Sur un rebord de trottoir près de la place de Clichy, à Paris, deux jeunes sont pris d’un doute : «Si c’est ça la lutte contre le fascisme, on est mal barrés…» … «quel que soit le parti politique, gauche, droite, centre ou extrême, chacun essaie de nous manipuler pour obtenir les voix dont il a besoin… et comme nous sommes tous devenus ignorants de tout, après une période extrêmement stricte, aujourd’hui tout le monde se tourne vers lui désigne un autre. Un corps peut-il vivre sans l’une de ses parties ? … qu’elle soit de gauche ou de droite! … La France est comme un corps car on cherche à le mutiler à des fins politiques quel que soit le parti.
Je pense qu’aujourd’hui, quels que soient les moyens, chacun cherche à transmettre facilement la manipulation et la révolte afin d’obtenir sa place.»
La Marche pour les libertés et contre l’extrême droite. A l’appel de plus de 110 organisations (syndicats, associations, partis politiques) dans 140 villes françaises, elle est censée matérialiser un sursaut des forces de gauche, face aux discours extrémistes qui gangrènent les débats publics depuis de nombreuses semaines. Dans la capitale, la foule a fini par atteindre autour de 9 000 personnes selon la police, 70 000 selon les organisateurs, qui ont recensé 150 000 participants dans toute la France.
De ceux qu’en tout cas elle garde encore : se mobiliser contre l’extrême droite. Toute cette famille politique – ainsi que les écologistes –, a défilé, samedi 12 juin, dans près de 120 villes en France, contre « les idées d’extrême droite et les atteintes aux libertés ».
On y retrouvait ainsi plus de cent organisations politiques – de Place publique au Nouveau parti anticapitaliste, en passant par Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et Génération.s, le Parti communiste et les socialistes ayant appelé à manifester chacun de leur coté –, mais aussi de nombreuses associations (entre autres SOS Racisme, la Ligue des droits de l’homme, la Cimade, Oxfam ou encore Attac, Youth for Climate et France Nature Environnement), tout comme des syndicats (FSU, CGT, Solidaires, l’UNEF, etc.). L’arc était si large que même des députés élus en 2017 sous l’étiquette La République en marche (LRM) étaient présents samedi, comme Guillaume Chiche (Deux-Sèvres) ou Aurélien Taché (Val-d’Oise).
Seul incident : l’enfarinement du chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, avant le départ du défilé au niveau de la place de Clichy, par un jeune homme qui se présentait comme « souverainiste » et qui semble proche des idées d’extrême droite. Le député des Bouches-du-Rhône et candidat à l’élection présidentielle de 2022 a dénoncé auprès de la presse un acte « lâche » mais qui « aurait pu être pire ».
Dans la foulée, l’homme à l’origine du jet de farine, qui avait crié «collabo» avant son action et s’est défini comme «de gauche», qualifiant les personnes présentes à la manifestation de «vrais fascistes». «La gauche a été récupérée par les minorités», a-t-il expliqué, avant de dénoncer «toute la caste politique française». Il a fini par se faire expulser du cortège.
Interrogé sur une quelconque appartenance politique, l’homme s’est dit «souverainiste dans l’idée que la destruction des nations va permettre à des instances de s’élever plus haut et donc d’être moins proches du peuple» : «Je suis pour un retour au local, je suis pour plein de choses qui sont évidentes pour tout le monde», a-t-il poursuivi.
L’auteur présumé de l’enfarinage a été arrêté pour «violence volontaire» sur l’élu et placé en garde à vue en fin de journée.
L’épisode intervient quatre jours après la gifle assénée à Emmanuel Macron par un homme qui s’était glissé parmi les partisans du chef de l’Etat, lors de son déplacement dans la Drôme.
Reste que la manifestation s’est bien déroulée, sans échauffourées, ni tension, avec une présence policière extrêmement discrète. Outre les organisations appelantes, étaient également présents de nombreux antifascistes.
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