GABRIEL MIHAI
Les négociateurs bouclent vendredi la conférence sur le climat dans un contexte d’inquiétude liée à l’élection de Donald Trump.
Les négociateurs de près de 190 pays mettent un point final vendredi à Marrakech à la 22e conférence de l’ONU sur le climat, censée progresser dans l’application de l’accord de Paris malgré l’incertitude créée par l’élection du climatosceptique Donald Trump.
«L’accord de Paris a décidé ce qu’il fallait faire, les discussions à la COP22 ont été centrées sur comment le faire», a résumé à l’AFP un négociateur européen. «Mais personne ne voulait aller à l’affrontement ici, les débats ont été constructifs mais aussi un peu chaotiques et il y a beaucoup à faire», a-t-il ajouté.
Comment s’assurer que les 100 milliards de dollars annuels promis aux pays en développement seront bien atteints en 2020? Comment préparer le rendez-vous de 2018 lorsqu’un premier bilan des actions des pays doit être fait? Quelles informations les Etats devront-ils fournir sur leur politique en faveur du climat pour rendre le processus le plus transparent possible?
«Les progrès n’ont pas été spectaculaires (…) mais au moins il n’y a pas eu de blocage», a confié le représentant de Grenade au nom des petits Etats insulaires.
Dans l’accord de Paris, conclu en 2015, la communauté internationale s’est fixée comme objectif de contenir la hausse du thermomètre mondial «bien en dessous 2°C» et de revoir à la hausse les engagements des pays, actuellement insuffisants pour respecter cette limite.
Les pays développés se sont aussi engagés à aider les pays en développement pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et pour se protéger des impacts du réchauffement (sécheresses, inondations, hausse du niveau des océans, entre autres). L’aide sera financière mais concernera aussi les transferts de technologie et l’expertise.
A Marrakech, au delà des incontournables questions de procédure avec plus de 190 pays autour de la table, les financements ont encore été un sujet sensible.
La ligne de fracture entre pays développés et en développement a ressurgi et les réunions au niveau ministériel cette semaine n’ont pas permis de progrès notables. «20 milliards de dollars en 2020 pour les actions d’adaptation (systèmes d’alerte météo, d’irrigation, d’accès à l’eau potable, digues, etc.), c’est totalement insuffisant», a commenté Liz Gallagher, experte auprès de l’ONG 3G.
Pour plaider leur cause, les pays en développement mettent en avant la dernière évaluation du programme des Nations unies pour l’environnement, qui évalue les besoins pour les seules actions d’adaptation entre 140 et 300 milliards annuels d’ici 2030.
«Globalement, les pays riches sont venus les mains vides à cette COP», a regretté Denis Voisin, le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.
Dans la «proclamation de Marrakech» publiée jeudi soir et endossée par tous les Etats, figure un appel à «augmenter le montant, les versements et l’accès aux financements pour des projets climatiques».
Ce texte est aussi une réponse à l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, qui a qualifié le changement climatique de «canular» pendant sa campagne. «Nous, chefs d’Etat, de gouvernement, et délégations réunis à Marrakech (…) appelons à l’engagement politique maximal pour lutter contre le changement climatique», dit-il.
Alors que les discussions techniques avaient débuté, l’élection d’un président américain climatosceptique a été un choc pour les négociateurs, qui pensaient célébrer l’entrée en vigueur rapide de l’accord de Paris, effective depuis le 4 novembre.
Après la sidération, l’inquiétude, un certain attentisme et l’affichage d’une volonté inébranlable à aller de l’avant ont pris le dessus.
«La politique chinoise reste inchangée», «la volonté de la Chine de travailler avec les autres pays demeure et je crois qu’un dirigeant avisé suivra la voie mondiale et historique» de la lutte contre le réchauffement, a encore déclaré jeudi Xie Zhenhua, le négociateur chinois.
Depuis le début de cette 22e COP, le 7 novembre, de nouvelles ratifications ont apporté un peu de baume au coeur des négociateurs. Celle du Royaume-Uni jeudi a porté à 111 le nombre de pays ayant ratifié le texte.
«Après avoir vécu le choc des élections américaines», a commenté Mohamed Adow de l’ONG Christian Aid, «le soutien du plus vieux et du plus puissant allié des Etats-Unis montre que l’action globale contre le réchauffement reste déterminée».
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