GABRIEL MIHAI
Stéphan Beltran, conseiller municipal délégué au logement et à l’habitat, un acteur de la vie quotidienne à Montreuil:
-Travailleur social à EMMAÜS Alternatives.
-Conseiller Municipal.
-Administrateur du Centre Communal d’Actions Sociales (CCAS).
-Représentant du Groupe Communiste à la Commission Technique Paritaire (CTP).
-Administrateur de l’association de gestion de la Bourse du Travail.
Stéphan Beltran : Permettre à chacun d’avoir un bon logement est un com – bat difficile, mais c’est notre priorité.
La lutte contre l’habitat indigne est une vieille bataille sur Montreuil, qui a commencé dans les années 80 avec les actions contre les hôtels meublés. Depuis, le mouvement n’a pas faibli. Aujourd’hui, nous sommes engagés dans une grande opération de réhabilitation sur le Bas-Montreuil. Au-delà, dans mes permanences, je vois des locataires abusés par des marchands de som – meil. Quand une solution est trouvée pour ces familles, les bailleurs malhonnêtes relouent parfois les logements alors qu’ils sont insalubres. Nous devons plus que jamais lutter contre ces pratiques.
Stéphan Beltran : De nombreux travaux sont menés à l’OPHM. Par exemple, rue Théophile-Sueur, rues de Vitry et Condorcet. Un chantier s’ouvre
rue Édouard-Vaillant sur l’une des plus vieilles cités de la ville. Ce sont des immeubles en briques rouges qui datent des années 30.
Ces habitations ont besoin de rénovation thermique afin de faire baisser la facture énergétique des locataires. Cette politique est rendue possible grâce à la stabilisation des finances de l’OPHM.
Stéphan Beltran : D’abord, nous conduisons des partenariats avec d’autres
bailleurs sociaux. Par exemple, aux Ruffins, les 6 Tours de la rue de la Côte-du-Nord, gérées par France Habitation vont faire l’objet de travaux d’ici la fin de l’automne. Nous avons été consultés. La vie va vraiment changer dans ce quartier avec les rénovations et l’arrivée du tramway.
C’est la naissance de l’urbanisme. C’est aussi le temps, pour le logement social, des premières réalisations d’envergure : de la cité jardin aux grands ensembles. Dès les années 1930, on densifie les constructions avec les premiers gratte-ciel. L’utilisation de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques se développent. Mais en 1932, la crise mondiale rattrape la France. Les gouvernements successifs se désengagent du secteur du logement. Le fléchissement de l’économie française est de l’ordre de 14%. Pour l’industrie du bâtiment, ce sera 40%. La construction s’effondre… Au total, le bilan est toutefois loin d’être négatif. En 1939, la France aura réalisé 300 000 HBM dont la moitié en accession à la petite propriété. On peut considérer que 900 000 personnes, soit 2% des Français, ont alors bénéficié des dispositions relatives aux HBM.
L’état d’esprit a changé, la France se tourne vers un futur “radieux”. Des programmes quinquennaux sont mis en œuvre pour les Hlm. L’État lance une série de concours pour construire plus vite et moins cher. L’industrialisation de la construction permet un accroissement considérable de la production, une baisse des coûts et une réduction des délais d’exécution. Cela débouchera sur des programmes démesurés. Les ZUP (les Zones à urbaniser en priorité créées par décret du 31 décembre 1958) sortent de terre. En moins de 15 ans, 220 ZUP offrant 2,2 millions de logements seront réalisées. Mais c’est aussi durant cette période que va se développer une conception ségrégative du logement : d’une part un parc social ordinaire qui accueille en grande majorité les petites classes moyennes, de l’autre un parc de transition à normes réduites pour ceux que l’on appelle les “asociaux ou les inadaptés”. Le concept de la cité de transit est né et va se développer dans les années 1960 avec l’arrivée massive de travailleurs immigrés.
A partir des années 1980, se développe une tonalité sociale des politiques du logement. L’interpénétration des champs de l’habitat et de l’action sociale est sans doute, dans ces domaines, l’un des faits marquants de la fin de XXe siècle. Jusqu’alors traité à la marge des politiques du logement, le logement des personnes défavorisées est devenu l’axe central de l’intervention des pouvoirs publics dans le domaine du logement social.
En juin 1982, près d’un an après l’arrivée de la gauche au pouvoir, la Loi Quilliot définit les droits et devoirs des locataires et des bailleurs (en photo, le ministre Quilliot et Albert Denvers, président de l’Union nationale des fédérations d’organismes HLM). Dans son article 1er, elle énonce, pour la première fois, le « droit fondamental à l’habitat ». Mais c’est surtout la loi du 31 mai 1990, porté par Louis Besson, ministre du Logement du gouvernement de Michel Rocard, qui tente de mettre en oeuvre le droit au logement. Elle crée les plans départementaux pour le logement des personnes démunies et les Fonds de Solidarité Logement, et donne un rôle de premier plan aux bailleurs sociaux. Un an plus tard, la loi d’orientation pour la Ville du 13 juillet 1991 fait obligation aux communes situées dans des agglomérations de plus de 200 000 habitants de disposer de 20% de logements sociaux sur leur territoire.
Pierre-André Perissol, ministre du Logement d’Alain Juppé, définit en 1995 trois axes d’intervention : la réponse à l’urgence, l’accession à la propriété et la relance de l’investissement privé. “Les Hlm sont au coeur de la chaîne du logement, car ils doivent à la fois insérer les plus défavorisés et permettre aux classes moyennes de se préparer à l’accession à la propriété”. L’accession à la propriété est banalisée par la création du prêt à taux zéro. Puis, sous le gouvernement Jospin, le volet logement de la loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions du 31 juillet 1998 réforme le système des attributions de logements sociaux, définit des mesures pour accroître l’offre de logements et prévenir les exclusions. Il redéfinit en outre les missions du logement social, destiné à des “ménages modestes ou défavorisés”… mais dans la mixité sociale, ajoute le législateur prudent.
Aujourd’hui, avec l’envolée des prix de l’immobilier, l’offre de logements “bon marché” s’est considérablement rétrécie. Le parc privé inconfortable, dont la fraction la plus sociale a été très touchée, disparaît progressivement au détriment des ménages à faibles ressources. Certains quartiers d’habitat social et de copropriétés dégradées sont devenus, notamment, à cause d’effets induits par le jeu du marché et la réduction de l’habitat insalubre, des lieux de ségrégation sociale et de concentration des dysfonctionnements : insécurité, échec scolaire, chômage, tensions interculturelles.
Il faut rebâtir certains quartiers Hlm afin de mieux les intégrer à la ville. Les opérations de démolition-reconstruction s’engagent alors que se redessine une profonde crise du logement abordable.
La loi sur le droit au logement opposable (DALO) de 2007 vient conforter le rôle du logement social dans l’accueil des personnes défavorisées. Jusqu’alors traité à la marge des politiques du logement, le logement des personnes défavorisées est devenu l’axe central de l’intervention des pouvoirs publics dans le secteur Hlm alors que la France connaît une crise aigüe du logement abordable y compris pour les classes moyennes.
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