À 63 ans, sa voix racée est la même que celle de Charles Aznavour. Et pas uniquement lorsqu’il chante ! Patrick Zian a décidé de faire de cette particularité son métier. Depuis trente ans, il est le sosie vocal de son idole et en vit très bien. Lui qui n’a jamais cherché à avoir une quelconque notoriété, aurait simplement souhaité être reconnu dans ce qu’il faisait, Il suffit de l‘écouter pour comprendre qu’il n’est pas un opportuniste qui surfe sur une vague. Alors, mise en lumière sur ce « formi formidable » chanteur au talent incontesté, qui mérite vraiment d’être connu.
Impact European : Qu’est-ce qu’un sosie vocal ?
Patrick Zian : C’est une personne qui a la même voix en parlant qu’en chantant qu’une personne connue.
IE : Quelle différence avec un imitateur ?
PZ : L’imitateur va modifier sa voix pour prendre celle de celui qu’il imite. Il va travailler dur pour être dans la même diction que le vrai interprète.
IE : Avez-vous découvert votre don ou l’avez-vous travaillé ?
PZ : Je l’ai découvert grâce à des personnes qui me disaient qu’il y avait un mimétisme qui se créait lorsque je chantais du Aznavour. À force d’entendre « T’as la même voix qu’Aznavour », j’ai décidé d’en faire quelque chose.
IE : Qu’est-ce qui vous a conduit à devenir sosie vocal ?
PZ : La passion. Elle a pris le dessus et j’en ai fait mon métier.
IE : Depuis quand en avez-vous fait votre métier ?
PZ : Professionnellement, cela fait trente ans. Sinon, cela fait plus de quarante-cinq ans que je chante Aznavour.
IE : Que faisiez-vous avant ?
PZ : J’étais commercial. Je vendais des alcools pour la société Berger, le concurrent de Ricard.
IE : Vous avez tout arrêter du jour au lendemain pour vous consacrer à Charles Aznavour ?
PZ : En quelque sorte à la suite de la perte de mon travail. Avec mon épouse, nous venions d’acquérir une maison. Nos enfants étaient en bas âge. Qu’est-ce que j’allais faire ? Je ne voulais pas me mettre au chômage. Avec le soutien de ma femme, j’ai alors acheté du matériel pour me lancer. Ce n’étaient plus des bouteilles que je vendais, mais moi.
IE : Pourquoi Charles Aznavour ?
PZ : Parce j’aime le personnage et que j’aime ce qu’il faisait.
IE : Comment se sont passés vos débuts ?
PZ : Ils ont été difficiles. Pour me faire la main, j’ai commencé par faire des animations chez des amis ; amis qui m’ont orienté vers des sociétés, des restaurants. Des restaurants, je suis passé aux mariages et aux anniversaires. Merci d’ailleurs à la famille Weill, à M. Youyou et à Gérard et à Patrick Pariente… chez qui j’ai fait des soirées privées qui m’ont permis, de fil en aiguille, de me faire connaître. J’ai appris mon métier sur le tard, au fur et à mesure.
IE : Avez-vous fait du cabaret ?
PZ : Oui. Mais j’en en fait vite le tour du fait qu’on me disait « Et maintenant tu vas nous proposer quoi ? Et moi de leur répondre « Bah, on recommence ». Mais pour eux, c’était ringard.
IE : N’êtes-vous pas lassé de chanter du Aznavour ?
PZ : Absolument pas. C’est du plaisir, de la volonté et de la hargne. J’ai toujours la niaque. C’est plaisant et tellement jouissif de voir dans le regard des gens le trouble qui en ressort et d’y lire « Mais ce n’est pas lui qui chante ? ». Les gens sont surpris et ne s’attendent pas à ma voix. C’est pourquoi je me permets de parler sur les chansons pour qu’ils se rendent compte que c’est bien la mienne.
IE : Qu’est-ce que le fait de le chanter représente pour vous ?
PZ : C’est une évasion, un bonheur que je partage. Je me considère comme un prêcheur qui veut diriger la bonne parole. Je ne suis que la continuité de ce que Aznavour a écrit.
IE : Quel artiste était Charles Aznavour pour vous ?
PZ : Aznavour était un deuxième papa. Quand il nous a quittés, je venais d’enterrer mon propre père. Je suis parti en larmes. Aznavour faisait et fait toujours partie de moi. Il est ma vie.
IE : L’avez-vous rencontré ?
PZ : Oui, à deux reprises. C’était lorsque j’ai sorti deux albums avec ses chansons. Avant de les mettre en vente, je voulais, par respect pour l’artiste, avoir son autorisation. À l’époque, ses bureaux étaient rue Rossini à Paris. Je m’y suis rendu à l’improviste. Alors qu’il aurait dû se trouver au Portugal, la chance a voulu qu’il soit là.
