’est dans son fief d’Evry, en région parisienne, que Manuel Valls a officialisé, lundi soir, ses ambitions pour la présidentielle française.
Le Premier ministre a annoncé qu’il était «candidat à la présidence de la République». avec la volonté de «réconcilier» la gauche. Il a également précisé qu’il quitterait, dès mardi, son poste de Premier ministre, quatre jours après le renoncement du chef de l’Etat à briguer un second mandat. «Oui, je suis candidat à la présidence de la République», a annoncé Manuel Valls, devant un public métissé, à l’image de sa ville.
«J’ai cette force en moi, cette volonté de servir mon pays, c’est au-delà des mots, c’est une conviction totale, je veux tout donner pour la France», a-t-il ajouté.
«Ma candidature est celle de la réconciliation», «je veux rassembler» la gauche, a-t-il aussi lancé, derrière un pupitre sur lequel était écrit son tout nouveau slogan: «Faire gagner tout ce qui nous rassemble».
«Le sens de l’Etat me fait considérer que je ne peux plus être Premier ministre», a aussi dit le Premier ministre qui était arrivé au bras de son épouse Anne Gravoin.
Cette intervention avait été annoncée dès les premières heures de la journée, son entourage confirmant à l’AFP que Manuel Valls ferait bien part de sa candidature à la primaire initiée par le PS, ce qui ne faisait plus de doute depuis l’annonce du président.
Auparavant, le futur ex-Premier ministre de 54 ans avait retrouvé François Hollande à l’Elysée pour le traditionnel déjeuner entre les deux têtes de l’exécutif, quatre jours après le renoncement présidentiel.
Parmi les noms circulant pour Matignon se trouvent ceux des ministres Bernard Cazeneuve (Intérieur), Jean-Yves Le Drian (Défense), Stéphane Le Foll (Agriculture), Marisol Touraine (Santé), Michel Sapin (Finances) ou Najat Vallaud-Belkacem (Éducation). Le futur Premier ministre battra, avec un bail de cinq mois, le record du plus bref passage à Matignon, détenu par Édith Cresson avec dix mois entre 1991 et 1992.
Stéphane Le Foll a indiqué lundi matin qu’il ne dirait «pas non». Un conseiller d’un poids lourd gouvernemental tablait dimanche sur Bernard Cazeneuve, ne voyant «pas d’alternative». Une autre source gouvernementale ne voyait «que Cazeneuve ou Le Drian», avec un avantage au second qui pourrait plus facilement «cumuler» sa casquette actuelle avec Matignon.
Concernant la bataille de la primaire (22-29 janvier), le soutien de la majorité est loin d’être gagné pour Manuel Valls.
A l’issue d’un déjeuner autour de Stéphane Le Foll, les fidèles du chef de l’Etat ont fait savoir qu’il n’y aurait pas de soutien «automatique».
La maire de Lille, Martine Aubry, a aussi déclaré qu’il n’était «pas évident» qu’elle soutienne la candidature de Manuel Valls.
Sa liberté retrouvée, Manuel Valls s’attellera à entrer dans ses habits de candidat, avec le souci sans doute de continuer d’atténuer les aspects les plus clivants de son discours, et d’obtenir de nouveaux ralliements.
Le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui a promis lundi d’être «impartial», lui a conseillé «d’être sur une position nouvelle de rassemblement».
Pour Manuel Valls, dont les prises de position hostiles aux 35 heures ou à l’ISF (impôt sur la fortune) ne manqueront pas d’être exhumées, la partie sera même «difficile», pronostique Gilles Finchelstein, directeur général de la fondation Jean-Jaurès (proche du PS).
«Ce qu’on peut reprocher à Manuel Valls, c’est d’avoir théorisé les gauches irréconciliables.» Il lui sera donc «très difficile de rassembler l’ensemble des gauches», a jugé l’un de ses ex-ministres et concurrent, Arnaud Montebourg.
De son côté, la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann a lancé un appel à l’unité à Arnaud Montebourg et à Benoît Hamon.
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