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24 novembre 2024

JOURNAL IMPACT EUROPEAN

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Une contamination toutes les 17 secondes, un million de personnes sont mortes du sida en 2016, sida pourrait être éradiquée en 2030

GABRIEL MIHAI

Un nouveau rapport sur le VIH dans le monde a été présenté ce jeudi matin.

Aujourd’hui, la ville de Paris avec la maire Anne Hidalgo et le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a présenté un nouveau rapport sur le VIH dans le monde.

A l’heure où la capitale française accueille la conférence mondiale sur le sida, nous célébrons le fait que Paris est sur le point d’atteindre ces objectifs. Plus de 90% des personnes qui se savent séropositives ont accès au traitement et 94% de celles qui reçoivent un traitement depuis plus de six mois ont une charge virale indétectable.

L’ONU parle d’un « tournant décisif ». Un million de personnes sont mortes de maladies liées au sida en 2016. C’est presque moitié moins que lors du pic de décès atteint en 2005, selon le rapport annuel que publie les Nations unies, jeudi 20 juillet. « Le nombre de décès liés au sida a chuté de 1,9 million en 2005 à 1 million en 2016 », précise l’Onusida, le programme de coordination de l’ONU contre le sida.

Dans ce rapport, on apprend également que plus de la moitié des malades dans le monde sont désormais sous traitement. Et le nombre de nouvelles contaminations par le VIH a continué à décliner, mais à un rythme encore trop lent. Ce progrès est lié en grande partie à une meilleure diffusion des traitements par antirétroviraux. Le cap de 50% de personnes séropositives sous traitement, atteint en juin 2016, est désormais dépassé : « En 2016, 19,5 millions de personnes, sur les 36,7 millions qui vivent avec le VIH avaient accès aux traitements », soit plus de 53%.

« Nos efforts ont entraîné un solide retour sur investissement », a salué Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida, cité dans le rapport. « Mais notre lutte pour mettre fin au sida ne fait que commencer. Nous vivons des temps fragiles et les progrès accomplis peuvent être facilement effacés », a-t-il averti.

1,8 million de nouvelles infections par le VIH ont eu lieu en 2016. Soit une contamination toutes les 17 secondes en moyenne. Ce chiffre est en baisse régulière année après année (hormis un léger rebond en 2014), très loin du maximum de 3,5 millions de nouvelles contaminations atteint en 1997.

Depuis le début de l’épidémie, au début des années 1980, 76,1 millions de personnes ont été contaminées par le VIH et 35 millions sont décédées, soit l’équivalent de la population du Canada.

La situation de l’épidémie de VIH chez les jeunes hommes homosexuels français est « extrêmement préoccupante », alerte une étude parue mardi, qui a analysé la fréquence de la contamination et les pratiques de prévention dans plusieurs lieux fréquentés par les gays.

Sur 2 600 hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) qui ont participé à l’étude « Prevagay2015 », 14,3 % étaient séropositifs, conclut l’équipe de chercheurs de Santé publique France, de l’Inserm et de l’équipe nationale d’intervention en prévention et santé pour les entreprises (ENIPSE).

L’enquête, publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), a été élaborée à partir d’un « questionnaire comportemental » et d’un prélèvement de sang anonymes auprès de HSH fréquentant 60 bars, saunas et « backrooms » de cinq villes françaises (Lille, Lyon, Montpellier, Nice et Paris).

La fréquence de contamination par le VIH dans cette population est significativement plus élevée à Nice (17,1 %), Montpellier (16,9 %) et Paris (16 %) qu’à Lyon (11,4 %) et Lille (7,6 %).

Mais si les chiffres de ces trois premières villes sont comparables à d’autres villes européennes (17,6 % à Brighton, au Royaume-Uni, 17,1 % à Lisbonne), « la part des séropositifs parmi les HSH âgés de moins de 30 ans atteint 6 %, soit un niveau plus élevé que dans les autres villes européennes », avertissent les auteurs de l’étude.

