Ce lundi 23 janvier place de la Nation à Paris, une manifestation s’est tenue à l’appel du “Collectif pour la survie de la boulangerie et de l’artisanat”.
La hausse du coût de l’énergie se fait tout de même ressentir par les boulangers, qui a vu le prix du mégawattheure passer de 110 euros l’année dernière, à 310 euros au mois de décembre.
Les boulangers, fragilisés par la hausse des prix de l’énergie, se disent menacés de fermeture et multiplient les appels à la mobilisation contre un bouclier tarifaire qu’ils jugent insuffisant.
Si on les voit très rarement dans les rues, les boulangers de France ont été depuis 1947 à l’avant-garde de nombreuses mobilisations et grèves, luttant pour défendre leurs intérêts économiques et sociaux, mais aussi ceux des autres.
Les boulangers ont été entendus. Elisabeth Borne a annoncé le mardi 3 janvier, sur Franceinfo que les boulangers, mis en difficulté par la flambée des prix de l’énergie, pourront « demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales » pour soutenir leur trésorerie.
Les professionnels de la boulangerie ont ensuite été reçus à Bercy dans la matinée par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée aux petites et moyennes entreprises, Olivia Grégoire, afin d’« échanger sur les conséquences de la crise énergétique ».
En outre, début décembre, Bruno Le Maire a déjà annoncé le prolongement à 2023 des mesures de soutien aux entreprises pour le paiement de leurs factures d’énergie. Il avait ainsi indiqué que le « guichet électricité » prévu par le gouvernement pour aider les petites entreprises serait maintenu alors qu’il devait initialement s’arrêter fin 2022. Il est complété par l’entrée en vigueur en 2023 de l’« amortisseur électricité », un énième dispositif de soutien prenant en charge une partie des dépenses énergétiques des entreprises.
Il faut sauver le boulanger. Malgré les dernières annonces du gouvernement pour tenter d’apaiser la situation, avec l’instauration de nouvelles aides à l’énergie pour les TPE et PME, et l’instauration d’un nouveau tarif pour 2023 pour les très petites entreprises, les artisans boulangers se trouvent dans une situation compliquée face à la flambée des prix de l’énergie.
Ainsi, ils était nombreux dans les rues de Paris ce lundi pour répondre, notamment, à l’appel du “Collectif pour la survie de la boulangerie et de l’artisanat”. Et si cette mobilisation paraît singulière, tant la profession se faire rare sur le bitume, l’histoire démontre que les boulangers de France ont été à l’avant-garde de nombreuses mobilisations et grèves.
Tous les dix ans un boulanger se bat pour sauver sa boulangerie
La grève des boulangers parisiens est à l’origine de la grève SNCF, déclenchée le 2 juin 1947 dans les ateliers de Villeneuve-Saint-Georges par “quelques ouvriers qui n’avaient pu se procurer le pain de leur casse-croute”. La France subit alors de graves pénuries alimentaires qui causent une inflation atteignant 60 % sur l’année. C’est le lancement du plan Marshall.
En 1955, on recense environ 55.000 boulangers pour 43,6 millions d’habitants. Les instances professionnelles déplorent la politique d’écrasement du prix du pain et les faibles marges. Si certaines subsistent, 1/4 des boulangeries sont en dessous du seuil de rentabilité. Les grèves de cette époque ont également été motivées par des revendications salariales et des demandes d’amélioration des conditions de travail.
Les années 1970 ont vu l’émergence de nouveaux enjeux, notamment la concurrence de la grande distribution et de la boulangerie industrielle, qui a entraîné une baisse de la demande pour le pain artisanal. Les boulangers ont répondu en se regroupant en coopératives et en se mobilisant pour défendre leur profession, mais entre 1968 et 1975, 6786 boulangeries artisanales disparaissent.
Les années 1980 et 1990 ont été marquées par la crise économique et les réformes structurelles qui ont eu un impact sur l’industrie de la boulangerie.
À l’initiative de la profession, l’appellation “pain de tradition française” a d’ailleurs vu le jour à travers le décret n°93-1074 du 13 septembre 1993. L’objectif : créer une norme pour la fabrication de la baguette de tradition française et lutter contre la concurrence de la grande distribution.
En 2020, les boulangers ont été touchés par la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, qui a entraîné une hausse des coûts des matières premières et des charges sociales. Les boulangers ont organisé des mobilisations et des grèves pour protester contre ces hausses, demandant une aide financière pour faire face à ces coûts supplémentaires et des mesures pour protéger les emplois dans l’industrie de la boulangerie.
Ce fut d’ailleurs le cas en 1947 et 1995, les grèves ont permis aux boulangers de maintenir leur position sur le marché et de préserver leur savoir.
Si les énergéticiens ne rentrent pas dans le rang, « on peut toujours prélever davantage sur les fournisseurs d’énergie que ce que nous faisons aujourd’hui », a menacé Bruno Le Maire après des mois de débats enflammés autour de sup. Dans le budget pour 2023, le gouvernement a, en effet, mis en place un mécanisme qui doit lui permettre de collecter une partie de la « rente » des énergéticiens et lui rapporter, selon ses estimations, 11 milliards d’euros.
Les boulangers de France ont été à l’avant-garde de nombreuses mobilisations et grèves depuis 1950, luttant pour défendre leurs intérêts économiques et sociaux face à des défis tels que la concurrence de la grande distribution, la crise économique et les réformes structurelles.
Si le gouvernement ne trouve pas de solutions et n’aide pas les boulangers, nous risquons d’avoir le même sort qu’en 1947, de graves pénuries de pain.
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