GABRIEL MIHAI
Le Premier ministre roumain Sorin Grindeanu a annoncé samedi l’abrogation du décret assouplissant la législation anticorruption qui a provoqué plusieurs jours de manifestations d’une ampleur inédite dans le pays depuis la chute du communisme.
Le Parti social-démocrate (PSD) au pouvoir en Roumanie, confronté depuis plusieurs jours à une contestation populaire inédite, a évoqué pour la première fois samedi la possibilité d’abroger le décret assouplissant la législation anticorruption, avec en toile de fond de nouvelles manifestations contre cette mesure prise par le gouvernement.
«On peut éventuellement parler d’abroger l’ordonnance si le Premier ministre l’accepte», a déclaré Liviu Dragnea, le chef du PSD, dans un entretien avec le site Internet d’information roumain DC News. Il s’est montré prêt, ce qu’il n’avait pas fait jusqu’alors, à des concessions dans la confrontation avec les détracteurs du décret.
Liviu Dragnea, qui passe pour exercer une influence décisive sur le Premier ministre Sorin Grindeanu en poste depuis un mois, a ajouté qu’il allait «proposer une solution pour éteindre le conflit». Mais n’a pas précisé quand aurait lieu sa rencontre avec Sorin Grindeanu.
«Je ne pourrai plus retenir la pression des organisations qui dépendent du PSD et qui peuvent faire descendre dans la rue près d’un million de personnes», a expliqué le chef des sociaux-démocrates jusqu’alors inflexible. Liviu Dragnea a de nouveau mis en cause «une campagne de désinformation».
Jusqu’ici, le gouvernement de Sorin Grindeanu avait fermement exclu d’abroger le décret, même si des dissensions sont apparues parmi les ministres jeudi avec la démission de l’un d’entre eux et avec l’appel du vice-président du PSD à retirer la directive.
Des dizaines de milliers de personnes ont à nouveau défilé samedi après-midi dans les rues de Bucarest pour une marche vers le parlement. Ce symbole d’une démocratie que les protestataires jugent actuellement bafouée par le décret pris d’urgence mardi dernier.
«Le gouvernement veut légaliser la criminalité en col blanc, qui est la plus insidieuse», s’insurgeait un employé de banque sur la place Victoriei de Bucarest, l’épicentre de la contestation. Les manifestants ont fait résonner les vuvuzelas et les sifflets tout en entonnant l’hymne national, «Eveille-toi Roumain».
Ces marches ont quotidiennement rassemblé quelque 280.000 personnes dans tout le pays.
«Aucun gouvernement ne peut résister à de telles manifestations», pronostique le politologue Cristian Parvulescu. Ce dernier estime que le gouvernement «a perdu sa légitimité». «Abroger le décret ne résoudra pas le problème et ne mettra pas fin à la crise», dit-il.
L’assouplissement de la loi anticorruption fait craindre un retour en arrière alors même que, sous la pression de l’Union européenne et de magistrats très offensifs, des centaines de dossiers sur des malversations ont été instruits ces dernières années, marquant ainsi un tournant pour la justice roumaine.
Autre lueur d’espoir pour les opposants: le défenseur des droits a annoncé vendredi contester devant la Cour constitutionnelle le décret qui doit normalement entrer en vigueur vendredi prochain. Le président roumain de centre droit Klaus Iohannis et le Conseil supérieur de la magistrature l’ont également saisie.
« Demain, nous nous réunissons pour abroger ce décret », a annoncé le chef de gouvernement social-démocrate lors d’une déclaration publique, affirmant qu’il ne souhaitait pas « diviser la Roumanie » où des centaines de milliers de personnes ont manifesté quotidiennement depuis l’adoption de ce texte, mardi.
Les Roumains continuent de descendre dans la rue jour après jour, pour que le gouvernement sera rejeté.
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