L’étude montre aussi des conduites à risques « assez fréquentes », avec près du tiers ayant eu au moins une relation non protégée (proportion qui grimpe à près des deux tiers chez les séropositifs) et une consommation fréquente d’une grande quantité d’alcool ou de substances psychoactives.

Chiffre « plus rassurant » en revanche, parmi les participants à l’étude porteurs du VIH, 91,9 % avaient déjà été diagnostiqués auparavant, dont 94,9 % suivaient un traitement, précise l’étude.

Ville emblématique de la lutte contre le sida, Paris est le fer de lance du mouvement international des villes pour mettre fin à l’épidémie d’ici 2030 en atteignant les cibles 90-90-90 de l’ONUSIDA qui combinent un objectif de diagnostic, un objectif d’accès aux traitements et un objectif de qualité du traitement.

La maire de Paris Anne Hidalgo, a souligné « Il faut tout faire combattre les discriminations et faire en sorte que chacun, dans le monde entier, ait accès à l’information, aux modes de protection,de dépistage et de soins qui lui conviennent. »

« Nous ne pouvons pas accepter qu’il y ait des personnes qui se sentent stigmatisées,discriminées, qui soient trop peu prises en compté dans les programmes de prévention et d’accès aux soins ». Ensemble, nous devons être mobilisés et vigilants, mais surtout acteurs au quotidien de la prévention en portant des messages justes et adaptés à chacun.

Paris sans SIDA/HIV n’est pas une utopie, c’est notre engagement communde Paris à Melbourne, de Mexico à Abidjan. C’est cet engagement qui s’affiche avec fierté, aujourd’hui, dans les rues de Paris.

Ensemble, nous devons nous mobiliser sans relâche pour que dans chaque ville, dans chaque quartier, dans chaque communauté, personne ne soit laissé de côté. Mettre fin à l’épidémie de sida est possible.

D’abord, globalement, on se rapproche des “objectifs 90-90-90”. Ceux-ci avaient été fixés en 2014 afin que dès 2020, 90 % des personnes porteuses du VIH soient informées de leur séropositivité, 90 % des personnes diagnostiquées séropositives bénéficient d’une thérapie antirétrovirale soutenue, et 90 % des personnes ayant accès à ce traitement soient viro-inactivées. Les nouveaux chiffres s’en rapprochent : 70 % des porteurs le savent, 77 % de ceux-là sont traités et 82 % des personnes traitées ont une charge virale supprimée.

Deuxième motif de satisfaction : même si un million de personnes sont encore décédées de maladies liées au sida en 2016, le nombre de morts a diminué de fondu de près de moitié en dix ans.

Enfin, troisième “top” : grâce à la solidarité mondiale (permettant notamment l’accès des femmes enceintes porteuses du VIH à des médicaments antirétroviraux), les nouveaux cas d’infection parmi les enfants ont diminué de 300 000 en 2010 à 160 000 en 2016.

Malheureusement, les avancées sont assez inégalement réparties sur le globe et la progression vers les “objectifs 90-90-90” restent trop timides dans certaines régions. C’est le cas au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi qu’en Europe de l’Est (+48 % de décès) et en Asie centrale (+38 % de décès). Les toxicomanies par injection représenteraient 42 % des nouveaux cas d’infection par le VIH dans cette dernière zone. On y est très loin des sept pays où la cible des trois fois nonante est déjà atteinte : Botswana, Cambodge, Danemark, Islande, Singapour, Suède et Royaume-Uni !

Second souci : le nombre de nouveaux cas d’infection diminue, certes, mais pas assez vite pour parvenir aux objectifs mondiaux (en particulier, à nouveau, en Europe de l’Est et en Asie centrale).

