Simone Veil est une femme exceptionnelle qui a marqué plusieurs générations de Français. Son courage et sa force l’ont aidée à traverser les épreuves pour l’amener aux plus hautes distinctions de la République et de l’Europe.
L’Hôtel de Ville a décidé de lui rendre hommage en organisant une exposition, »Nous vous aimons, Madame ». Elle se tiendra salle St-Jean du 28 mai au21 août 2021.
Pourquoi ce titre?
Le titre de l’exposition reprend la phrase du discours d’accueil de Jean d’Ormesson s’adressant en 2010, à la femme politique et populaire qu’était Simone Veil. Elle venait de rejoindre les « Immortels » en 2008, reprenant le siège (n°13) de Pierre Messmer.
« Je baisse la voix, on pourrait nous entendre : comme l’immense majorité des Français, nous vous aimons, Madame », avait-t-il déclaré.
Le déroulement de l’exposition
Les commissaires de l’exposition sont:
- Constance de Gaulmyn, conservateur du patrimoine aux Archives nationales et responsable du fonds Simone Veil
- Olivier Rozenberg, enseignant et chercheur en science politique à Sciences Po (Paris), spécialiste de la vie politique et parlementaire française et européenne.
Ils ont choisi une mise en scène chronologique de la vie de Simone Jacob. Cela commence à sa naissance à Nice le 13 juillet 1927 pour se terminer à son décès le 30 juin 2017. Elle sera ensuite inhumée avec son mari au Panthéon le 1er juillet 2018, un an après.
Ce parcours s’appuie sur des documents d’archives , photos personnelles confiées par la famille et documents publics ont permis de retracer des souvenirs de son enfance puis de la déportation et de sa vie privée et politique. Une collaboration avec les Archives nationales et le Parlement européen.
L’oeuvre de David Teboul
Enfin, la visite se termine à l’extérieur avec les œuvres de l’artiste contemporain David Teboul, auteur d’un documentaire sur la vie de Simone Veil en 2004. Du 11 mai au 21 août, un énorme néon, installé sur la façade de l’Hôtel de Ville, « L’Aube à Birkenau », retrace les mots de Simone Veil : » Les arbres pour moi surtout sur la route dans certains trajets, il faisait très froid et j’ai le souvenir que ces arbres pris dans la glace, c’était l’un des rares moments où on avait un sentiment de beauté.« Des mots qu’elle a prononcés alors qu’elle visitait Birkenau avec David Teboul.
L’enfance de Simone Jacob
Simone Jacob est née à Nice le 13 juillet 1927 dans une famille de 4 enfants (3 filles et 1 garçon), dont elle est la benjamine. Après la crise de 1929, la famille change de vie. a l’arrivée de la seconde guerre mondiale, la famille Jacob, d’origine juive se déclare en 1941. Le père de famille perd son emploi d’architecte après la mise en place des « numeri clausi » dans les professions libérales.
Simone continue ses études au lycée de jeunes filles de Nice. Elle doit les interrompre suite aux rafles de la Gestapo. La famille passe dans la clandestinité mais Simone réussit à passer son bac sous le nom de Simone « Jacquier », le 29 mars 1944. Malheureusement elle est arrêtée le lendemain. Sa mère, sa soeur Milou et son frère la rejoignent. Ils partent tous les 4 à Drancy puis le convoi n°71 amène les 3 femmes au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau puis Bergen-Belsen. Sa mère meurt en mars 1945, les Anglais la libéreront le 15 avril. Son autre soeur Denise était au camp de Ravensbrück pour faits de Résistance. Elle ne reverra ni son père, ni son frères, tous 2 déportés en mai 1944, vers l’Est (Lituanie-Estonie) où ils sont morts .
Ses études
De retour en France, son bac en poche, elle décide de s’inscrire à la faculté de droit et à l’Institut d’études politiques de Paris. En 1946, elle rencontre à Sciences-Po, celui qui deviendra son mari, Antoine Veil. Ils se marient le 26 octobre et auront 3 enfants (Jean, né en 1947, avocat; Claude-Nicolas (1949-2002), médecin; Pierre-François, né en 1954, avocat).
La Magistrature
Entre 1949 et 1953, la famille Veil vit en Allemagne. De retour en France suite à l’admission à l’ENA d’Antoine, Simone Veil rejoint l’école de la magistrature en 1956 . Elle visite les prisons entre 1957 et 1964. L’amélioration des conditions de vie des détenus, particulièrement des femmes est son cheval de bataille. Elle exécute même une mission en Algérie n 1959.
