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21 novembre 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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ONU: Macron n’est plus d’accord avec le président d’Etats-Unis

A l’ouverture de l’Assemblée générale, soit quelques minutes avant le discours de Donald Trump, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déploré un « monde de plus en plus chaotique », regrettant que « le multilatéralisme soit autant critiqué au moment où il est le plus nécessaire ».

Serrant le poing sur le pupitre de l’hémicycle de l’ONU, Emmanuel Macron a exhorté mardi les dirigeants du monde à «ne pas s’habituer» à la montée des nationalismes, qui se nourrissent selon lui de l’accroissement des inégalités.

Le chef de l’Etat français n’a pas cité le nom de Donald Trump mais son discours devant l’ONU a été souvent l’exact opposé de celui prononcé, deux heures plus tôt, par le président américain. «Certains ont choisi la loi du plus fort. Mais elle ne protège aucun peuple. Nous choisissons une autre voie: le multilatéralisme», a résumé Emmanuel Macron.

Aujourd’hui, Donald Trump a donc vanté son initiative de paix « audacieuse » avec la Corée du Nord. Il a toutefois prévenu que les sanctions internationales contre Pyongyang resteraient « en place jusqu’à la dénucléarisation » de la péninsule coréenne.

Le dossier iranien illustre cette profonde différence d’approche. Lorsque Donald Trump appelle la communauté internationale à «isoler le régime iranien», Emmanuel Macron prône «le dialogue» avec Téhéran. «Qu’est-ce qui permettra de régler véritablement la situation en Iran?», demande-t-il. «La loi du plus fort? La pression d’un seul? Non!» «Nous savons que l’Iran était sur la voie du nucléaire militaire, mais qu’est-ce qui l’a stoppée? L’accord de Vienne de 2015», poursuit-il. Une allusion implicite à la décision en mai de Donald Trump de quitter l’accord, le jugeant inopérant pour arrêter les programmes militaires iraniens.

Au lieu de renforcer les sanctions, comme Washington s’apprête à le faire en novembre, Paris veut donc continuer à discuter avec Téhéran d’un agenda plus large permettant de traiter toutes les préoccupations nucléaires, balistiques, régionales, causées par les politiques iraniennes.

Dans son discours, qu’il a terminé sous de vifs applaudissements, Emmanuel Macron s’est alarmé de la «crise profonde» que traverse «l’ordre international», symbolisée par «l’impuissance» dont est menacée l’ONU. Ce constat rejoint celui du chef de l’ONU, Antonio Guterres, qui a déploré «un monde de plus en plus chaotique». Il a regretté que «le multilatéralisme soit autant critiqué au moment où il est le plus nécessaire».

Pour Emmanuel Macron, le «coeur du problème» est la montée des «inégalités profondes» ces dernières décennies. Et de citer les «250 millions d’enfants qui n’ont pas le droit à l’école», les «783 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté» ou les «200 millions de femmes qui n’ont pas accès à la contraception». Or «la défiance dans nos sociétés se nourrit de toutes ces inégalités», a ajouté le président français, en appelant les grandes institutions internationales à «changer de méthode», sans entrer dans les détails.

Tout en saluant un discours «fort», l’ONG Oxfam a appelé le chef de l’Etat «à joindre bien davantage le geste à la parole (…) s’il veut être réellement crédible». Emmanuel Macron, qui tente de se débarrasser de l’étiquette de «président des riches» qui lui colle à la peau en France, a fait de cette lutte contre les inégalités la priorité du G7 qu’il présidera en 2019.

Plutôt satisfait de l’évolution du dossier nord-coréen, Donald Trump choisit désormais de mettre la pression sur l’Iran, qui est dans le collimateur de la Maison Blanche. Le président américain a dénoncé une « dictature corrompue » en Iran. Il s’est félicité du retrait de l’accord sur le nucléaire iranien et a lancé un appel à « isoler le régime ».

Donald Trump : « les leaders iraniens sèment le chaos, la mort et la destruction. C’est pourquoi tant de nations du Moyen-Orient supportent ma décision de retirer les États-Unis de l’horrible accord sur le nucléaire iranien. Nous ne pouvons pas permettre au principal sponsor mondial du terrorisme de posséder l’arme la plus dangereuses de la planète »

Le président américain espère que son intransigeance face à l’Iran va permettre d’obtenir les mêmes avancées qu’avec la Corée du Nord.

Donald Trump doit justement présider demain une session spéciale du Conseil de sécurité consacrée à la non-prolifération. La Belgique sera présente en tant qu’observateur.

Dans un communiqué, les gardiens de la Révolution iranienne s’en prennent vivement à Donald Trump, présenté comme « un président maléfique » et un « aventurier » qui a lancé une « guerre économique » contre l’Iran et a décidé des « sanctions cruelles pour détourner la nation iranienne des valeurs révolutionnaires et de la défense de ses intérêts ». « Le rêve de Trump et de Pompeo ne se réalisera jamais », a répondu aujourd’hui Ali Akbar Velayati, principal conseiller de l’ayatollah Ali Khamenei, cité par l’agence de presse Irna.

Donald Trump a confirmé dans un tweet qu’il n’allait pas rencontrer son homologue iranien, tout en se disant ouvert à la possibilité d’une telle rencontre dans le futur. « Peut-être un jour, à l’avenir… Je suis sûr que c’est un homme tout à fait agréable », a écrit le président américain.

Le président iranien a accusé les Etats-Unis de vouloir « renverser » le régime de Téhéran, tout en leur proposant de dialoguer. Il a dénoncé la position « absurde » de Donald Trump qui avait appelé le monde, un peu plus tôt à la même tribune, à « isoler » le régime iranien « corrompu ». La sécurité ne peut pas être « le jouet » de la politique intérieure américaine, a martelé Hassan Rohani.

« Nous devons en Europe faire nos propres choix », a déclaré M. Michel après avoir entendu le discours du président américain Donald Trump. « L’Europe ne doit pas être suiveuse de l’Amérique. Nous sommes un partenaire fort en ce qui concerne la défense des valeurs fondamentales et des libertés et nous devons faire plus pour notre sécurité, investir davantage dans la défense et avoir notre propre stratégie pour les défis géopolitiques de demain ».

Au Conseil de sécurité, sur les deux sujets phares de la semaine — Iran et Corée du Nord —, les 15 membres de la plus haute instance de l’ONU ne parlent pas — ou plus — d’une même voix.

Si les Européens sont d’accord pour réduire l’influence iranienne au Moyen-Orient, ils sont en profond désaccord avec Donald Trump sur sa rupture avec l’accord nucléaire de 2015.

«Ne signons plus d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas l’accord de Paris», a-t-il déclaré à la tribune de l’ONU,  sans citer nommément les Etats-Unis qui en sont sortis en 2017.

 

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