Enfin troisième “flop” : toutes les classes de population ne sont pas égales devant les progrès. Il apparaît ainsi, dans le rapport, que seulement 43 % des enfants porteurs du VIH ont accès au traitement antirétroviral contre 54 % d’adultes. Les 15-24 ans semblent, eux aussi, davantage laissés pour compte, tant au niveau de la prévention que du dépistage et du traitement. Et puis les hommes sont moins enclins que les femmes à connaître leur séropositivité et, du coup, à se soigner.

Pour mettre fin au sida, il manque 7 milliards de dollars par an sur les 26 milliards requis. De nouveaux modes de financement sont nécessaires et doivent être mieux ciblés. La taxe sur les transactions financières comporte un potentiel encore largement inexploité. En sus de son engagement local, la Mairie de Paris consacre chaque année 1,8 million d’euros à la lutte contre le sida en Afrique par un soutien à des organisations de la société civile. D’autres villes devraient suivre cette voie.

Aujourd’hui, 19,5 millions de personnes vivant avec le VIH à travers le monde ont accès aux thérapies antirétrovirales, mais un nombre équivalent en est privé. En Afrique de l’Ouest, seule une personne vivant avec le VIH sur trois reçoit un traitement. C’est inacceptable, d’où le plan de rattrapage inspirée par l’ONUSIDA et Médecins sans Frontières et développé par les pays de la région pour changer la donne. De même, alors que la nombre de nouvelles infections a reculé de 16% dans le monde depuis 2010, il a augmenté de 60% en Europe de l’est et en Asie centrale, où seules 28% des personnes vivant avec le VIH ont accès aux traitements.

Dans des pays où les populations clés sont laissées pour compte, où tous les outils de dépistage, de réduction des risques et de prévention ne sont pas disponibles, les villes et les élus locaux doivent prendre le leadership d’une réponse courageuse.

Sans traitement, les personnes infectées développent le sida, qui affaiblit le système immunitaire et expose aux infections opportunistes. La tuberculose était ainsi encore en 2016 la première cause de mortalité des personnes atteintes du VIH.

La région du monde qui a accompli le plus de progrès est l’Afrique australe et de l’Est, qui rassemble plus de la moitié des personnes séropositives et où beaucoup d’efforts ont été déployés. Les décès liés au sida y ont chuté de 42% depuis 2010 et les nouvelles infections ont reculé de 29%.

L’Onusida s’inquiète en revanche de l’explosion de l’épidémie en Europe de l’Est et en Asie centrale: le nombre de décès y a grimpé de 27% en six ans et le nombre de nouvelles infections a bondi de 60%. Le phénomène touche en premier lieu la Russie, mais aussi l’Albanie, l’Arménie et le Kazakhstan.

Le rapport souligne aussi que seulement 43% des enfants contaminés par le VIH ont accès aux antirétroviraux, contre 54% des adultes.

Il déplore également la stagnation des financements, avec 19 milliards de dollars disponibles fin 2016, alors qu’il faudrait trouver 7 milliards de plus, d’ici 2020.

« La réalisation mondiale des ‘trois 90’ d’ici 2020 est à la fois réalisable et accessible si l’on s’attaque avec détermination aux lacunes » pointées dans le rapport, juge toutefois l’Onusida.

Cet objectif consiste à ce que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que parmi elles, 90% soient sous traitement, et que parmi ces dernières, 90% aient une charge virale indétectable.

A fin 2016, ces proportions étaient de 70%, 77% et 82%, selon l’Onusida.
Pour que la situation continue à s’améliorer, Onu-sida avance notamment deux pistes. D’abord, “fournir des services plus près des habitations et des lieux de travail sera un facteur clé d’éradication” , pointe le rapport.

Autre considération inévitable : les ressources consacrées à la lutte contre le sida. “Nous estimons que 26 milliards de dollars US sont nécessaires pour la réponse mondiale au VIH d’ici 2020” , comptabilise Michel Sidibé d’Onu-sida. “Nous maximisons l’utilisation de chaque dollar disponible, mais il nous manque toujours sept milliards avant 2020.” Tel est le prix de l’éradication de l’épidémie en 2030 selon lui.

 

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