Le droit de la famille devient sa spécialisation après sa nomination en 1963 à la Direction des Affaires Civiles. Elle rejoint le cabinet du Garde des sceaux en 1969 puis devient, un an plus tard, la première femme secrétaire générale du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM).
Ministre
Simone Veil fut la première femme ministre de la Vème République. Après un passage à l’ORTF en 1972 en tant qu’administrateur, elle devient Ministre de la Santé du gouvernement Chirac entre 1974 et 1976. Elle travaille aussitôt sur la dépénalisation de l’avortement promise par Giscard d’Estaing. En 1975, la « loi Veil », qui garantit l’accès à l’IGV pour les femmes, est votée. Elle agit aussi pour les familles, les personnes âgées et handicapées et les patients hospitalisés.
Président du Conseil de l’information sur l’énergie électronucléaire en 1977, elle retrouve son poste de Ministre de la Santé, chargé de la Sécurité sociale (1976-1979)
En 1993, Edouard Balladur lui demande d’occuper le poste de Ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville. Elle l’occupera jusqu’en 1995 en continuant la politique commencée 20 ans plus tôt. Elle s’engage dans la lutte contre le sida et développe un plan d’urgence pour les quartiers urbains en difficulté.
Le Parlement Européen
En juillet 1979, elle est élue à la tête du Parlement Européen, à Strasbourg sur la liste Le Centre pour l’Europe. Voir une ancienne déportée à la tête de l’assemblée strasbourgeoise est un grand symbole. Elle s’engage en la faveur des droits humains et à faire vivre les valeurs européennes sur la scène internationale. Elle sera élue à 3 reprises et restera Présidente durant 14 ans (1979-1993); Après cela, elle occupera ensuite divers postes au sein des commissions et du groupe libéral.
Ses présidences européennes
- Le Parlement européen (1979-1982)
- La commission juridique (1982-1984)
- Le groupe libéral, démocratique et réformateur (1984-1989).
- En 1985, elle pend sa retraite de magistrat
- Le comité français pour l’Année européenne de l’environnement (1987)
- Le comité européen pour l’Année européenne du cinéma et de la télévision (1988).
Ses autres mandats
- Président du Haut conseil à l’intégration (1997-98).
- Membre du Conseil constitutionnel (1998-2007). Simone Veil quitte la politique active pour devenir une autorité morale écoutée de tous. Elle est la seconde femme à y rentrer après Noëlle Lenoir, ancienne magistrate.
- Président du comité directeur du Fonds au profit des victimes relevant de la Cour pénale internationale (2003-2009)
- Présidente d’honneur des nouveaux Etats généraux de la Femme en 2010, 40 ans après les premiers.
La Mémoire de la Shoah
Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah entre 2000 et 2007. Simone Veil a commencé à parler de la déportation et du devoir de mémoire dans les années 1970. Elle est présente lors de nombreux débats:
- les attentats antisémites en France
- les procès des criminels de la seconde guerre mondiale
- les premiers succès du Front National.
En 2004, Simone Veil accepte de revenir à Auschwitz avec ses enfants et ses petits-enfants. Dans un froid glacial, sous la neige, elle y retourne pour la première fois, montre les baraquements où elle a vécu avec Milou et sa mère, l’emplacement des fours crématoires… Elle sera présente en 2005 aux commémorations de la libération du camp.
L’Académie Française
Le 18 mars 2010, Simone Veil entre à l’Académie Française. Elle occupe le siège de Pierre Messmer et de Racine. Sur son épée d’Immortelle sont gravés le numéro de matricule qui avait été inscrit sur son bras à Auschwitz [numéro 78 651], ainsi que les devises de la République française et de l’Union européenne : « Liberté, Égalité, Fraternité » et » In varietate concordia « . Elle devient ainsi une icône républicaine. Trois présidents sont présents: Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. A 82 ans, elle est toujours l’une des personnalités préférées des Français.
Décès et transfert au Panthéon
Après le décès de son mari en 2013, les apparitions de Simone Veil se font très rares. Elle meurt le 30 juin 2017 et le Président Macron annonce le transfert de son corps et de son mari au Panthéon. La cérémonie a lieu 1 an après. L’artiste David Teboul réalise une oeuvre sonore et visuelle en 5 tableaux:
- Le Kaddish sera dit sur ma tombe (Texte et Voix de Simone Veil, enregistré en 2004 lors du voyage à Birkenau).
- Minute de silence, l’Aube à Birkenau.
- Les arbres à Birkenau: installation de 2 oeuvres (néon et photographie) dans le Panthéon
- Simone Veil se confie ( installation sonore à l’extérieur et l’intérieur du Panthéon – durée 9h)
- Une nuit à Birkenau (à l’extérieur et l’intérieur -durée 6h).
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