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21 novembre 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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Une conférence franco-allemande sur les questions d’immigration, d’intégration et d’identité

Le 4 décembre 2018, à l’initiative d’AJC (American Jewish Committee) Europe, sur invitation de la Fondation pour l’Innovation politique et avec le soutien de la Fondation Jean-Jaurès, s’est tenue à Paris à la Maison de l’Amérique Latine, une journée-conférence sur « immigration, intégration, identité ».

L’objectif de cette rencontre était le renforcement des échanges entre la France et l’Allemagne, pays moteurs au sein de l’Union européenne sur ces questions décisives, ainsi que la mise en place d’une politique migratoire commune.

Pour la seule année 2016, 1,5 million d’immigrés sont arrivés en Europe, avec les conséquences que l’on connait : montée en puissance des partis populistes, fantasmes xénophobes, inquiétudes, mais aussi élans de solidarité.

Plus que jamais se posent les questions du vivre ensemble, de la citoyenneté, des valeurs partagées, de l’exclusion et de l’inclusion … de la paix.

Grands experts européens, responsables politiques, journalistes, avocats, philosophes, professeurs, écrivains, ont participé à cette conférence.

A l’ouverture, Simone Rodan-Benzaguen, Directrice d’AJC Europe, a évoqué la rupture profonde au sein de notre société, traversée par une crise profonde et des mouvements sociaux de grande ampleur.

Face aux dangers de l’islamisme et de la montée en puissance des  » sociétés parallèles », face à la crise des réfugiés, aux fake news et aux dérives sur les réseaux sociaux, la volonté de l’AJC est de proposer échanges et réflexions au sein de l’Europe afin de préconiser des recommandations concrètes pour l’élaboration de solutions.

Puis, Deidre Berger, Directrice d’AJC Berlin, a souligné la situation critique de la France et de l’Allemagne, pays possédant les groupes musulmans les plus importants.
Elle s’est interrogée sur la question de l’identité : celle-ci peut-elle être hybride? Ce concept va-t-il évoluer après avoir volé en éclats? Etre Français ou Allemand … comment le définir?

Parviendrons-nous à préserver une société libérale démocratique, garantissant les libertés de religion et d’opinion et rejetant l’antisémitisme?

Didier Leschi, Directeur général de l’Office français de l’immigration et l’intégration, a précisé que, si les flux diminuent, il n’en est pas moins que l’on a en France la plus forte proportion d’immigrés jamais vue, soit 11% ( en Suède 20%). 220.000 arrivent annuellement, environ 80.000 accèdent à la nationalité française.

Parmi les demandeurs d’asile, on trouve les Afghans, les Albanais, les Géorgiens, mais peu de Syriens.
Le visage de l’immigration a changé. Au Maghreb (20%) a succédé l’Afrique subsaharienne et la Guinée.
1 immigré sur 2 en vient.

En 1968, la proportion de jeunes était de 3%, elle est de 17% aujourd’hui. La formation est essentielle face à l’évolution rapide des technologies qui rend plus difficile l’intégration par la qualification.

La répartition des réfugiés est une question délicate : ils se concentrent là où se trouve l’emploi, bien que le logement y soit cher.

Le problème s’est accru avec le fait que les populations entrantes soient musulmanes, accroissant les écarts culturels. L’enseignement à l’école du « fait religieux » s’avère nécessaire.
Le militantisme ouvrier, l’éducation populaire, le syndicalisme, les colonies de vacances, les MJC, le service national étaient autant de moyens d’intégration qui ont disparu. C’est à l’Etat d’en trouver de nouveaux.
L’avenir de l’Europe dépend de ce que la France et l’Allemagne seront capables de surmonter.

Son Excellence Nikolaus Meyer-Landrut, Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne en France, a rappelé la création en 2017 du Conseil franco-allemand de l’intégration, lieu d’échanges d’expériences en matière d’intégration.
Celle-ci est essentielle pour la cohésion de la société. Elle repose sur l’apprentissage de la langue, indispensable pour accéder au marché de l’emploi, sur l’éducation et sur la transmission des valeurs.

L’Allemagne est le pays européen ayant validé le plus de demandes d’asile en 2015 : plus de 148 000 statuts de réfugiés accordés contre 26 000 en France. La même année, elle a accueilli plus d’un million de réfugiés, principalement en provenance de Syrie.
D’ici la fin 2020, le gouvernement allemand prévoit de dépenser plus de 93 milliards d’euros pour l’accueil des demandeurs d’asile.

L’Ambassadeur a évoqué la Conférence sur l’Islam lancée en 2006 par le Ministère de l’Intérieur, dont l’objectif est de favoriser l’intégration religieuse, sociale et politique de la communauté musulmane, représentée principalement par les 3 millions de Turcs, dont 800.000 ont la nationalité allemande.
L’Allemagne est depuis longtemps un pays d’immigration : 1 personne sur 4 a des origines étrangères.

Frédéric Dabi, Directeur adjoint de l’IFOP, a parlé des fractures, des contradictions et des peurs qui traversent la société française. Les opinions diffèrent selon l’opinion politique, l’âge et le niveau d’études.

Hervé Gattegno, Directeur de la rédaction du JDD, a souligné le fait que, depuis 2015, suite à la vague d’attentats, à la crise migratoire et à la menace terroriste persistante, des voix s’élèvent en faveur du renforcement des contrôles à l’entrée de l’espace Schengen, menaçant même son existence.
Il rapporte les résultats d’un sondage sur la politique migratoire d’Angela Merkel, jugée mauvaise par 58% de la population, en ce qu’elle déstabiliserait l’Allemagne et les pays voisins, bonne à 48% par ceux qui se réfèrent à un devoir d’accueil de réfugiés fuyant la guerre et la misère.

Mohammed Khattab, Représentant d’Interface-Autriche et David Gakunzi, écrivain, Président du Paris Global Forum, ont livré des expériences d’intégration, qui reposent sur l’organisation de l’accueil et sur l’affirmation de l’identité de chacun avec ses différences et ses ressemblances. Au-delà des peurs et des préjugés, le devoir de chacun est d’aller vers les autres. La perte de l’identité est au coeur du problème.

Hélène Orain, Directrice générale du Musée de l’Histoire de l’Immigration, fait le constat que, malgré le caractère extrêmement clivant du sujet de l’immigration, la générosité existe.
L’exposition Persona Grata, qui se tient actuellement dans ce musée jusqu’au 20 janvier, rend compte des deux aspects antagonistes de la situation, d’une part, l’hostilité – l’étranger est devenu indésirable, d’autre part, l’importante mobilisation citoyenne qui soutient et accueille les migrants.
A travers les oeuvres qu’elle présente, elle tente de préserver par l’art le désir d’autrui, une démarche analogue à celle de l’artiste photographe JR avec son projet « Inside Out » qui fait en ce moment l’objet d’une exposition à la Maison Européenne de la photographie jusqu’au 10 février.
Dans l’Antiquité, l’hospitalité était une pratique courante, bien que l’homme ait souvent redouté le contact de l’inconnu.

Exposition Persona Grata au Musée de l’Histoire de l’Immigration, jusqu’au 20 janvier 2019, à la Porte Dorée à Paris.
Exposition JR Inside Out à la Maison Européenne de la Photo, jusqu’au 10 février, 5, rue de Fourcy Paris 4

 

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