Le président des Etats-Unis Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un ont échangé une poignée de main ce 12 juin à Singapour, à l’occasion de leur sommet historique. Cette image forte fut longtemps inimaginable, tant les tensions ont été vives pendant des décennies entre les deux pays. Aucune information n’a néanmoins encore filtré sur d’éventuelles avancées concrètes sur le sujet-clé : la dénucléarisation de la Corée du Nord.
«Nous allons avoir de formidables relations», a par la suite lancé tout sourire Donald Trump, assis au côté de l’homme fort de Pyongyang. Jugeant que cette première rencontre était un «bon prélude à la paix», le jeune dirigeant nord-coréen a souligné que «le chemin pour en arriver là» n’avait pas été facile, mais n’a rien dévoilé de ses intentions sur le fond.
A l’issue de leur tête-à-tête d’une quarantaine de minutes, le président américain a fait part de son optimisme sur les discussions en cours, assurant qu’elles se passaient «très bien».
Mais la formulation de la déclaration commune reste très vague, en particulier en termes de calendrier, et s’en remet à des négociations ultérieures pour sa mise en oeuvre.
Le texte reprend de précédents engagements du régime nord-coréen, jamais mis en oeuvre, sans préciser que la dénucléarisation doit être «vérifiable et irréversible» comme le réclamaient avec force les États-Unis avant le sommet de Singapour.
«Kim Jong-un a réaffirmé son engagement ferme et inébranlable en faveur d’une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne», est-il écrit.
Malgré le retentissement médiatique du sommet, ses résultats tangibles, notamment sur le thème clef de la dénucléarisation, suscitaient des doutes, le journal japonais conservateur Sankei dénonçant un «reality show» et une déclaration commune «sans substance».
M. Kim s’est une nouvelle fois dit engagé en faveur de «la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne». Mais cette formule adoptée par Pyongyang est loin de correspondre aux exigences avancées depuis longtemps par les Etats-Unis, pour lesquels une dénucléarisation nord-coréenne, en plus d’être «complète», devra aussi être «vérifiable» et «irréversible».
Pyongyang a des raisons d’être satisfait de l’événement de Singapour, qui constitue un grand succès pour un régime très isolé, soumis à de lourdes sanctions internationales et désireux depuis longtemps obtenir une légitimité.
Donald Trump, qui a expliqué ne pas avoir fermé l’oeil «pendant 25 heures», a en particulier évoqué le potentiel touristique et immobilier de la Corée du Nord qui dispose, a-t-il tenu à souligner, de «très belles plages».
Il a martelé que les sanctions contre la Corée du Nord resteraient en vigueur tant que la «menace» des armes atomiques ne serait pas levée et réaffirmé qu’un départ des troupes américaines basées en Corée du Sud n’était pas, pour l’heure, à l’ordre du jour.
«C’est une énorme victoire pour Kim Jong-un, qui a fait un véritable coup avec son face-à-face avec le président», relève Michael Kovrig, de l’International Crisis Group (ICG) à Washington, soulignant que son père comme son grand-père «en avaient rêvé».
«Pour les États-Unis comme pour la communauté internationale, c’est un point de départ positif pour des négociations qui devraient être longues et difficiles», ajoute-t-il.
La Chine, le principal partenaire de la Corée du Nord, a salué le début d’une «nouvelle histoire».
De nombreux autres pays ont salué l’enclenchement d’un processus diplomatique, certes embryonnaire, mais qui éloigne la perspective d’un conflit.
L’arsenal nucléaire nord-coréen a valu à Pyongyang une impressionnante série de sanctions de l’ONU au fil des ans.
Pour convaincre la Corée du Nord d’y renoncer alors que le régime des Kim y a toujours vu une forme d’assurance-vie, Donald Trump s’est formellement et personnellement engagé dans le document commun à apporter des «garanties de sécurité». Elles seront «uniques» et «différentes» de celles proposées jusqu’ici, a promis Mike Pompeo.
«Le fait que les plus hauts dirigeants des deux pays soient assis côte à côte pour des pourparlers d’égal à égal a un sens important et constitue le début d’une nouvelle histoire», a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi.
