Mireille Knoll, une octogénaire juive tuée la semaine dernière à Paris. Plusieurs milliers de personnes étaient présent pour l’événement.
Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux politiques et représentants de la société civile, ont défilé le 28 mars en mémoire de Mireille Knoll, octogénaire juive dont le meurtre a ravivé les inquiétudes sur l’antisémitisme en France.
Organisée à Paris par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en hommage à Mireille Knoll, octogénaire juive assassinée dans son appartement, une marche blanche a démarré le 28 mars à 18h30, depuis la place de la Nation, des milliers de personnes se sont jointes au cortège.
Dans le carré de tête, plusieurs ministres et secrétaires d’Etat avaient pris place, dont Gérard Collomb (Intérieur), Françoise Nyssen (Culture) et Jean-Michel Blanquer (Education). Des représentants de tous les partis, dont le délégué général de La République en marche (LREM) Christophe Castaner, le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez, le président du Sénat Gérard Larcher (LR), la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) et le secrétaire général du Parti communiste français (PCF) Pierre Laurent étaient également sur place.
D’autres rassemblements ont eu lieu à Marseille (environ 800 personnes), Strasbourg (700), Lyon (500), Nantes (200) et Bordeaux (200).
Mireille Knoll, qui avait échappé de justesse à la rafle du Vel d’Hiv’, a été « assassinée parce qu’elle était juive », victime du même « obscurantisme barbare » que le colonel Arnaud Beltrame, tué par le jihadiste de l’Aude, a déclaré Emmanuel Macron lors de l’hommage rendu au gendarme aux Invalides.
De nombreuses personnalités politiques ont réussi à se faire une place dans une ambiance beaucoup plus calme, mais Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, leader de la France insoumise et du Front national, ont été exfiltrés de la marche blanche.
« L’antisémitisme, aujourd’hui, n’est pas l’affaire des juifs, c’est l’affaire de la France », avait souligné Francis Kalifat, le président du Crif. Mais si ce dernier a appelé « l’ensemble des Français » à se déplacer à cette marche blanche, la présence de certaines personnalités politiques n’a pas manqué d’assombrir le tableau, avant même le début du rassemblement.
François de Rugy, président de l’Assemblée nationale, a assuré que « tous les responsables politiques ont leur place » dans ce rassemblement.
« Le sujet de la manifestation, c’est pas moi. C’est cette femme assassinée par des violents et des barbares et la nécessité de montrer que toute la communauté nationale serre des rangs ». « Le reste, c’est vraiment un épiphénomène », a déclaré M. Mélenchon à la presse.
« Que chaque juif sache qu’il est sous la protection de la communauté nationale, voilà ce qui est important », a insisté M. Mélenchon.
Marine Le Pen a également été contrainte de quitter le cortège sous les invectives. La présidente et les élus du Front national ont ensuite rejoint la manifestation, mais à bonne distance du cortège, entourés par des forces de l’ordre et par leurs propres services.
« Ca fait des années que nous dénonçons et luttons contre l’antisémitisme islamiste. Nous avons donc particulièrement notre place ici ». « Le Crif ne représente que lui-même », à déclaré Mme Le Pen.
Daniel, fils de Mireille Knoll. « Si nos amis chrétiens, musulmans, noirs, protestants, si tout le monde vient… Ce sera montrer au monde qu’on n’est pas prêt à se résigner à la barbarie, d’où qu’elle vienne. En 2018, c’est inadmissible qu’on tue une vieille femme parce qu’elle est juive. Ce serait la même chose si elle avait été chrétienne. C’est inacceptable ».
Le Premier ministre Edouard Philippe avait appelé à l’unité, jugeant que « lorsqu’il s’agit de lutter contre l’obscurantisme ou contre l’antisémitisme ou contre le fanatisme, tout ce qui rassemble grandit ».
Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, présent dans le cortège, avait qualifié de « pitoyable » la position du Crif « parce que, quand on organise une marche pour la tolérance, pour le respect, on invite tout le monde ».
L’ancienne garde des Sceaux Rachida Dati (LR) s’était quant à elle dite « choquée » sur BFMTV-RMC par la position du Crif, estimant que cette marche « ne (lui) appartenait pas ».
A l’inverse, le maire LR de Nice Christian Estrosi a soutenu sur France 2 le Crif: « Il faut respecter ceux qui constituent l’autorité ».
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a souhaité sur RMC que la marche soit un « moment d’unité puissant » comme pour le gendarme Arnaud Beltrame.
Le Crif devait organiser après la marche une cérémonie de recueillement dans une synagogue parisienne en mémoire de la disparue.
Mireille Knoll, 85 ans, a été poignardée le 24 mars dans son appartement avant que ses assassins ne mettent le feu à son logement.
Dans le cadre de l’enquête, deux hommes ont été mis en examen et écroués mardi pour « homicide volontaire » à caractère antisémite. La justice a retenu le caractère antisémite notamment parce que les deux hommes mis en examen connaissaient la religion de la victime.
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