Mathieu Sempéré : « Le chant m’apporte une vibration intérieure »
Sa voix lyrique riche de tessiture ne vous est pas inconnue. Normal, Mathieu Sempéré est le leader du groupe « Les Stentors ». Parallèlement à cette carrière, le ténor suit en solo son propre chemin. Et cela lui va plutôt bien. Il en est à son troisième album. À l’occasion de sa sortie, il nous présente « Engrenage symphonique » ; un nouvel opus reflétant sa musique et ses pensées…
Journal Impact European : Vous vous êtes fait connaître avec le groupe « Les Stentors ». Est-ce difficile de poursuivre son parcours en solo ?
Mathieu Sempéré : Ce ne l’est pas. C’est un complément du fait que je n’ai pas quitté « Les Stentors ». J’alterne des concerts et des sorties d’albums avec le groupe ou en solo. C’est ce qui me nourrit.
JIE : Pourquoi cette décision ?
MS : Je chantais seul bien avant d’être avec « Les Stentors ». C’est véritablement une carrière parallèle. Chanter avec « les Stentors » a plutôt été quelque chose de nouveau. C’est ce complément qui me plait et qui me comble.
JIE : On vous retrouve avec un troisième opus « Engrenage symphonique ». Pourquoi le choix de ce titre ?
MS : Parce que l’album est une succession de symphonies ou de morceaux inspirés de classiques.
JIE : Qu’y trouve-t-on ?
MS : Quatorze titres qui sont une rencontre entre le monde de la musique classique et celui de la chanson française. Je me suis inspiré de grands thèmes de symphonies, de concertos, de sonates, remis au goût du jour. J’en ai extirpé quelques secondes pour en faire par exemple, le début d’un couplet, ou celui d’un refrain d’une chanson.
JIE : À l’instar de vos deux premiers opus, en quoi celui-ci vous ressemble-t-il davantage ?
MS : C’est véritablement un album avec des créations. Il y a des titres que j’ai écrits, d’autres que j’ai co-écrits avec David Nathan (parolier de Garou et de Linda Lemay), Enrique Andreu (parolier de Patricia Kaas) et Sophie Sara (parolière « des Stentors ») et d’autres que j’ai composés.
JIE : À l’exception de votre voix, quelle part de vous a-t-il ?
MS : Il est plus personnel, car j’ai pu écrire, composer et choisir les thèmes en faisant sortir ce que j’avais en mon for intérieur.
JIE : Justement, vos textes parlent de vous, de vos origines espagnoles, du handicap et d’écologie…
MS : Des sujets qui me tiennent à cœur, tout en mélangeant le classique et la chanson française. Dire ce que j’avais à dire, crier ce que j’avais à crier comme la différence de mon petit frère et ma colère sur ce que nous faisons de notre planète, était important. C’est une façon de me révéler au public.
JIE : Serait-ce l’album de la maturité ?
MS : J’ai mis beaucoup de temps à l’écrire. J’y travaille depuis 2011.
JIE : Et musicalement ?
MS : Il y a des musiques que j’ai complétées, d’autres que j’ai écrites avec l’évocation d’un thème classique.
JIE : Est-ce une façon détournée de faire redécouvrir Beethoven, Liszt, Bach, Brahms ?
MS : C’est plus une continuité. On peut entendre certaines partitions réorchestrées différemment avec un texte chanté. Pour certains, c’est deux mesures de la partition que j’utilise. C’est un clin d’œil. Le néophyte comme le connaisseur vont pouvoir s’y retrouver par une écoute prolongée ou une découverte.
JIE : Vous vous êtes auto produit et avez sollicité vos fans via le site participatif Ulule…
MS : C’était une façon de n’avoir de compte à rendre à personne, notamment au niveau du choix des titres et de communiquer sur cet album.
JIE : Et une façon de devancer l’avenir quant au rôle des maisons de disque ?
MS : D’ici deux à trois ans, les maisons de disque n’existeront plus ou quasiment pas et ne produiront plus d’albums. Ce sera l’artiste qui lui-même le fera. Il va y avoir un remaniement de tout ce commerce de la musique.
JIE : 40 ans, l’âge de la crise ou de la liberté ?
MS : De la liberté à 200 pourcents ! Il n’y a pas de crise. Je fais ce que j’aime en groupe ou en solo. Quoi de mieux ?
JIE : Que vous apporte le chant ?
MS : Le chant m’apporte une vibration intérieure que j’essaie de faire sortir et de partager. Je chante certes pour moi, mais pour mon public.
JIE : Et la scène ?
MS : Une sensation de bien-être, de stress quelque fois, mais en prenant un immense plaisir de partage avec le public.
JIE : Quelle relation entretenez-vous avec lui ?
MS : Excellente. Les gens me parlent, me soutiennent. Nous échangeons après les concerts et sur les réseaux. D’années en années, c’est un lien qui se crée.
JIE : Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de chanter et surtout de faire du lyrique ?
MS : Un professeur de chant au collège. Il m’a fait découvrir la musique classique. Tel un pitbull, je ne l’aie jamais lâché.
JIE : Travaillez-vous votre voix ?
MS : Heureusement, sinon ça ne tiendrait pas entre les concerts et les répétitions. En amont de tout ça, il faut travailler les partitions donc travailler la voix et le muscle pour les chanter.
JIE : La préserver est une épée de Damoclès permanente ?
MS : Elle est tout le temps au-dessus de nos têtes. Toutes les maladies en « ite » le sont. Il faut faire le plus attention possible sans s’empêcher de vivre pour autant.
JIE : Essayez-vous de vulgariser le lyrique, à l’instar du ténor Vincent Niclo ou du castra Philippe Jaroussky ?
MS : Oui. Il est bien évidemment intéressant que le public puisse à travers la chanson, réentendre des voix aux accents classiques et celles de ténors. Ce serait tellement bien que la jeune génération puisse les écouter aussi au lieu de celles qui rentrent dans des micros et qui sont trafiquées et qui à la sortie ne donnent aucun sentiment.
JIE : A-t-il de l’avenir dans l’univers musical actuel ?
MS : Il est assez sombre. L’opéra a, pour moi, loupé le coche. La transition a sauté une, voire, deux générations. Cela va donc être très difficile de pouvoir reprendre la direction des oreilles de la jeune génération. De plus, il y a de moins en moins d’opéras. Le lyrique est un art qui était populaire et qui ne l’est plus aujourd’hui en France et qui est voué à n’être qu’une niche.
JIE : Que faire alors ?
MS : Que la jeune génération s’habitue à la bonne vibration sans micro et changer les mises en scène. Les metteurs en scène veulent faire les leur en oubliant la tradition pour que l’on parle d’eux et non du compositeur.
JIE : Que peut-on vous souhaiter ?
MS : Que je continue, que le public soit là et me suive.
« Engrenage symphonique » le nouvel album de Mathieu SEMPERE, disponible en téléchargement légal et dans tous les points de vente habituels et également sur www.waou-productions.com
En tournée dans toute la France en Solo et avec les STENTORS à partir du 30 novembre dans les églises et les cathédrales- Plus d’infos et dates sur www.mathieusempere.com
Visuels : (C) Renaud Corlouer / Bernard Benant / Lui Marano / DR
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