«La Chine s’en félicite et apporte son soutien», a ajouté le ministre. «Il s’agit d’un objectif que nous avons espéré et pour lequel nous avons travaillé».
Pour la principale alliée de la Corée du Nord, il faut une «dénucléarisation totale», ainsi que le réclament les États-Unis, mais «en même temps, il faut qu’il y ait un processus de paix pour la péninsule (coréenne) afin de résoudre les préoccupations raisonnables de la Corée du Nord en matière de sécurité», a souligné le ministre, rappelant le «rôle important et tout à fait unique» de la Chine.
«Le seul fait que cette rencontre a eu lieu est, bien sûr, positif», a salué le chef de la diplomate russe Sergueï Lavrov.
«L’arrêt des actions provocatrices est une mesure essentielle en faveur de la baisse du niveau de tension dans la péninsule, en y créant une atmosphère de confiance», estime dans un communiqué le ministère russe des Affaires étrangères, qui appelle à «la création d’un mécanisme solide en faveur de la paix et de la sécurité».
L’intention de Kim Jong-un «de voir une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne a été confirmée par écrit. Je soutiens ce premier pas vers une résolution d’ensemble des questions concernant la Corée du Nord», a déclaré le premier ministre japonais Shinzo Abe.
Le document signé par Donald Trump et Kim Jong-un est un «pas significatif», a salué la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau, tout en doutant «que tout ait été atteint en quelques heures».
Elle a toutefois regretté le double standard appliqué par Washington, qui a récemment rejeté l’accord sur le nucléaire iranien. L’accord nucléaire conclu avec Téhéran «est respecté par l’Iran», alors que «signer un document avec Kim Jong-un qui est allé jusqu’à obtenir l’arme nucléaire, c’est pratiquement récompenser quelqu’un qui a été à l’encontre de tous les traités internationaux», a-t-elle estimé.
Le sommet de Singapour est «une étape capitale et nécessaire» vers une dénucléarisation, pour la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini. «L’objectif ultime (…) demeure la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne», objectif qui «peut être atteint», selon elle.
L’Agence internationale de l’énergie atomique se tient «prête à effectuer toute activité de vérification» sur les sites nucléaires nord-coréens si Washington et Pyongyang le demandent, a affirmé son secrétaire général Yukiya Amano, qui «salue» le résultat du sommet.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a jugé que le sommet historique était «une étape importante» dans la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Dans un communiqué, M. Guterres a appelé toutes les parties «à saisir cette opportunité historique» et il a une nouvelle fois offert l’expertise de l’ONU pour arriver au but affiché par le président américain: démanteler l’arsenal nucléaire de Pyongyang.
Le ministre des Affaires étrangères britannique «salue» la tenue d’un «sommet constructif».
«Kim Jong-un a peut-être fini par entendre le message que seul un changement de direction peut amener un avenir prospère et plus sûr pour les Nord-Coréens. Il y encore beaucoup de travail à faire et nous espérons que Kim continuera à négocier de bonne foi vers une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible», a-t-il déclaré.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a félicité mardi Donald Trump après sa rencontre avec Kim Jong-un et estimé que la politique des États-Unis portait aussi ses fruits sur le nucléaire iranien.
«Je félicite le président Trump pour le sommet historique de Singapour qui constitue un pas important dans les efforts pour dénucléariser la péninsule coréenne», a affirmé M. Nétanyahou dans une brève intervention à la télévision.
«Le président Trump a également adopté une position offensive contre la tentative de l’Iran de se doter de l’arme nucléaire et son agressivité au Moyen-Orient, ce qui a affecté déjà l’économie iranienne», a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a vu dans ce sommet «un premier pas dans la bonne direction». «Il est bon que la spirale d’escalade que nous avons vécue en 2017 soit interrompue» .
Ce processus «doit aboutir à la dénucléarisation entière, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord», a-t-il aussi jugé. «Pyongyang doit répondre aux inquiétudes de la communauté internationale».
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