IE : Quel sentiment avez-vous alors ressenti ?
PZ : Je tremblais. J’étais devant mon idole. Je n’arrivais pas à aligner deux mots. Je perdais tous mes moyens. Ma femme ne me reconnaissait pas. Il m’a tenu la main pendant un quart d’heure.
IE : Que vous a-t-il dit ?
PZ : « C’est vous Patrick Zian ? Si vous ne changez rien à la musique, ni aux paroles, vous avez ma bénédiction ». Il me l’a accordée et moi, j’ai toujours respectée ma parole d’homme envers lui. Je n’ai jamais changé ni parole, ni musique. Je m’y tiens, un point c’est tout.
IE : Le fait que des gens l’imitent l’honorait-il ?
PZ : Non. Il disait « Ça sert à quoi que les gens chantent comme moi puisque je suis encore là ! »
IE : Justement, vous l’avez chanté pendant qu’il était encore parmi nous. Maintenant qu’il ne l’est plus, quelle différence cela fait pour vous ?
PZ : Pour moi, aucune. Ce sont les autres qui en font une.
IE : Si je vous dis Jean-Baptiste Guégan …
PZ : Il est à Johnny ce que je suis à Aznavour. Contrairement à lui, je veux rester physiquement celui que je suis. Je suis Patrick Zian avant tout.
IE : Qu’elle est pour vous la plus belle chanson du répertoire d’Aznavour ?
PZ : Elles sont toutes belles. Chaque jour, ma préférence tant vers une différente. Cela dépend de ce que la vie nous réserve. On s’approprie les chansons d’Aznavour selon ce que l’on vit.
IE : Qu’elles sont celles qui vous sont le plus plébiscitées ?
PZ : « La bohème », « Hier encore » et « Emmenez-moi ».
IE : Pourquoi n’avoir concentré votre talent que sur une seule voix ?
PZ : Je suis sosie vocal d’Aznavour. Ma voix est celle d’Aznavour. Comme je parle, je chante. Mais je suis avant tout un chanteur. J’ai donc aussi la faculté d’aller chanter des chansons d’autres interprètes. Pour le coup, je suis dans l’imitation. C’est un autre plaisir.
IE : Quelles sont alors ces autres voix que vous avez à votre actif ?
PZ : Joe Cocker, Johnny Hallyday, Gilbert Bécaud, Ray Charles, Eddy Mitchell…
IE : Travaillez-vous votre voix ?
PZ : Non. Je ne travaille que la diction. Elle est très importante.
IE : Quel est votre mode de fonctionnement ?
PZ : J’écoute que les chansons que j’aime, qui ne me sont pas imposées.
IE : Chantez-vous qu’en français ?
PZ : Non. Je chante aussi en italien, en hébreux, en espagnol et en anglais.
IE : Zian est-il votre véritable nom ?
PZ : Non. Pour l’anecdote, lorsque j’ai rencontré Aznavour, il m’a dit « Vous ne vous appelez pas Zian. Vous êtes israélite, parce que Zian n’est pas un nom arménien, mais une terminaison ». Il avait raison bien sûr. À mes débuts, lors d’un mariage arménien que j’animais à Maison Alfort, j’avais à côté de moi un monsieur qui s’appelait Papazian. J’ai eu un déclic. Mon deuxième prénom étant Patrick, je me suis dit que Patrick Zian ça sonnait bien. C’est ainsi qu’il est devenu mon pseudonyme officiel.
IE : Quels sont vos projets ?
PZ : Tout de suite, c’est de partir en vacances ! (Rires). En dehors de mes galas, je travaille sur un projet avec le répertoire de Charles Aznavour entouré de musiciens, qui, je l’espère, se concrétisera sur la scène d’une grande salle parisienne…
IE : Que peut-on vous souhaiter ?
PZ : Que je continue à faire ce que je fais et d’y prendre du plaisir.
Patrick Zian chante Aznavour, en gala :
- le 28 septembre à partir de 20h00 Chez Françoise aux Invalides à Paris – Réservations : 01 47 05 49 03
- le 10 octobre à la salle Georges Brassens à Vigneux-sur-Seine (91) – Réservations : 06 07 46 77 70
- le 09 novembre à partir de 20h00 au Moulin vert à Limeil Brévannes (91) – Réservations : 06 08 74 38 59
- le 31 décembre à partir de 20h30 à la Closerie de Claye Souilly (77) – Réservations :0 631 98 30 18
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